Chapitre 8

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- 12 avril 2023, Charles-

Nous nous garons devant l'aéroport, descendant de la voiture pour accompagner Charlotte jusqu'à la salle d'attente. Son avion s'envole dans une heure et demie, une échéance qui pèse lourdement sur nos épaules. Malheureusement, le temps nous est compté, nous ne pouvons rester à ses côtés jusqu'à son départ, nos obligations sportives nous rappelant à l'ordre.

« Merci de m'avoir accompagné. Fais attention à Sofia, Charles. » Me dit Charlotte en me prenant dans ses bras.

Je lui fais la promesse solennelle de veiller sur Sofia avec la plus grande attention. Un sourire de soulagement éclaire mon visage à la pensée que leur rencontre s'est déroulée sans accroc. Hier soir, lors du barbecue improvisé par Carlos, j'ai pu observer avec satisfaction l'harmonie naissante entre Charlotte et Sofia. Leurs rires complices ont résonné dans l'air, tissant des liens invisibles mais solides.

La brune prend congé de Carlos avec une accolade chaleureuse avant de se tourner vers Sofia, murmurant quelques mots à son oreille dans un geste empreint de complicité. Je me demande ce qu'elle a bien pu lui confier pour déclencher un tel éclat de rire chez la sœur de Jules. Leurs échanges se concluent par une étreinte sincère, Charlotte recommandant à Sofia de prendre soin d'elle-même. Mon amie s'éloigne peu à peu, nous saluant d'un geste de la main avant de disparaître dans la foule.

Nous quittons l'aéroport et prenons place dans ma voiture, Sofia semblant légèrement tendue à l'arrière. Son stress est palpable, et je ne peux m'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Ai-je commis une erreur en lui proposant de m'accompagner ? Cette décision, motivée par une envie partagée de se changer les idées, me paraît soudain égoïste. Elle n'est pas encore remise de l'accident de son frère, et pourtant, je l'ai entraînée dans un univers qui ravive sans doute de douloureux souvenirs.

Quand nous arrivons au circuit une quinzaine de minutes plus tard, je me tourne vers Carlos et lui demande de prendre les devants. Sans poser de question, il acquiesce et sort de la voiture. Je me retourne alors vers Sofia, confrontant son regard empreint d'appréhension.

« Tu peux rester dans la voiture si tu veux...

- Non, ça va aller...

- Sofia... Je suis sérieux. Je suis désolé de t'avoir embarqué là-dedans... Si tu ne veux pas me suivre jusqu'au circuit, je comprends... »

Elle acquiesce lentement, mais je peux discerner la tristesse dans son regard alors que des larmes se frayent un chemin le long de ses joues. Mon cœur se serre douloureusement à cette vue. Je descends de la voiture et me glisse à l'arrière, enveloppant tendrement Sofia dans mes bras pour lui offrir un peu de réconfort dans cette mer de tourments.

« Excuse-moi...

- Il ne va rien t'arriver, hein ? Aujourd'hui...

- Non, je te le promets. Rien du tout. C'est juste un entrainement, Sofia.

- Je sais mais... J'ai peur. »

Je caresse doucement son dos tandis qu'elle se blottit contre moi, et je dépose un baiser réconfortant sur le sommet de son crâne. Ses sanglots résonnent dans le silence de l'habitacle, et mon cœur se serre à chaque plainte étouffée. Je murmure des mots apaisants, essayant de lui insuffler un peu de calme dans cette tempête émotionnelle. Mais au fond de moi, je suis rongée par la culpabilité. Je m'en veux de la voir ainsi, submergée par la peine que j'ai involontairement provoquée. Je me sens comme une horrible personne, consumée par ce sentiment de responsabilité accablante.

« Je viens avec toi. » Dit-elle en se séparant de moi.

J'essuie délicatement ses larmes avec tendresse, acquiesçant doucement pour lui signifier que je suis là, que je comprends. Un geste protecteur, empreint de réconfort, scelle notre échange alors que mes lèvres effleurent son front. Ensemble, nous émergeons de la voiture, traversant le seuil du portail pour pénétrer sur le circuit. Dans ce lieu vibrant d'excitation, Sofia serre mon bras avec force, cherchant un ancrage, une présence familière. Je sens son cœur battre la chamade, résonnant avec le vrombissement des moteurs, alors je resserre mon étreinte autour d'elle, lui offrant un refuge dans ce tourbillon d'émotions.

Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant