Enchanteresse

Chapitre 50

"Tu crois que...

-Que veux-tu que ce soit d'autre?"

   Mon amie ne répondit rien. Mon téléphone vibra à nouveau. C'était un nouveau message de Zéphyr.

"Il n'a pas prévenu son père. Il dit que ça nous laisse le temps de fuir.

-On ne peut pas faire ça.

-Non, tu as raison. Passons chercher Elora et on ira voir le prince. Je lui demande de nous ouvrir. On va rentrer dans le Palais royal sans autorisation du roi. Tu es partante ?

-Toujours!

-Ok c'est parti."

   Nous nous télétransportâmes à l'infirmerie, espérant y voir notre soigneuse préférée. Il y avait d'autres infirmiers de garde pour la nuit. Ils nous informèrent qu'elle habitait à l'étage du dessus, ce qui nous arrangeait grandement. Nous déboulâmes les escaliers et arrivâmes en trombe chez elle. On frappa sur sa porte et on attendit qu'elle vienne nous ouvrir. Peut-être ne voudrait-elle pas ouvrir, la soirée étant bien entamée c'était plutôt inhabituel de recevoir de la visite à cette heure ci. Au bout de quelques minutes j'entendis la clé tourner dans la serrure. Le battant s'entrouvrit sur la soignante. La surprise se peignit sur ses traits.

"Les filles? Que faites-vous là ?

-On peut entrer ?" demandai-je.

   Elle s'effaça pour nous laisser passer. On lui expliqua rapidement la situation. Elle nous passa un bon savon d'avoir pris des décisions aussi importantes sans en parler à qui que ce soit. Par je ne sais quel miracle, elle accepta de bien vouloir nous aider et nous déguerpîmes en direction du Palais royal. Zéphyr nous avait indiqué une entrée dissimulée pour nous faire entrer plus discrètement. Il avait quand même dû donner l'ordre aux gardes en faction à l'extérieur de ne pas s'occuper de nous. Nous franchîmes la première porte et découvrîmes Zéphyr qui nous attendait directement dans le vestibule. En le voyant, Elora s'inclina profondément.

"Ne traînons pas s'il vous plaît. Procédons directement ici, je préfère éviter de vous faire traverser le Palais de part en part.

-Je vais vous examiner, je pense pouvoir déterminer si vous êtes en danger de mort ou non, même si je ne suis pas une spécialiste de la médecine vampirique. "

   Zéphyr acquiesça et se tint bien droit. Il était rouge partout et il avait de la peau qui se détachait par endroits. J'avais peur comme lui que ce ne soit le début de la fin. Elle prit son temps pour l'examiner, utilisant probablement son pouvoir spécifique. Je ne savais pas ce que c'était exactement mais elle m'avait dit un jour que ça lui servait dans son métier. Elle demanda aussi l'autorisation de palper son patient, ce qui lui fut accordé. Après d'angoissantes minutes, la soigneuse délibéra.

"Vous n'êtes pas en danger de mort, du tout. Je pense que vous êtes simplement très sensible au soleil parce que vous n'avez pas vu la lumière du jour depuis très longtemps. Vous avez simplement un méchant coup de soleil. Hydratez-vous bien, prenez du sang et appliquez de la crème et ça devrait s'arranger. Mais il n'y a vraiment pas de quoi s'inquiéter."

   Ébahie, je restait plantée là, sans réagir. Elléana, à mon plus grand étonnement, éclata d'un rire sonore. Et le visage de Zéphyr était désormais plus rouge que rouge. Cela me fit sourire. Mon soulagement était immense. Déjà, je n'avais pas tué quelqu'un par erreur, ensuite je n'aurais pas besoin de fuir et finalement on aurait l'appui des vampires pour se battre contre les Vaëlirs. Le prince avait repris contenance et remercia Elora de ses services. Nous ne nous attardâmes pas plus et mon amie et moi raccompagnâmes l'infirmière chez elle. Après quoi on se télétransporta dans la chambre d'Elléana. On passa le reste de la soirée à parler, la bonne humeur ne nous quittant pas. On ne se doutait pas que ce bonheur allait très vite faire place à une dure réalité. Celle de la perte d'êtres chers.