Chapitre IX

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Évidemment, je me suis endormi sans même connaître la fin de cette histoire mais ce soir là, le récit narré par ma mère m’a aidé à trouver le sommeil.

Alors que je suis en vadrouille dans les rues de la capitale à la recherche de nouveaux pinceaux pour réaliser mes peintures, un vendeur de journaux m’intercepte dans la rue.

—Non merci, je ne suis pas intéressé !

Mais alors que je tente de le fuir, je fais tomber mes pinceaux par terre, ainsi qu’un de ces journaux. Attiré par la couverture de l’article, je tombe des nues. Je donne quelques pièces au marchand, récupère mes pinceaux et lui arrache son journal dès mains pour me poser sur un banc, au calme.

—C’est quoi cette… connerie ?

Les mains tremblantes, je découvre alors qu’Atheena est en première de couverture suite à ses dernières déclarations. La princesse aurait annoncé devant la cour être prête à se marier et fonder une famille. J’ai envie de vomir en lisant les premières lignes.

Tous les omégas sont invités à lui écrire une lettre dans l’espoir de pouvoir la rencontrer. Énervé, je referme mes doigts sur le journal. Ce sont des conneries ! Atheena ne peut pas être sérieuse ! C’est… c’est une plaisanterie ? Dites-moi que c’est une blague ?

Pourquoi est-ce que je me sens aussi irrité et concerné par la situation ? Atheena a bien le droit de se marier, on ne se doit aucun compte même si je lui devais encore une balade. J’ai surtout l’impression de passer pour un con dès qu’on parle d’elle.

C’est bien fait pour moi, je n’aurais jamais du m’approcher de cette femme.

Je me débarrasse du journal dans une poubelle non loin d’ici avant de me décider à renter à la maison. Comme un idiot, j’ai  arraché l’article qui mentionne Atheena pour le mettre dans ma poche. Bien sûr que la déception est grande mais je ne vais pas me laisser abattre par cette situation. De toute façon, ce n’est pas comme si Atheena m’était réellement destiné. Aucun lien nous lie.

J’ai cru que bêtement on était  compatibles mais je me suis trompé.

Je ferais bien de me recentrer sur l’essentiel et rester rationnel. Des le début, je savais que c’était impossible et pourtant, je me suis stupidement accroché à cet espoir.

Mais au moins, les choses sont on ne peut plus claires.

—Ah Hotaru, je voulais justement te voir ! Tu tombes bien.
—Maman (a) ?

À peine rentré, ma mère me saute presque dessus devant l’entrée.

—Je peux t’aider ?
—À vrai dire, oui ! Me dit-elle en me débarrassant de mes achats. j’aimerai que tu m’accompagnes à la cour aujourd’hui.

À la cour ?

—Mais… pourquoi ?

La cour n’est pas un endroit où l’on peut rentrer comme ça. Encore moins pour un oméga.

—Eh bien… hésite-t-elle.

Je fronce les sourcils car je n’aime pas quand elle prend cette expression. Elle a forcément une idée derrière la tête.

— Allez, crache le morceau.
—D’accord, d’accord ! Me répond-t-elle avec un certain entrain. En réalité, l’un de ces membres aimerait te rencontrer.
—Me rencontrer ? Pourquoi ?
Comment ça ?
— J’ai fait tomber une photo de toi lors de ma dernière réunion et il se trouve que tu lui as beaucoup plu, m’avoue-t-elle. Il n’arrête pas de me casser les pieds pour te rencontrer.

Elle joint ses deux mains devant son visage pour me supplier.

—Accepte au moins de le rencontrer une fois, s’il te plaît !

Un instant, je fixe ma mère désespérément avant de soupirer.

— Très bien. J’accepte de rencontrer cet homme.

Qu’est-ce que j’ai à perdre maintenant qu’Atheena a pris sa décision ? Je n’ai qu’à faire comme elle et me taper tous les alphas qui passent par là.

—Hein ?!

Ma mère se redresse, surprise par ma réponse.

— Bah quoi ? Ne me regarde pas comme ça.
—R-Rien… c’est juste que d’habitude, tu refuses de rencontrer d’autres alphas. Le ciel t’es tombé sur la tête ?
—Cré-Crétine !

Je la frappe sans force sur le crâne. Mais qu’elle elle stupide ! Enfin… en même temps, elle ignore que j’en pince actuellement pour la princesse, mais quand même !

Quoiqu’il en soit, sa requête tombe à pic !

— Hotaru, est-ce que tout va bien ?
—Pourquoi cette question ?

Ma mère prend alors une expression étrangement peinée.

— Tu sembles sur le point de pleurer.

Elle est perspicace. Je ne cache pas ma surprise sur le coup mais je ne peux pas laisser paraître mes émotions. Je ne peux pas embêter ma mère avec mes histoires de cœur, elle a déjà bien à faire avec ses obligations.

—T-Tu te fais des idées !

Atheena doit être le genre de femme à beaucoup s’amuser alors je vais faire de même. Ce qui s’est passé la dernière fois ne voulait rien dire. Je… Je ne suis pas amoureux d’elle ! Je compte bien lui faire regretter amèrement de m’avoir pris pour un con !

—Si tu le dis.

Ma mère marque une pause pour enchaîner avec la suite.

—Du coup, on part tout de suite.
— Hein ? Mais je ne me suis pas changé.

Ma mère se met soudainement à rire.

—Allons, ne me fait pas croire que tu va sortir soudainement tes plus beaux habits, si ?

Je gonfle mes joues. Là, elle n’a pas tout à fait tort. Enfin… mes vêtements habituels me conviennent très bien mais j’ai bien envie d'essayer de jouer à ce petit jeu. Je vais séduire cet alpha et montrer à  cette foutue princesse qu’elle n’est rien pour moi.

Ni une ni deux, je pars me préparer et demande même l’aide de Maryn. Ma sœur s’occupe de ma coiffure tandis que je retire mes piercings. Dans le miroir, j’ai l’impression d’avoir une tout autre personne en face de moi et je dois reconnaître que c’est assez troublant. M’enfin, si cela me permet d’oublier Atheena alors je suis prêt à aller jusqu’au bout.

Plonger dans mes pensées, je remarque ce livre sur la commode d’à côté. Maryn est trop absorbée dans sa coiffure pour remarquer le trouble qui se lit dans mes yeux. J’ai complètement oublié de le lui rendre.

Bordel, alors que je suis décidé à me détacher d’elle, me voilà encore lié à cette maudite femme. Mais que cherche Atheena à la fin ? En tout cas si elle cherche à m’énerver, elle s’est comment arriver à ses fins.

J’embrasse Maryn pour m’avoir aidé, puis laisse ma sœur pour rejoindre ma mère. Paré de mes plus beaux atouts, je compte bien inverser la roue du destin.

Cette fois-ci, les astres seront avec moi !

Je retrouve ma mère en bas qui est surprise de me voir vêtu ainsi.

—Ne… Ne me fixe pas comme ça !
— Désolée, c’est juste que… ça te va bien.

Je rougis face au compliment de ma mère et embarrassé, je grimpe le premier à bord du fiacre. Elle aussi, elle a le don de me mettre dans tous mes états !

Au moins, cela a le mérite de me redonner un peu le sourire.

L'Alpha au féminin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant