Chapitre 3 : Le prisonnier

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ROYAUME DES OSPALES


— Comment s'appelle-t-elle ?

— Je vous l'ai déjà dit... répondit une frêle voix masculine brisée par la douleur et la lassitude entre deux respirations rauques. Je sais pas... C'est juste... La Panthère Noire.

La femme à la robe de satin bleu pâle et aux cheveux cendrés poussa un long soupir faussement affligé et appuya le bout de son pied sur un maillon de fer, forçant la chaîne à se tendre et à tirailler un peu plus sur la cheville entourée d'un épais anneau noir. Elle leva une main fine et osseuse, et la lanière d'un fouet provenant de l'opposé de la sombre pièce trancha l'air pour faire couler le rouge.

Un cri déchiré retentit entre les quatre murs de pierre nue.

— Mais combien... de fois... vais-je devoir vous le répéter ?! Je connais pas son nom ! Elle l'a jamais dit. Chez les Panthères, c'est comme ça. On s'réunit parce qu'on veut la même chose. Mais on donne pas de nom.

Les yeux platine étincelèrent dans l'obscurité et dans un doux froissement, la femme de glace s'agenouilla auprès du supplicié. Ses doigts blancs et minces capturèrent le menton tremblant et la voix mécanique reprit son refrain maudit.

— Et moi, je ne connais pas le « non », murmura-t-elle contre la joue de l'homme tressautant de terreur.

— Qu... Quoi ?

La femme ignora la question sans scrupule et brandit à nouveau sa main libre dans le noir.

— Lambert, appela-t-elle de cette voix forte et fière qu'utilisaient ceux qui savaient qu'ils seraient obéis. Cinq coups.

— Mais... mais... Votre Majesté, vous êtes à portée de... Je ne peux pas...

— Je ne vous demande pas votre avis, Lambert.

— Je vous en prie, Votre Altesse... supplia le bourreau qui tremblait à présent autant que le prisonnier. Écartez-vous, je vous en prie, pour que je puisse...

— Lambert, c'est un ordre. Allez-vous désobéir à votre reine ?

Le pauvre bourreau déglutit silencieusement avec difficulté, dissimulant sa peur sous son capuchon de lin. Tête baissée, il leva le bras bien haut, à en toucher le plafond humide et moisi de la cellule, avant de l'abaisser d'un geste sec. Fort heureusement, le tissu tombant sur ses yeux l'empêchait de croiser le regard hagard et torturé de sa victime, et il en remerciait tous les jours les dieux pour cela. Sinon, il serait bien incapable d'exercer cet office.

Un.

Le captif laissa échapper un râle écorché, qui mourut dans sa gorge quand il comprit que le fouet ne toucherait pas sa peau cette fois-ci. Craignant néanmoins un second coup, plus fourbe et vicieux que cette piètre tentative, il ouvrit lentement les yeux, l'un après l'autre, et sa mâchoire tomba sous le poids de l'ébahissement. Son regard était en grande partie voilé par un fin rideau de cheveux d'argent, mais en baissant légèrement la tête, il pouvait voir des épaules étroites et contractées, et à l'extrémité de son champ de vision, ce bras éternellement levé, raide et immobile, comme attendant l'inévitable.

— Votre Majesté, je vous en supplie... bégaya de nouveau le bourreau.

Son ton fiévreux indiquait clairement le pénible dilemme qui torturait sa conscience, l'empêchant d'abaisser le fouet une seconde fois malgré l'ordre clair et franc.

— Silence.

Et l'inévitable arriva.

Deux.

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