Chapitre 28 : Parler à la Nature

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Note de l'autrice :

Je devais poster hier, mais je n'ai pas pu trouver 5 minutes à moi, navrée du retard. :/

Information : pour celles et ceux qui n'ont pas vu mon message, j'ai mis au point une page Trello (application d'organisation de travail) pour répertorier toutes les informations concernant l'univers de cette histoire et de mes contes. L'application demande simplement de créer un compte, totalement gratuit bien sûr. Si ça vous intéresse d'y avoir accès et de suivre en direct ma progression dans l'écriture, n'hésitez pas à m'envoyer un message en privé, je vous enverrai le lien ;)

Sur ce, bonne lecture !

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— Je souhaiterais avoir la Parole.

Un silence de mort enveloppa la Table des Dix comme un linceul. Tous les regards convergèrent vers la femme qui venait de se lever d'un mouvement lent, saccadé. Les yeux noisette de la reine Juliette s'étaient arrondi de stupeur. Le roi Amalric semblait plus las qu'étonné, et sa sœur Diane se contentait de fixer d'un air indifférent la silhouette frêle qui tentait tant bien que mal de se tenir droite.

Boris souriait à pleine dents mais n'avait pas estimé nécessaire de traduire la phrase au roi du Sskiar, alors les trois souverains étrangers se contentaient d'observer la femme fine vêtue d'une pâle robe lilas qui creusait un peu plus sa maigreur.

— Vous avez la Parole, reine Eléanor de Percée, annonça Marina de sa voix tranchée.

Jade d'Indeya jeta un œil méfiant vers le Dévoué Valmec qui était étrangement calme et silencieux, comme s'il savait. La mère de Juliette balaya l'assemblée de rois et reines d'un geste nerveux, sa main droite s'enroulait sur le bord taillé de la table en marbre. Elle jeta un regard furtif vers Valmec qui agissait comme s'il ne la voyait pas, puis elle ferma les yeux dans une profonde inspiration.

Ses mots s'échouèrent dans l'air comme un bateau qui s'écrase misérablement sur la roche.

— Il faut mettre fin à la censure.

Elle ferma la bouche violemment, comme pour s'empêcher de prononcer la moindre phrase supplémentaire, et elle baissa les yeux sur le regard horrifié de Valmec. Ce dernier ouvrit la bouche comme pour hurler, mais par une force surhumaine que nul ne lui aurait deviné, il s'abstint.

Les voix de Boris, de Ren et de l'interprète de Taravahë résonnèrent dans la salle comme un doux murmure rassurant tandis que les langues et les mots se superposaient.

— Que voulez-vous dire par « censure » ? demanda Amalric, prudent.

— Je ne crois pas que la censure ait besoin d'une définition, rétorqua Diane d'une voix glaciale. Néanmoins, je ne crois pas que nos royaumes soient de fervents défenseurs de cette pratique.

Un ricanement sombre retentit de l'autre côté de la Table. Les yeux de diamant trouvèrent rapidement son origine. La Magicienne Sans Cœur ne prit pas la peine de cacher la courbe cynique de ses lèvres pourpre. Le regard de glace de Diane glissa vers Juliette, qui haussa les épaules en écartant les bras. Son sourire était rayonnant.

— Les Attendants sont interdits de parler, pas de rire.

La Présidente appliqua ses mains à plat sur la table, et cela eut pour effet de reporter l'attention sur le débat.

— Que proposez-vous donc, Votre Majesté ? s'enquit-elle, se tournant vers la souveraine de Percée.

Eléanor prit une longue inspiration secouée de tremblements, le regard perdu dans le vague, au-delà du pupitre de Daryn et Perrault et des fenêtres ouvertes sur l'aube rougeoyante.

La Table des SeptWhere stories live. Discover now