Chapitre 48

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   Khaul pris connaissance de mon état d'un regard.

"Je vais t'amener à l'hôpital de secteur, ton bras...

-Je sais qu'il est cassé, pas besoin de m'épargner. Il me fait plus mal encore que lors des simulations avec Zélia. Mais j'avoue que je suis un peu dans les vapes là. c'est peut-être le soulagement d'être encore en vie...

-Je ne vais pas t'embêter pour le moment mais je te jures que le moment venu, tu devras me rendre des comptes, et pas qu'un peu!" 

   Le lendemain, je me réveillai dans une petite chambre douillette qui n'était absolument pas la mienne. De la lumière artificielle rentrait par une ouverture qui donnait sur un petit jardin. Khaul se trouvait affalé sur un fauteuil de la pièce, à quelques pas de là. Ses vêtements étaient froissés, ses cheveux indisciplinés partaient dans tous les sens et ce style négligé était totalement inédit de la part de mon colocataire. Il dormait paisiblement, dans une position qui lui vaudrait un petit mal de dos tout le long de la journée. Regardant par la fenêtre, je constatait que le soleil avait déjà bien entamé sa course dans le ciel, me laissant deviner l'heure approximative. Il devait être aux alentours de dix heures et demi. 

   Dix heures et demi!  

   Et M. Sanders se trouvait là, tranquillement endormi dans le siège de la chambre! Ça faisait des heures qu'il aurait dû se trouver avec les autres apprentis pour leur rappeler combien ils étaient loin de la perfection. Moi aussi j'aurais dû être là-bas, en train de me prendre des commentaires désagréables en pleine tronche. Quoique, vu l'état de mon bras, ça n'aurait probablement pas été possible. Ce dernier était enchâssé dans une attelle et avait repris un angle normal. Je ne sentais aucune douleur mais je me doutais qu'il faudrait un temps de repos avant de pouvoir l'utiliser à nouveau, surtout dans le cadre d'une activité aussi exigeante que les corps à corps. Mon état ne réglait tout de même pas la présence de mon professeur dans cette pièce. Je me redressai, un peu trop rapidement sans doute, des vertiges me prenant d'assaut. J'arrêtai tout mouvement, accordant à mon corps le temps d'adaptation qui lui était nécessaire. Je repris mon geste quand je me sentis mieux, m'adossant contre le coussin où avait reposé ma tête. Incertaine de comment je devais m'adresser à lui, je choisis de le vouvoyer:

"M. Sanders. M. Sanders, réveillez vous!"

   Je vis son corps se crisper avant qu'il ne se redresse d'un coup d'un seul. 

"Qu'y a-t-il?"

   Ses yeux hagards cherchèrent une menace inexistante dans la salle, sa main ayant déjà trouvé une arme dissimulée dans une poche de son pantalon. Son regard se fixa sur moi, empli d'incompréhension et de soulagement à la fois.

"Tu te sens bien Emma?

-Oui, parfaitement bien, mais c'est vous qui devriez vous sentir mal. Vous avez des heures de retard, tous les apprentis doivent vous attendre à l'heure qu'il est, si ils ne sont pas déjà partis!"

   Se détendant, mon professeur m'informa qu'il avait tout prévu:

"J'étais réveillé ce matin très tôt et j'ai fait en sorte que Zélia prenne la relève. Tu as jusqu'à ce soir pour te reposer et ensuite tu devras t'entretenir avec le Conseil.

-Pourquoi est-ce que je dois systématiquement les informer de mes moindres faits et gestes? 

-Peut-être parce que tes moindres faits et gestes peuvent entrainer une catastrophe intergalactique voire une destruction totale de l'univers?

-Oui bon, ça va, pas besoin de m'enfoncer encore plus! Ce que je veux dire c'est que vous ne pouvez pas être sûr qu'il se soit passé quelque chose de très grave, je suis juste revenue avec le poignet cassé. Ça arrive à tout le monde de se casser quelque chose, surtout lorsqu'on est une sentinelle.      

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