Chapitre 4

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- 3 avril 2023, Sofia-

🎶 Goodbye My lover - James Blunt 🎶

Un bouquet de fleurs à la main, je me tiens devant le portail du cimetière de Monaco, là où repose mon frère. Depuis son enterrement, je n'ai pas osé franchir ces grilles... Peut-être parce que je n'ai jamais eu le courage, ou peut-être parce que je redoutais de me confronter à sa perte. Je me sens pétrifiée à l'idée de me recueillir sur sa tombe, comme si cela officialisait définitivement son départ. Mon deuil, toujours inachevé, semble trop lourd à porter, trop difficile à accepter.

Le cœur lourd, je pénètre dans le cimetière. Mélanie m'a indiqué le chemin pour retrouver la sépulture de notre frère, et grâce aux panneaux indicateurs, je m'oriente avec peine. À travers les allées silencieuses, je finis par trouver la tombe de Jules. Elle est parée de nombreuses fleurs, comme un témoignage éclatant de l'affection que lui portent encore ceux qui l'ont aimé. Des anges veillent silencieusement autour de lui.

Je retiens un sanglot en découvrant une photo de lui, le visage radieux. Toujours souriant, malgré les dangers de son métier, il rayonnait de bonheur. C'est cette insouciance, cette joie de vivre, que j'admirais tant chez lui.

Mon cœur se serre en remarquant une plaque, nouvellement posée, portant un mot que je n'avais jamais vu auparavant. Elle semble avoir été installée pendant mon absence, et cette découverte ravive en moi une vague d'émotions mêlées.

À celui qui m'a tout appris, pour qui je me bats chaque jour. À mon parrain...

Dans un élan de détresse, je m'effondre au sol, submergée par le chagrin. Mes sanglots déchirent le silence du cimetière alors que je me laisse tomber à genoux devant la tombe de mon frère bien-aimé. Posant ma tête sur le marbre froid, je laisse mes larmes couler librement, comme un torrent de douleur et de regrets. Je m'excuse auprès de lui, regrettant chaque instant où j'ai fui cette réalité douloureuse.

Rien ne me retenait ici autrefois, pas même les liens du sang. Charles et moi étions en froid, et la tension avec nos parents rendait la situation encore plus insupportable. Face à cette détresse familiale, la douleur de la perte de Jules semblait insurmontable. Pourtant, en cet instant, je réalise que ma fuite n'a fait qu'accentuer ma souffrance.

Je n'ai pas eu le courage d'affronter mes parents, de leur faire face et de partager avec eux le poids de notre chagrin commun. Cette lâcheté me ronge, ajoutant une nouvelle couche de remords à ma peine déjà débordante.

« Je te demande pardon, Jules... »

Dans le tumulte de ma douleur, je sens la lourde responsabilité peser sur mes épaules fragiles. Jules n'aimerait pas voir notre famille ainsi déchirée, morcelée par le chagrin et les regrets. Mais la réalité est là, implacable et cruelle. Mélanie et Tom parviennent à maintenir le lien avec nos parents, mais pour ma part, je me dérobe à cette douloureuse confrontation.

Dans mon cœur meurtri, une amertume tenace s'installe. Je ne peux m'empêcher de ressasser les mêmes pensées lancinantes : nos parents auraient dû empêcher Jules de poursuivre sa passion pour la Formule 1. S'ils avaient été plus fermes, s'ils avaient su détourner son chemin vers une voie moins dangereuse, peut-être qu'il serait encore parmi nous aujourd'hui.

Je rêve de retrouver l'harmonie perdue, de réunir notre famille autour d'un bonheur retrouvé. J'aspire à ces moments de complicité où Jules égayait nos vies de ses facéties, où Charles et moi étions inséparables. Mais ces rêves sont désormais brisés, réduits en poussière par la cruauté implacable de ce funeste accident. Tout s'est effondré en un instant, laissant derrière nous un désert de souffrance et de désolation.

Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant