Soleil, bouffe, femmes. Trois mots pour définir les vacances de Mathieu à Ibiza.
Après cette année forte en émotions pour lui, son seul objectif est de se relaxer sans prise de tête et sans complications. Il n'a rien calculé car, à part chiller, qu'...
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Isaïa Ibiza - villa
Je n'attends pas une seconde de plus et je trace. Peut-être que j'aurai pas dû faire ça. Sa réaction me stresse. Imaginez que j'ai froissé son égo, il va me faire la misère !
J'ai à peine fais dix mètres dans le jardin que le faux blond me rattrape en deux deux. Ses mains qui maintiennent mon corps en tenant mon ventre, me rapprochent dangereusement du bord de la piscine.
— Mathieu non pas la piscine ! Il fait tard on va réveiller tout le monde !
— excuse-toi alors.
— alors là tu rêve, dis-je directement.
Il fait un pas de plus. Mon corps bascule brusquement vers l'eau.
— c'est bon c'est bon ! Criai je. T'as gagné. Pardon orh.
Mathieu me recule d'un coup en arrière. Son torse pressé contre mon dos vibre, signe qu'il se fou de moi. Ses ricanements résonnent dans mes oreilles. Je roule des yeux. Il me fait un croche-pied qui me fait tomber puis me plaque au sol. Je suis maintenant sous lui et il maintient mes mains dans la sienne au dessus de ma tête.
— toi là tu fais trop la folle ! Dit-il. T'as de la chance t'as pas fini à l'eau !
La lune qui nous éclaire m'aide à voir qu'il est amusé par la scène. C'est bien, ça veut dire qu'il m'en veut pas trop. Ses yeux clairs sont illuminés par la lumière de la lune. Ce n'est pas la première fois que je le vois sous cet angle mais c'est la première fois que je le trouve beau.
On s'observe de plus en plus longtemps yeux dans les yeux. C'est aussi perturbant que plaisant. Attendez qu'est-ce que je raconte ?
Ne sentant plus sa prise serrer mes mains, je les prends pour le repousser. Il fini sur le côté.
— t'es trop sauvage ! Dit-il. Doucement wesh !
— t'es trop lourd aussi ! Je commençais à suffoquer. Je roule des yeux. Bon va te laver le visage, on dirait un gosse de trois piges !
Avant que je sois complètement debout, le blond me fout de la chantilly de son visage sur le mien. Il m'en étale bien partout en riant. J'essaye de le repousser en lui criant d'arrêter mais il continue. Je le déteste !
— Mathieu ! Je crie. T'as quel âge ?!
Il se stoppe enfin pour mon plus grand soulagement. J'essuie comme je peux mon visage.
— maintenant on arrête vraiment, il me tend la main.
Je la regarde mal. J'ai pas envie de la serrer.
— drapeau blanc, ajoute-t-il. Izy wesh !
— « Izy » ? Je lève un sourcil. C'est nouveau ça ?
— ouais t'aime pas ?
— si si j'aime bien mais jamais personne ne m'a appelé comme ça. Ça sonne bien.
Il sourit fièrement, toujours la main tendue vers moi. Finalement je la serre dans la mienne. C'est comme ça qu'on fait la paix et qu'on décide de ne plus s'embêter avec de la nourriture.
[...]
Mathieu et moi étions sensés nous séparer après nous être lavés le visage. On s'est souhaité une bonne nuit au bout du couloir comme toute personne normale qui s'en va se coucher, pourtant on est de nouveau dans sa chambre à discuter.
Plus je parle avec lui, plus je comprends ce que me disais Shana sur le fait qu'on a la même personnalité. Ça fait limite flipper ! On a les mêmes délires et on aime presque les mêmes choses.
— je le sens que ça va finir en nuit blanche, dit-il.
— de fou ! Je ressens pas du tout la fatigue là.
— ouais pareil.
Allongés sur le dos, lui et moi partageons ses écouteurs branchés à son téléphone. Ce dernier diffuse de la musique. Chacun notre tour nous nous faisons découvrir un morceau qu'on kiffe en ce moment.
C'est un peu comme la dernière fois après qu'on ait nettoyé notre bazar au salon.
— encore du Hamza ? Dit-il choqué. T'es fan de lui ou quoi ?
Je rigole légèrement.
— non mais j'aime bien sa voix. Elle fait planer sans même avoir besoin de fumer. Ferme les yeux et écoute.
Je clique sur Dale x Love Therapy. Comme demandé, le faux blond ferme les yeux et écoute les paroles. Je fais la même chose en chantonnant les paroles de ce morceau que j'adore.
Quand j'suis dans le club je ne fais que tiser Devant les autre garces qui ne font que kiffer Dale, dale oh dale, babe
En synchronisation, Mathieu expire la fumée de son spliff vers le plafond. J'ouvre les yeux et le vois faire des cercles avec sa bouche, toujours les yeux clos. Je n'arrive pas à détourner le regard de cette image.
Moi j'suis pas Beyoncé, t'as vu le déhanché J'pourrais tout balancer si tu m'invites à danser Ah oui, ah oui, cette nuit on peut le faire Ah oui, ah oui et cette nuit on va le faire
Le rappeur rouvre les yeux et tourne la tête. Mon regard remonte maintenant à son visage qui n'exprime aucune expression apparente à part un sourire au coin. Mon cœur s'emballe en même temps que mon ventre se tord. J'aimerais tourner la tête et fixer quelque chose ailleurs mais je n'y arrive pas.
J't'ai jamais menti, hey oh, hey oh À part deux-trois fois Mais tu sais même pas que j'avais menti Effraction dans ton cœur, comme un bandit Aime-moi ou tant pis, aime-moi ou j'm'enfuis Effraction dans ton cœur, c'est l'incendie
Le polonais corse se rapproche de moi. Sa bouche s'arrête au niveau de mon oreille où il me chantonne les paroles du refrain. Je veux le nier mais je dois l'avouer : je frisonne. Sa voix grave et son souffle chaud qui frôle ma peau ne me laissent pas insensible.
Je me recule directement dès que la dernière note du morceau retentit. Je me redresse, chamboulée.
— ça va Isaïa ?
— c'est ta fumée, je mens, elle me donne le tournis. Je vais dormir.
— ah déjà ?
Je sens un soupçon de moquerie dans son ton de voix. Il ne fait aucun doute que Mathieu a comprit que son petit manège m'a rendue toute drôle. Je n'ose même pas me retourner et le regarder. Ça lui ferait trop plaisir de me voir l'état dans lequel il m'a mit.
Je me lève et me dirige vers la porte de sa chambre.
