Chapitre 15

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- 22 avril 2023, Charles-

Sofia se lève de table avec une grâce tranquille, ses pas résonnant légèrement sur le sol tandis qu'elle se dirige à l'étage pour aller aux toilettes. Pendant ce court instant, Charlotte, assise à côté de moi, me confie avec douceur qu'elle croit en moi pour le prochain prix, un sourire bienveillant illuminant son visage. Touché par ses mots empreints de soutien, je pose délicatement ma main sur sa cuisse en signe de gratitude, la chaleur de sa peau sous mes doigts une douce caresse qui témoigne de notre complicité malgré la fin de notre relation. Même si nous ne sommes plus ensemble, même si nos chemins ont divergé, elle reste une personne importante à mes yeux, un pilier sur lequel je sais pouvoir toujours compter.

« Alors, mon petit Charles... Comment ça se passe avec Miss Bianchi ?

- Comment ça ?

- Oh, ça va. Pas à nous. On voit ton sourire de con dès qu'elle ouvre la bouche. » Dit Riccardo.

Voilà qu'il s'apprête à commencer. D'un mouvement de tête désapprobateur, je lui signifie mon désaccord, puis je lance un bout de pain à la figure. Son rire éclate dans l'air, vibrant comme une mélodie joyeuse qui résonne dans la pièce.

« Bah, c'est cool. On s'entend bien quoi.

- Tu l'as déjà sauté ? » Demande Guillaume.

Joris lui adresse une tape légère sur l'épaule, déclenchant un éclat de rire complice entre nous. Une pensée fugace traverse mon esprit : devrais-je leur révéler la vérité sur ce qui s'est passé lors du 16ème anniversaire de Sofia ? Ils étaient présents ce jour-là, mais je n'en ai jamais discuté avec eux, gardant ce secret enfoui au plus profond de moi.

« Ouais.

- Hein ????

- Doucement ! Vous allez finir par réveiller les morts. C'était une fois. À ses 16 ans.

- Pardon ? Et c'est maintenant que tu nous préviens ? Mais raconte !! »

Mon dieu, est-ce que je vais vraiment leur ouvrir mon cœur à ce sujet ? La honte me tenaille, une sensation brûlante qui consume mes entrailles. Pas honte d'avoir partagé un moment intime, non. Mais honte d'être parti comme un voleur le lendemain, laissant derrière moi un écho de regrets et de remords. Je prends une profonde inspiration, rassemblant le courage nécessaire pour leur conter les détails de cette soirée, sachant que leurs réactions seront chargées d'étonnement et de jugement. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises, croyez-moi.

Je leur narre l'enchaînement des événements avec une voix empreinte de culpabilité, sentant le poids de mes actes peser lourdement sur mes épaules. Leurs regards témoignent de leur stupeur, de leur incompréhension face à mes agissements passés. Honteux, je leur avoue sans détour que le lendemain, j'ai pris la fuite comme un lâche, laissant derrière moi seulement un petit mot chargé d'excuses vides de sens. Et là, Marta, fidèle à elle-même, me frappe l'arrière de la tête d'un geste brusque, affirmant haut et fort que, oui, je suis un sacré salaud. Comme si je ne le savais pas déjà, comme si ses mots ne résonnaient pas déjà en écho dans les recoins les plus sombres de mon âme tourmentée.

« On parle de Sofia, mais ça fait quand même un quart d'heure qu'elle est enfermée dans les chiottes. » Dit Guillaume.

Effectivement, cela fait un moment qu'elle a déserté cette table, emportée par le flot de mes récits captivants. Nous étions tellement absorbés par l'histoire que je déroulais, happés par chaque mot, chaque nuance de mon récit, que nous n'avons pas remarqué son départ. Une légère inquiétude me traverse alors que je réalise son absence, une vague de préoccupation qui étreint mon cœur de son emprise glaciale.

Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant