Kylo Ren Prisonnier

5

La jeune femme se sentit très embarrassée lorsqu'elle se rendit compte que son prisonnier avait compris ce qu'elle allait faire. En effet, après avoir guéri ses blessures à l'aide de la Force, elle comptait nettoyer les dégâts de son collègue, une fois encore. Après tout, elle ne pouvait pas le laisser ainsi. De plus, elle devait rattraper les erreurs de Poe.

Elle s'approcha lentement de lui et s'agenouilla quelques instants, le temps de tremper le morceau de tissu dans l'eau puis de l'essorer. Quand ce fut fait, elle se releva. Elle croisa furtivement le regard de son ennemi et en fut déstabilisée. Même ainsi attaché, le Sith était bien plus grand qu'elle. Il faut dire qu'elle n'avait jamais été très grande non plus.

La jeune femme sortit de ses pensées quand elle sentit le souffle chaud de son prisonnier sur son visage. Apparemment, il avait décidé de la déstabiliser davantage en ne la quittant pas des yeux. Rey préféra l'ignorer, bien que la tâche était difficile. Elle continua ce qu'elle était venue faire et posa l'éponge sur le torse cramoisi de Ren. Le résultat fut immédiat : Ben frissonna à son contact. Mais cela n'empêcha pas l'apprenti Jedi de poursuivre son geste.

Elle commença par son cou en passant rapidement sur son visage, puis poursuivit en descendant de plus en plus bas. Elle suivit la ligne exacte de sa cicatrice, celle qu'elle lui avait faite sur Starkiller. Rey n'osait pas le regarder dans les yeux, pourtant elle savait que son regard lui brûlait actuellement la peau.

Plus elle descendait, plus elle sentait les muscles du Sith se contracter sous la fraîcheur de l'eau. Elle s'arrêta pile au-dessus de son pantalon abîmé, n'osant pas descendre plus bas. Elle répéta ce geste plusieurs fois, tout en étant consciente que le chevalier l'analysait scrupuleusement.

Sans même savoir pourquoi, l'ancienne habitante de Jakku décida subitement de lever les yeux. Mais elle le regretta bien vite. Dans le regard du jeune homme, ce n'était pas de la colère qu'elle voyait, ni de la haine, mais plutôt ... du désir ?

Rey n'avait jamais vraiment connu ce genre de regard, en tout cas pas sur Jakku. Mais de temps à autre, elle surprenait certains résistants avec ce même regard à son égard. Était-ce l'effet de la guerre ou était-elle tout simplement attirante ? Étrangement, elle n'arrivait pas à imaginer la deuxième option possible.

En quelques secondes, des secondes qui lui parurent une éternité, la jeune femme avait terminé. Il restait toujours un peu de sang de parts et d'autres, mais elle était bien trop mal à l'aise pour continuer davantage. Le silence qui régnait dans la pièce était plus qu'embarrassant et le regard du Sith pesant. Comme si Ren avait lu dans ses pensées, c'est à ce moment précis qu'il décida de prendre la parole.

- Si tu me détachais, je pourrais le faire moi-même, proposa-t-il tout bas.

Elle le regarda de nouveau.

- Je ne prendrais pas ce risque, répondit-elle sèchement.

Elle laissa tomber le morceau de tissu dans l'eau et recula de quelques pas. Maintenant qu'elle l'avait guéri puis nettoyé, elle voulait des informations, de gré ou de force. Il avait reçu assez de pitié pour aujourd'hui et c'était la dernière fois qu'elle faisait preuve de faiblesse devant lui. Elle devait dès à présent passer aux choses sérieuses. Sans le quitter des yeux, elle leva son bras et usa de la Force.

- Maintenant tu vas me dire tout ce que je veux entendre.

Elle plissa les yeux, redoubla de concentration et plongea son regard dans celui de son ennemi. Il le soutint sans détourner les yeux. Elle le fusilla, tentant de ne pas tressaillir, de ne pas ciller. Mais la chose auquelle elle se heurta, ce mur, l'arrêta net. La jeune femme cligna des yeux. Cela n'avait aucun sens, elle ne pouvait aller nulle part.

Contrairement à ce qu'il s'était passé sur la base Starkiller, elle ne parvint pas à entrer de nouveau dans sa tête pour percer ses pensées et ses secrets. Le corps de son ennemi répondait à ses propres ordres, pas aux siens. Elle se contentait de parler et ses mots n'avaient aucun impact sur lui.

C'était étrange. Plus les jours passaient et plus elle se sentait puissante, pourtant elle n'avait pas réussi à entrer dans sa tête, mais elle était parvenue à le faire quand elle ne maîtrisait pas encore la Force. C'était à n'y rien comprendre. Kylo Ren, quant à lui, souriait. L'ancienne pilleuse baissa la main sous l'effet de la déception.

- Comme quoi ? Que tu es ravissante ?

Son cœur lâcha un battement. Rey ne put s'empêcher de rougir. Était-il, une fois encore, en train de se moquer d'elle ? Probablement. Comment pouvait-elle être ravissante ? Elle était affreusement fatiguée, sans doute pas autant que lui, mais elle n'arrivait pas à fermer l'œil de la nuit, tout comme son ennemi. Ses cernes étaient creuses et noires, ses cheveux en bataille, sa peau était plus pâle que jamais. Elle décida de rester indifférente à sa remarque, bien qu'elle en soit troublée.

- Assez des flatteries. Tu as tort de jouer à ça. L'effort va te tuer.

Le Sith étouffa un rire.

- Je suis bien plus puissant que tu ne le penses.

- Et moi aussi, compléta-t-elle.

- Alors qu'attends-tu pour le prouver ? demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse.

En réalité, ce qu'il attendait vraiment était des actes. Sauf qu'elle n'était pas comme lui, et elle refusait de l'être. Les informations qu'elle recherchait, elle les aurait quoiqu'il en soit, mais sans torture. S'il résistait, alors elle trouverait un autre moyen de les obtenir.

Hors de question de reproduire les erreurs de Poe. D'ailleurs, ce dernier aurait dû être rudement sanctionné. Non pas qu'elle protégeait le chevalier de Ren, mais ici la torture était interdite, la Résistance ne fonctionnait pas comme le Premier Ordre et elle ne fonctionnerait jamais ainsi.

- Nous ne sommes pas comme vous. Nous n'utilisons pas la torture pour arriver à nos fins.

- Alors comment comptes-tu t'y prendre ? demanda-t-il avec curiosité, tout en y ajoutant une pointe de sarcasme.

Rey inspira profondément et expira.

- Je t'ai guéri. Tu as désormais une dette envers moi.

- Tu m'as guéri, certes, après que ton charmant pilote m'ait torturé pour se venger, cracha-t-il venimeusement. Encore une fois tu as raison, vous n'êtes pas comme nous, vous êtes pire.