Et si c'était écrit ? || Charles Leclerc

Chapitre 30

- 16 mai 2023, Sofia-

🎶 The Night We Met - Lord Huron 🎶

Revenir là où tout a commencé, ça me fait bizarre... C'est comme s'il était toujours là. Avec nous... Je regarde ma mère en train de cuisiner un poulet à l'espagnol, et je laisse échapper une larme en revoyant Jules le cuisiner avec elle. Il faisait à manger à la perfection. De nous 4, c'était lui le plus perfectionniste. Tom et Mélanie ne faisaient pas bon ménage avec la cuisine. Et moi, je sais faire cuire des pâtes donc...

Mais Jules, c'était différent. Il tenait de maman. La cuisine, c'était sa deuxième passion. Il me l'avait longtemps répété. S'il ne trouvait pas sa vocation dans la F1, alors il tiendrait son propre restaurant. Avec sa brigade. Il aurait dû lâcher la F1... S'il avait choisi la cuisine, rien de tout ça ne serait arrivé. Il serait là, en train d'aider maman à faire ce poulet à l'espagnol qu'il adorait préparer. Puis, il m'aurait engueulé parce que je ne sais pas faire à manger...

« J'ai coupé les poivrons mamie ! » Affirme Julio.

Ma mère lui ébouriffe les cheveux et félicite Julio pour ce travail executé à la perfection. Plus je regarde ce gosse, et plus je me dis que c'est Jules. Les mêmes manières, les mêmes mimiques... Et les mêmes passions. Camille ressemble aussi à Jules, mais Julio... C'est différent. J'ai l'impression que Jules est toujours là...

« Regarde tata ! J'ai bien coupé, hein ? »

Julio descend de sa chaise et vient me montrer les poivrons coupés. Il penche sa tête à droite et me regarde. Je lui souris tristement en versant une larme. La façon qu'il a de me regarder... C'est le portrait de Jules tout craché... Et j'ai terriblement mal au cœur en le voyant.

« Désolée... » Je dis en étouffant un sanglot.

Ma maman me regarde et je hoche la tête comme pour lui dire que ça va. Julio pose les poivrons sur le plan de travail et revient vers moi pour s'asseoir sur mes genoux. Il enroule ses petits bras autour de mon cou et pose sa tête sur mon épaule.

« Moi aussi mon papa me manque... Mais maman m'a dit qu'il était une étoile maintenant. Et les étoiles, elles brillent dans le ciel. Il n'est pas mort, hein. Il est toujours là. Dans le ciel. Il s'est transformé en une étoile et il nous regarde. Le soir, avant d'aller me coucher, je regarde les étoiles, et je le vois. »

Jules est l'étoile de ma vie. De nos vies... Et comme le dit si bien Julio, il n'a jamais cessé de briller. De son vivant, c'était le soleil dans un orage... Maintenant, c'est une étoile parmi tant d'autres... Je resserre mon étreinte sur mon neveu et caresse son dos. Ma mère renifle à son tour, et je comprends rapidement qu'elle est en train de pleurer.

« Viens dans le câlin mamie ! » S'exclame Julio.

Ma mère stoppe toute action et nous rejoint dans ce câlin. J'avais tellement besoin de ce genre de contact depuis mon retour à Nice. Notre famille a toujours été soudé. Jusqu'au jour où j'ai décidé de partir. En rejetant toute la faute sur mes parents. Je me rends compte de l'erreur que j'ai commise. Ils avaient besoin de moi. Et comme une lâche, je les ai laissé tomber...

« On va continuer le plat, chéri ?

- Oui ! »

Le câlin se termine, par mon plus grand désarroi, d'ailleurs, puis Julio et ma maman retourne aux fourneaux. Moi, je sors de la cuisine, et grimpe à l'étage. Je traverse le couloir, et avec un immense courage, j'ouvre la porte d'une pièce que je ne pensais pas rouvrir un jour.

Rien n'a changé. Les posters de Senna sont toujours au même endroit. Et son odeur... C'est comme s'il était toujours là. Je regarde la pièce et me dirige vers son bureau, là où est posé son ordinateur portable. C'est dingue. En 8 ans, ma mère a tout gardé... Sur le meuble, je prends un cadre dans mes mains et je souris en voyant une photo de lui et Charles. J'apparais derrière, en train de faire une grimace. C'était à Barcelone en 2012. Le bon vieux temps...