Chapitre 9

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  J'observai les différentes réactions des sorciers constituant le Conseil. Un large sourire éclaira brièvement le visage de la Conseillère Numa. Le conseiller Nathaniel hocha la tête, comme pour s'il prenait note de mon souhait. La conseillère Izianna braqua sur ma personne son regard de glace, empli de promesses de souffrances toutes plus terribles les unes que les autres. Quant au père de Heïtan, il me lança un regard d'avertissement, comme pour me dire qu'il me laissait une chance de renoncer, à condition que je le fasse maintenant, de suite. Bien entendu, il était hors de question que je retire ce que j'avais dit. 

    Lorsque mes yeux se posèrent sur le doyen du Conseil, celui-ci me regarda droit dans les yeux, ses lèvres esquissant un sourire chaleureux. Il me sembla que son regard─ qui renfermait sûrement toute la sagesse du monde─ s'illumina d'une lueur de... fierté? Cette émotion fugace avait été tellement vive que je ne sus pas si je l'avais imaginé ou non. 

  Le Conseil se mit à débattre à voix basses, chacun d'eux donnant son avis sur cette affaire pour le peu inhabituelle. Je ne sais pas combien de temps cela dura, cela me parut prendre des heures , mais quand le conseiller Landro annonça enfin, le visage impassible, qu'ils avaient délibéré il me sembla que le temps était passé bien trop vite. Mon cœur battait la chamade. J'avais peur de la décision qu'ils allaient prendre car quelle qu'elle soit, les conséquence qui en découleraient seraient irréversibles. Si j'intégrais cette étrange société secrète qu'était celle des sorciers, je devrais arrêter mes études et je ne pourrais plus jamais mener une vie normale parmi les humains. En revanche, si on me refusait le droit de devenir une sentinelle, je ne sais pas ce que l'on ferait de moi. J'avais été mise au courant de bien trop de choses pour être relâchée dans la nature comme ça. Et même en imaginant que ce soit le cas, je n'arriverais sûrement jamais à reprendre le cour de ma vie en toute normalité. Interrompant mes pensés, je m'obligeai à me reconcentrer sur la décision du Conseil des Sorciers. 

"Après moult débats, le Conseil s'est accordé pour que vous serviez et intégriez la société des sorciers et le monde surnaturel. Nous déciderons de votre tuteur officiel plus tard dans l'après-midi et vous en ferons part dès que possible" me dit aimablement le conseiller Landro qui finit sa déclaration en clamant "la séance est levée". 

  Tout à coup ce fut la cohue totale, tout le monde s'était levé en même temps, se ruant vers l'extérieur comme si leur vie en dépendait. Tout ce beau monde était resté assis là, bien sagement,durant des heures et maintenant ils fuyaient cette salle comme si ils avaient la mort à leurs trousses. Je rejoignis lentement ma place dans les rangs du fond, et m'y assis. Je restai là plusieurs minutes, à regarder dans le vide. J'étais tellement soulagée que le verdict soit celui que je vive parmi les sorciers, ces êtres surnaturels aux pouvoirs extraordinaires. En y pensant, j'étais étonnée de la vitesse à laquelle j'avais accepter l'impensable: la magie existait bel et bien. J'étais terriblement nerveuse (dans le bon sens) à l'idée d'en apprendre plus sur mes origines. Une question étrange m'effleura bientôt l'esprit.

Est-ce que mon père et ma mère étaient bien mes parents biologiques?

  Après tout comment auraient-ils pu l'être alors qu'à priori ils ne connaissaient pas l'existence de la communauté des sorciers? De plus ils m'avaient toujours cru folle, moi qui disait voir des choses invisibles aux yeux de tous. Il m'était tout simplement impossible d'envisager, ne serait-ce une seule seconde, que mes parents étaient sorciers. Est-ce que cela voulait dire pour autant que mes parent n'étaient pas mes géniteurs? 

  Mes pensées se dispersèrent lorsque Elléana me dit de la suivre. Nous sortîmes de la salle des audiences à pied, puis Elléana nous télétransporta dans un petit salon très chic. Une table basse en verre aux moulures de bois clair trônait au centre de la pièce, entourée de plusieurs canapés et fauteuils. Les divans au style du XVIII°siècle étaient unis dans les tons de beige, tandis que des coussins verts d'eau reposaient dessus. Les fauteuils bergères se fondaient parfaitement dans le décor au vu de leurs motifs reprenant les couleurs des sofas. Le sol était couvert d'une moquette duveteuse dans laquelle mes chaussures s'enfonçaient. Elle couvrait la quasi totalité du sol, mais s'arrêtait devant une barrière de métal forgé. Cette dernière était situé devant une magnifique cheminée en marbre sculpté, un marbre blanc veiné de gris très clair. 

EnchanteresseWhere stories live. Discover now