Chapitre 12

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   Je me réveillai d'un agréable rêve, la douce lumière du jour éclairant mon visage. Lorsque les brumes du sommeil me quittèrent peu à peu, je me rendis compte de mon environnement. Et je compris qu'il était tout bonnement impossible qu'un rayon de soleil atteigne ma chambre, tout simplement par ce que je me trouvais quelque part au fond de l'Océan Pacifique. Je n'avais pas fait plus attention que ça aux vitres dispersées un peu partout dans la maison. Hier, aucune lumière n'émanait de ces fenêtres curieuses. Je regardai au travers de ces ouvertures et visualisai le décor exceptionnel s'offrant à moi. J'avais toujours entendu dire que les profondeurs marines étaient très sombres. Pourtant, la vue depuis la fenêtre de ma nouvelle chambre était emplie d'une lumière éclatante, me laissant entrevoir un paysage mystique. De nombreuses sphères lumineuses scintillaient jusqu'à perte de vue, comparables à des milliers de petites lucioles. Pour je ne sais quelle raison, j'avais toujours cru que les fonds océaniques n'étaient habités que par de quelques rares espèces marines, toutes plus glauques les unes que les autres. Or, sous mes yeux ébahis s'étendait une multitude d'êtres vivants de couleurs, de formes, et de tailles différentes. 

   Je me défis de cette vision merveilleuse, me dirigeant vers la cuisine, mon ventre se réveillant soudainement. J'arrivai à la cuisine-salle à manger, un magnifique plat de pancakes trônant sur la table. Je me hâtai de m'installer me préparant à me jeter dessus, lorsque je fus coupée dans mon élan. Une main s'empara de cette assiette au délicieux fumet. Mon regard remonta le bras musclé, jusqu'au visage de son propriétaire. Ce dernier grommela:

"C'est moi qui les ai préparés, c'est moi qui les mange."

   Il alla ensuite s'installer au bar, commençant à engouffrer une bouchée de cette pâtisserie dégoulinante de sirop d'érable. Je le fusillai du regard, notant mentalement que ce n'était pas un individu partageur. Je pris un petit déjeuner rapide, après avoir cherché dans chaque placard où se trouvait chaque chose. J'allai me diriger vers ma chambre, seul endroit où j'aurais pu aller mais le voleur de pancakes prit la parole:

"Cet après-midi nous irons récupérer tes affaires chez toi. En attendant, d'autres t'attendent sur ton lit."

   J''étais à la fois soulagée de retourner chercher mes effets personnels, et à la fois mal à l'aise de remettre les pieds dans mon appartement qui avait été pour moi ma la première marque d'indépendance face à mes parents. J'avais l'impression de retourner quelques années en arrière, à l'époque ou j'étais droguée aux médicaments et où mes parents ne me laissaient aucun libre arbitre. Les choses se présentaient exactement de la même manière ici: un tuteur pour surveiller le moindre de mes faits et gestes. J'allais devoir leur prouver que j'étais digne de confiance pour gagner ma liberté. 

   Je me préparai rapidement puis m'assis sur mon lit, n'ayant aucun occupation. Je regardai mes habits d'hier, échoués sur ma couette. Cette robe ultra serrée m'avait malheureusement servie de pyjama. N'ayant rien d'autre à faire, je me levai et commençai à chercher une machine à laver. Je déambulai dans l'appartement, explorant le moindre recoin du salon, de la cuisine-salle à manger à la recherche de ce fameux appareil. Alors que j'étais immobile dans la cuisine, analysant et scrutant minutieusement chaque parcelle de la pièce afin de trouver l'objet de mes désirs, M. Sanders sortit du couloir, ses sourcils se relevant de concert en me voyant. Il se racla la gorge, attirant mon attention et prit la parole:

"Tu cherches quelque chose Emma?"

   Je me balançai d'un pied sur l'autre, mal à l'aise.

"Il n'y a pas de lave-linge?" demandai-je.  

   Son visage n'exprima pas de surprise, ni aucune autre émotion. Il commença à m'expliquer d'une voix posée et calme, comme si il parlait à une enfant. 

EnchanteresseWhere stories live. Discover now