Chapitre 47

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   Je fis une petite pause le temps d'avaler ma salive et de réaliser ce que j'allais leur demander.

"J'ai besoin d'aide pour vaincre les Vaëlirs. Est-ce que vous pourriez faire en sorte de rallier le plus d'Indignes possible à cette cause ? Les sentinelles toutes seules ne suffiront jamais, et puis je pense que les anciennes sentinelles n'auront pas trop de mal à se remettre au combat. S'il vous plaît, c'est tout ce que je demande. Je sais que c'est beaucoup mais c'est important, pour le bien de tous."

   En quelques phrases, je venais de faire redescendre toute l'ambiance joyeuse de la soirée. Mais l'idée m'était venue d'un coup, comme ça, et je devais saisir cette opportunité. Le sourire de Claire avait disparut, elle qui avait l'air de ne jamais s'en départir au vu des rides d'expression autour de ses yeux. Cody et son père me dévisageaient avec sérieux. Personne ne répondait. Bon. J'avais peut-être été un peu trop frontale. Avant d'exposer ma brillante idée j'aurais peut-être dû attendre plus qu'une soirée où on apprenait à faire connaissance. Enfin, quelqu'un brisa le silence et ce fut Claire qui sen chargea:

"Emma, je ne suis pas sure que ce sera possible...

-Je comprends mais dîtes-vous bien que je fais ça pour le bien de tous.

-Le problème n'est pas de se battre. Le problème c'est que tout le monde aura l'impression de le faire pour le Conseil, d'aider un gouvernement et des citoyens qui les ont rejetés et dénigrés quand ils avaient besoin de soutien.

-Mais je pourrai expliquer à tous ces Sorciers que ce n'est pas pour les autres qu'ils se battent mais pour eux-mêmes. C'est pour protéger leur famille et tous les êtres qui leur sont chers. C'est pour éviter de se faire envahir par une espèce sanguinaire qui ne songe qu'à nous tuer. C'est pour tuer le chef des Vaëlirs. Nous avons besoin de toutes nos forces, on doit avoir un front uni pour faire face à nos ennemis. On réglera les différends après."

   Mon discours enflammé leur donnait matière à réfléchir. Je voyais bien qu'ils voulaient aider mais en même temps ils ne voulaient pas passer pour des traîtres auprès des leurs. Et c'est ce pour quoi ils passeraient si je n'arrivais pas à convaincre les autres Indignes qu'ils ne faisaient pas cela pour le Cosneil des Sorciers.

"Nous avons plus ou moins un chef officieux qui dirige les Indignes. Je lui expliquerai ta proposition et on verra ce qu'il en pense, m'assura le père de Cody. Toutefois, je ne te garantis rien, sois-en consciente. Et même si il accepte, tu devras probablement faire face à une foule d'Indignes en colère.

-Je n'en attends pas moins, c'est une réaction logique. Je vous remercie d'avance et j'espère que ce fameux chef acceptera. Ensuite ce sera à moi d'être convaincante."

   Jetant un œil à ma montre, je constatai qu'il était vraiment très tard et me levai de ma chaise.

"Je dois vraiment y aller maintenant, j'ai du trajet à faire et demain nous avons cours. J'ai passé une très bonne soirée et le repas était divin Claire. Cody, on se voit demain. "

   La petite famille m'accompagna jusqu'à la porte et je sortis dans le petit village. Il aurait été plus simple de me faire accompagner par mon ami pour retrouver mon chemin mais je n'avais pas osé demander encore une autre faveur. Je retrouvai les escaliers sans mal mais je n'en fus pas rassurée pour autant. Je n'avais pas eu de mal à oublier la descente stressante durant le repas, mais maintenant que je devais remonter les escaliers, j'étais moins tranquille. Cet endroit était vraiment lugubre. J'avais l'impression d'entendre de petits bruits de frottement, des pas précipités ou encore des couinements. Et puis il y avait ce froid anormal, accompagnée de cette noirceur d'encre. Encore une fois, j'allumai une flamme dans ma main pour ne pas me prendre les pieds dans les marches. J'accélérai le pas mais je ne voyais toujours pas la fin de ces marches. Des formes abstraites se cachaient parmi les ombres, m'épiant de leurs yeux insistants. Je sentais leur regard sur moi, et même leurs doigts qui tentaient de me tirer vers l'arrière pour ne pas que je m'échappe. Bientôt, je courais dans les escaliers, cherchant désespérément la fin de cet enfer. Enfin, le noir des ombres devint gris, me laissant deviner des sources de lumières plus loin. Je courai encore plus vite, me ruant vers la sortie.

EnchanteresseWhere stories live. Discover now