Chapitre 20

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- 30 avril 2023, Sofia-

🎶 Angel By The Wings - Sia 🎶

Recroquevillée sur moi-même dans les toilettes, je supplie le silence de s'installer. Je veux que mes larmes se tarissent, que le bourdonnement incessant cesse. Mais la tempête émotionnelle refuse de s'apaiser. C'est comme si une force invisible me submergeait. Pourtant, la conférence de presse précédant la course s'est déroulée sans heurt. Carlos et Charles semblaient détendus, et cette sérénité m'avait gagnée également. Je me souviens même avoir ri aux plaisanteries du pilote monégasque. C'était comme retrouver un fragment de moi-même, une échappatoire au tumulte intérieur... Pour la première fois depuis l'accident de Jules, je me sentais à ma place près d'un circuit.

Puis, tout s'est effondré, précipitamment, sans prévenir. Charles et Carlos ont pris position sur la grille de départ, et j'ai suivi du regard les monoplaces s'élancer. Mais soudain, mon souffle s'est coupé. Je ne pouvais plus regarder la course... Accablée par la terreur de perdre Charles, je me suis retrouvée prise au piège dans les toilettes, figée par la perspective de revivre le cauchemar de l'accident de mon frère, survenu il y a huit ans. Les images du violent crash de sa monoplace hantent toujours mes pensées...

Une nouvelle vague de sanglots m'étreint alors qu'un léger toc résonne à la porte des toilettes. Mes forces défaillent, incapable d'articuler le moindre son. Immobile, je reste figée, prisonnière de mon propre chagrin. Des pas pénètrent dans la pièce, mais ma vision embuée m'empêche de distinguer clairement la silhouette qui s'approche. Une certitude persiste : c'est un homme. Une présence familière dépose un casque sur mes oreilles, et un frisson parcourt mon corps en reconnaissant la voix apaisante que je désespérais d'entendre.

« Mon amour, je suis là... Je te promets que je suis là. Je ne te lâche pas, ok ? » Dit Charles.

Un léger mouvement de tête accompagne mes pensées, même si dans l'obscurité de mes larmes, il ne peut le percevoir. Comment a-t-il discerné mon désarroi, alors qu'il est plongé dans l'effervescence de la piste ? Comment a-t-il deviné que j'avais besoin de sa présence réconfortante au milieu de ma tourmente intérieure ?

« La course se passe bien. Max m'a devancé. En même temps, je m'y attendais un peu. Mais Sergio l'a dépassé. Putain, je maudis ces pilotes. Je te jure. »

Même à travers mes larmes, un rire émerge, comme une bouffée d'air frais dans ma peine. Son pouvoir apaisant se révèle encore une fois, même dans les moments les plus sombres de mon âme. Je reste étonnée, me demandant quel mystère se cache derrière sa capacité à alléger mes fardeaux.

« Tout se passe bien pour moi. Je gère. Je vais décrocher ce podium, je te le promets. Pour toi. Je vais le décrocher pour toi. Sofia, tu es la personne la plus forte que je connaisse, tu le sais, n'est-ce pas ? Tu ne peux pas savoir à quel point ma vie a changé depuis que tu es revenue. Je suis meilleur, je le ressens. C'est grâce à toi. »

Non, la force m'échappe. Si j'étais réellement forte, pourquoi la simple idée de regarder cette course me fige dans l'incapacité d'agir ? Je suis prise d'une paralysie émotionnelle, incapable de franchir ce seuil. Ainsi, je ne peux prétendre à cette force, elle me reste étrangère.

« Je t'aime tellement Sofia. Si tu savais à quel point je t'aime... »

Je presse mes lèvres l'une contre l'autre, tentant en vain de retenir les larmes qui menacent de couler. Mais mes efforts sont vains lorsque la voix de Charles vacille, sur le point de se briser... Non. Il ne devrait pas verser de larmes. Pas maintenant... Pas au cours d'une course.

« Ne pleure pas, s'il te plait... Je... Je ne veux pas que tu pleures, Charles...

- Ne t'en fais pas... Je suis content de t'entendre. Ça me donne encore plus l'envie de me battre. »

Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc Où les histoires vivent. Découvrez maintenant