Kylo Ren Prisonnier

12

La nuit avait été très agitée. Kylo Ren ne cessait de tourner et de se retourner sur sa fine couchette. Il n'avait pas du tout réussi à trouver le sommeil.

Ce qu'il s'était passé avec la jeune rebelle qui avait perdu sa sœur, il ne l'avait pas du tout préparé ni même envisagé. C'était arrivé comme cela, sans qu'il ne contrôle quoi que ce soit. Et si son plan échouait ? Non. Ça devait fonctionner. Il n'avait pas le droit à l'erreur. C'était certainement sa seule chance de s'évader, il ne pouvait pas la manquer. Il devait faire en sorte à ce que Rey ne se doute de rien, sinon il pouvait dire adieu à sa liberté.

À cet instant, la jeune résistante devait certainement songer à ce qu'il lui avait dit. Parfait. Elle devait être tourmentée, torturée à l'idée de revoir le dernier membre de sa famille qu'elle avait perdu récemment.

Avec un peu de chance elle fera le bon choix, viendra le retrouver et le libérera pour rejoindre son maître qui lui redonnera sa sœur bien-aimée, comme il l'avait promis. Finalement, il ne mourra peut-être pas ici. Tout n'était pas perdu comme il l'avait jadis cru. Mais un mauvais pressentiment le traversa soudainement.

S'il quittait cette cellule, il ne reverrait plus l'ancienne pilleuse d'épaves, et cette idée le peinait. Pas parce qu'il était attaché à elle, puisqu'il lui était impossible de ressentir la moindre once de compassion, mais parce qu'il n'aurait pas réussi à la faire basculer du côté obscur comme son maître le lui avait demandé.

Parfois, ou plutôt très souvent, il arrivait à entendre dans sa tête la voix de Snoke. Il lui murmurait les nombreuses quêtes que le jeune homme devait accomplir. Pendant la bataille, il avait reçu l'ordre de ramener Rey sur le Supremacy, mais les choses ne s'étaient pas passées comme convenu. C'était finalement lui qui avait été fait prisonnier par la Résistance. Depuis, il n'entendait plus la voix de Snoke.

Il imaginait parfaitement le général Hux rapporter fièrement sa défaite au suprême Leader. Cette vision le dégoûta et le mit dans une rage folle qu'il ne pouvait même pas extérioriser. Mais ce n'était pas trop tard, il pouvait toujours accomplir sa mission. Rien n'était trop grand pour le maître des chevaliers de Ren. Il finirait tôt ou tard ce qu'il avait commencé.

Le cliquetis familier de la porte de sa cellule finit par le réveiller brusquement de ses songes. Il se leva donc rapidement de sa couchette sur laquelle il était allongé il y a quelques secondes, tout en prenant garde à cacher ses pensées face à l'individu qui venait tout juste d'entrer. Quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver en face de celle à qui il pensait à l'instant même.

Le Sith aurait pu être réjoui de sa venue, malgré ce qu'elle lui avait fait il y a quelques jours, mais l'expression de son visage le dissuada immédiatement. Elle était dans une rage folle.

- Tu vas payer pour ce que tu as fait ! lança-t-elle, furieuse.

Il s'approcha d'elle de quelques pas pour tenter de l'impressionner, maintenant qu'il n'était plus attaché, mais elle ne recula ni ne cilla, refusant de céder du terrain. La rage avait pris le dessus sur la peur.

Il l'observa attentivement. Apparemment, son plan d'évasion venait tout juste de tomber à l'eau. La jeune rebelle avait certainement craqué puis vendu la mèche. Quelle idiote ! Maintenant elle pouvait avoir une réelle raison d'être désespérée, car elle venait de perdre le seul moyen de revoir sa sœur.

- Tu ne peux rien me faire. Je ne risque rien.

- Tu as l'air bien craintive pour quelqu'un qui ne risque rien, fit remarquer Kylo.

Au milieu de sa figure pâle, ses yeux noirs la scrutaient.

- C'est trop tard, déclara-t-elle, Rose m'a tout dit. Tu as perdu.

Les yeux du Sith lancèrent des éclairs de colère. Il ne perdait jamais.

- Elle t'a donc raconté ce que je lui ai dit ? Et que sais-tu à propos de ce pouvoir ?

- Elle n'a pas eu besoin de me le dire, rétorqua-t-elle. Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur la Force.

- Tu sais tout ? demanda-t-il en l'étudiant avec soin. Ah, tu sais tout. Tu as le même regard que celui que tu avais dans la forêt sur Starkiller, tu sais, lorsque tu m'as traité de monstre.

Ils n'étaient plus qu'à un mètre ou deux l'un de l'autre, le jeune homme continuant à avancer vers elle, toujours plus près, et toujours plus proche.

- Et je maintiens ce que j'ai dit : tu es un monstre, affirma Rey posément.

Elle le fixa et constata qu'il semblait peiné.

- Tu as raison, je suis bien un monstre, admit-il.

Son ton n'était pas menaçant, seulement triste. Ben avait beau se convaincre du contraire, les paroles de la jeune femme avaient brisé quelque chose à l'intérieur de lui. Son coeur ? Nul ne le savait. Mais ce qu'il craignait le plus était en train de se produire, malgré lui. Elle était la seule à lui faire ressentir un tel conflit. Elle était la chasseuse et lui la proie.