Chapitre VIII

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Après cette rencontre, j’ai fini par retrouver ma mère et très vite, nous sommes rentrés à la maison. Si elle a compris plus ou moins qu’il m’était arrivé quelque chose, elle n’a pas insisté avec ses questions. Depuis, plusieurs jours se sont écoulés.

Ma mère (o) vit très bien sa grossesse, le traitement qu’elle suit est efficace. Avec Maryn, nous sommes aux petits soins pour  elle, même si je dois avouer que je n’arrive pas à savourer ce bonheur. Pourtant, je suis très heureux par l’arrivée de ce bébé. C’est toujours une chose merveilleuse dans une famille.

Mais je n’arrive pas à sourire.
Quoique je fasse, je n’arrête pas de penser à Atheena. À tel point que j’en pleure presque toutes les nuits.
Bordel ! Qu’est-ce qui m’arrive ? J’ai l’impression de rien contrôler.

—Hotaru ?
—Maman ?

Un soir, alors que je déprime, ma mère (o) débarque dans ma chambre et prend place sur le rebord de mon lit pour me tenir compagnie.

—Tu n’as pas l’air d’aller bien…

Elle est perspicace, elle sait quand ça ne va pas. J’aimerai lui répondre qu’elle se trompe, que je vais bien et que c’est simplement son imagination, mais ces mots ne sortent pas de ma bouche. La seule réponse que je lui apporte, c’est mes larmes qui coulent silencieusement sur mes joues.

—Hotaru, est-ce que par hasard… tu ne serais pas amoureux de quelqu’un ?
—Hein ?!

Amou… moi, amoureux d’Atheena ? Mais… c’est impossible ! Depuis que je suis tout petit, j’en aime une autre. Atheena n’a rien à voir avec mon amour d’enfance.

Ça ne peut pas être ça. Ce que je ressens pour elle n’est pas de l’amour !

—Je me suis souvent retrouvé dans cet état par amour pour ta mère, me confie-t-elle.

Il y a longtemps, nos mères nous ont raconté les circonstances de leur rencontre. Mais maintenant que j’y pense, je ne connais pas les détails de leur histoire.

— Laisse moi te raconter une histoire, comme quand tu étais petit.

***

—Toi, viens avec nous !
Non, laissez-moi tranquille !

Un jour alors que je n’étais qu’une enfant, ma famille a été agressée par des bandits.

Après avoir fait du mal à mes parents et à nos deux chiens, ces hommes m’ont emmené avec eux pour me vendre à une maison de plaisirs. Ils disaient que mes cheveux et mes yeux rapporteraient beaucoup. Effrayée et sans aucun moyen de défense, je n’ai eu d’autre choix que de les suivre.

Forcée de satisfaire les clients, je subissais toutes ces nuits avec horreur. Un jour, mes aînés m’ont même puni pour avoir tenté de m’enfuir. Battue, on m’a alors coupé les cheveux. Après cela, j’ai arrêté d’implorer le seigneur en pensant que c’est ainsi qu’était écrite ma destinée.

Bienvenue !

Ce soir là, on m’a demandé d’accueillir les clients. Comme l’exige la tradition, je me prosterne avec élégance à leurs pieds. Tous les clients sont généralement des alphas, lais il arrive parfois de croiser des bêtas. Mais aucun oméga n’est autorisé à regarder les  alphas dans les yeux au risque d’être violemment puni.

Hey, toi ?

Sur le coup, je ne réalise pas que la voix d’une femme s’adresse à moi. Je reste alors dans la même position, paume de main face au sol, front plaqué contre le vieux parquet.

T’es sourde ou quoi ?

Je sens une main forte m’attraper par le col de mon kimono pour m’obliger à me redresser. Mais avec mes chaussures, je perds mon équilibre et tombe en avant contre le corps de cette femme.

—Waah… ce que tu peux être petite.

Je relève alors la tête pour m’excuser mais aucun mot ne sort de ma bouche en croisant le regard de cette femme.

—C’est en croisant le regard de ta mère pour la première fois que je suis tombée amoureuse d’elle, poursuit  ma mère. Hericka a changé ma vie.

Ce soir là, ma mère (a) ne lui a pas demandé de passer la nuit ensemble. Au contraire, elle semblait être en ces lieux pour d’autres raisons. À l’époque, elle servait déjà la reine et d’après maman (o) elle faisait du repérage pour démanteler un réseau illégal.

Mes mères ont alors commencé à se fréquenter en secret. Cependant, le discours que ma mère continue de me raconter me fait froid dans le dos. Quand ses aînés ont appris sa relation secrète, ils ont commencé à la traquer. Main dans la main, elles se sont mises à fuir dans la forêt la plus proche.

— Arrêtez les !

Hericka repoussait nos assaillants avec vaillance et détermination, mais ils étaient plus nombreux que nous. Un soir de pluie, nous nous sommes enfoncées dans cette forêt pour tenter de leur échapper. Mais nous avons été rattrapé et après un énième affrontement, j’ai fini par être blessé.

À cet époque, ma mère était enceinte de leur tout premier enfant.

MEGUMI !!

L'Alpha au féminin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant