Chapitre 7

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  Les conversations allaient bon train autour de la tablée et la bonne humeur flottait dans l'air, semblable au plus doux des parfums. C'était incroyable, tout le monde s'entendait à merveille, et pas seulement à la table où je mangeais. La salle entière était plongée dans une ambiance des plus agréables. J'étais en train d'engouffrer mon repas tellement j'avais faim. Nos carottes et nos pâtes à la tomate nous avaient été servies par des personnes en tenue sombre que j'imaginais être des indignes comme les surnommait Elléana. Les gens ne prenaient même pas la peine de leur adresser un regard, aux yeux des sentinelles les serviteurs n'existaient pas. Je ne comprenais absolument pas pourquoi on les traitait d'une telle manière. Qu'avaient'ils bien pu faire pour être traités de la sorte? 

  Je gardais mes questions pour plus tard et continuais d'observer partout autour de moi. Cet endroit était si convivial! Je revins à la discussion de notre table lorsque je me rendis compte que l'on me posait une question.

"Pardon mais je n'ai pas entendu ce que tu me disais, dis-je à Fatouma tout en rougissant, légèrement embarrassée.

- En fait je voulais savoir ce que c'était que de vivre avec les humains. Tu aimais ta vie d'avant? Et tes parents ils sont humains? Tu as des frères et sœurs? Tu vivais où?"

  Je me tortillai sur ma chaise, mal à l'aise. On ne peut pas dire que j'avais vraiment aimé vivre dans la société humaine. Enfants, adolescents ou adulte ils étaient tous les mêmes. Ils n'acceptaient pas la différence. Même mes propres parents. Je me rappelle d'une fois où j'avais eu la vision de mes parents qui se disputaient. 

  C'était peu avant que je ne commence à prendre mes médicaments et ne commence à aller voir mon psy. Ma mère criait sur mon père en lui disant que j'avais un problème, que j'étais folle et qu'ils devaient faire quelque chose. Mon père lui, prenait ma défense en disant que j'étais encore jeune et qu'étant un peu solitaire, je disais surement des âneries pour qu'on s'intéresse à moi. Dans ma vision je voyais la scène se dérouler sous mes yeux. Quand le soir je m'étais couchée dans mon petit lit douillet je n'avais pas voulu croire que mes parents me feraient ça. J'avais foie en eux, ils m'aimaient et il était tout simplement impossible qu'ils me fassent cela. Pourtant lorsque quelques mois plus tard, je rentrais de l'école pressée de rentrer à la maison pour goûter, je m'étais stoppée net en entendant les cris de mes parents alors que j'ouvrais la porte. Ils ne m'avaient même pas entendue, trop occupés qu'ils étaient à s'engueuler.

  Je chassai ce mauvais souvenir de mes pensées et répondis à Fatouma avec une voix aussi enjouée que possible mais pas trop quand même, il fallait que ce soit crédible. 

"Eh bien mes parents sont humains en effet et je n'ai pas de frères ni de sœurs. Jusqu'à mes 18 ans j'ai vécu dans une petite ville de l'Oklahoma, aux Etats-Unis et depuis un an je vis en Australie pour y faire mes études. Ma vie n'a rien d'exceptionnel elle est la plus banale qui soit."

  J'avais répondu à ses questions tout en restant évasive. Je n'avais pas envie de parler de moi, écouter les autres me suffisait largement. Je laissai un sourire timide ourler mes lèvres en voyant qu'ils ne m'en demandaient pas plus, bien qu'ils me regardent tous comme si j'étais une extraterrestre. Nous continuâmes à manger dans la bonne humeur.

  Bientôt, l'heure de reprendre notre entrainement sonna et les apprentis se télétransportèrent tous vers l'Arène. Boucle d'or se chargea de m'y conduire à pied pour que je visite un peu le bâtiment. Je ne fis pas vraiment attention, trop concentrée à me demander ce que j'allais bien pouvoir apprendre à faire grâce à la magie. Je n'avais pas l'impression qu'il y avait une seule once de magie ou d'un quelconque pouvoir en moi mais j'avais très hâte de voir de quoi j'étais capable. En arrivant nous découvrîmes que tout le monde était déjà présent, aligné devant notre professeur. Nous marchâmes silencieusement jusqu'à la ligne formée et nous plaçâmes à l'une de ses extrémités.

EnchanteresseWhere stories live. Discover now