Chapitre 20

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   La fin de semaine passa si vite que je ne m'en rendis pas compte. Nous étions donc Samedi, jour de repos tout comme le dimanche. J'étais soulagée que nous ayons nos weekends chez les sorciers tout aussi bien que chez les humains. Je n'aurais jamais pu faire plus de cinq jours d'entraînement intensif à la suite.

   Je devais rejoindre mes amis pour 14 heures et il était déjà 13 heures 20 passées. Je devais me dépêcher de me mettre en route si je voulais arriver à l'heure. Par chance, l'un des livres donnés par Dame Fugalligi possédait un plan de la ville. L'arbre géant y était représenté avec les différents niveaux puis chaque niveau était à son tour dessiné avec ce dont il était constitué. J'y avais jeté un rapide coup d'oeil mais n'avais pas regardé mon trajet en détail.

   Je me dirigeai vers la chambre de mon colocataire et toquai sur le battant en bois. Pas de réponse. Je toquai à nouveau. Toujours rien. Est-ce que je devais me risquer à entrer? Probablement pas. Je tournai la poignée qui grinça bruyamment, le son résonnant dans tout l'appartement. La porte était fermée. Je repartis vers les salles communes pour y trouver Khaul, sans plus de succès. Fort heureusement, je trouvai un petit papier sur lequel j'adressai un message à mon tuteur.

   Je mis ensuite les voiles, mon livre en main et une sacoche en bandoulière. Je devais donc traverser cinq étages vers le bas et ensuite déambuler dans un dédale de petits chemins. Nous avions rendez-vous à la Porte d'Automne, l'entrée ouest des jardins. Je n'arrivais toujours pas à imaginer la ville telle la plante à laquelle elle ressemblait. De l'intérieur, tout était si immense qu'on aurait aisément pu croire que c'était une métropole comme d'autres.

   Arrivant là où j'aurais besoin d'une chimère, je réalisai que je n'avais absolument pas pris cela en compte. La dernière fois, Eliénor était simplement venu à mon secours par je ne sais quel miracle. Hors je doutais que ça se reproduise. Je lus donc les informations données dans le bouquin. J'appris qu'il existait des ascenseurs, à mon plus grand ravissement. Le vol à dos de chimère me donnait mal au cœur tant j'avais peur de tomber. Je suivis les indications du manuel et marchai jusqu'au fameux ascenseur.

   Ce que je ne savais pas, c'est que ce moyen de transport était de loin, pire que les chimères.

   Je montai à bord avec l'insouciance de la première fois. La cabine était spacieuse, pourvue de miroirs et de poignées auxquelles se tenir. L'engin se mit en branle, les secousses ne m'inquiètant pas plus que cela. Grave erreur. La seconde d'après je me trouvais propulsée de l'autre côté de l'espace clos tandis que ma cage dorée m'avait tout l'air de tomber en chute libre. Je réussis à agripper une barre de fer prévue à cet effet et m'y cramponnai désespérément. Alors que mon estomac tombait aussi surement que l'ascenseur, il remonta soudainement dans ma gorge avec l'arrêt brutal de la machine. Les portes s'ouvrirent. Un jeune homme attendait à l'embrasure. Un coup d'œil à mon visage et il s'exclama:

"Il faut avoir les tripes bien accrochées, t'es pas une habituée toi, vu ta tête! Les toilettes sont à côté."

   Avec un sourire compatissant il me pointa les lieux du bout du doigt. Je me précipitai vers les sanitaires pour y rendre mon repas. Je me rinçai la bouche et ressortis. Je voulais remercier le monsieur mais il était déjà parti affronter le monstre de métal.

   Je trouvai assez rapidement la Porte d'Automne où m'attendaient Shane et Fatouma.

"Ça va? me demanda cette dernière. Tu es toute pâle.

- J'ai seulement fait la connaissance de l'ascenseur.

- Mais pourquoi n'as-tu pas appelé une chimère !? s'indigna-t-elle, horrifiée, tandis que Shane riait sous sa cape.

EnchanteresseWhere stories live. Discover now