⤞Chapitre 1⤝

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Athéna

Bleu acier. Rouge sang. Gris acier.

Ma palette faite, j'attrape l'outil qu'il me faut et continue la peinture que j'ai commencé la veille. Les couleurs que j'ai choisis sont loin d'être joyeuses. Elles sont tout simplement aussi fade que mon humeur. Le pinceau que je tiens fermement dans ma main droite, rend mes gestes beaucoup moins précis en tremblant légèrement. Ma pression est trop forte, mais je ne m'arrête pas pour autant. Mes traits ne sont pas droits et, contrairement à d'habitude et mon côté perfectionniste, je trouve que cela rajoute quelque chose à mon tableau. Je transmets réellement l'émotion qui me traverse à l'heure actuelle. Le bleu vient lentement prendre la main sur le vert, le gris tournant presque au noir amène une noirceur déconcertante au milieu des jolies fleurs que j'ai esquissé hier soir. Je n'ai plus envie que ce tableau soit harmonieux, joyeux, printanier. Toute trace de douceurs disparaît peu à peu face aux couches de peintures que je ne cesse de rajouter.

Une seconde vie à ce tableau semble se dessiner peu à peu en même temps d'un rictus satisfait sur mon visage. Mes émotions prennent le dessus, mais finalement, c'est pour cela que je peins aussi.

De légers grincements à ma droite m' avertisse de sa présence, mais je ne détourne pas la tête pour autant. J'espère même que si j'attends assez longtemps, sans lui accorder d'importance, elle va s'en aller et me laisser tranquille.

Je sais pourtant que c'est mal connaître ma sœur de penser ça, mais après tout, on peut toujours rêver, c'est pour ça que l'on vit.

Je trempe une derrière fois les poils du pinceau dans ce rouge avant de m'appliquer le plus possible à faire cette fois-ci, une ligne droite. Je suis douée pour faire ce genre de chose. Pourtant, au plus ma main s'approche de la toile, au plus cette dernière tremble, m'empêchant de réaliser la tâche souhaitée.

Un soupire d'exaspération me vient tandis que je pose délicatement le pinceau dans un verre rempli d'eau afin de ne pas l'abîmer en faisant sécher la peinture qui s'y trouve. Toujours sans lui accorder d'attention, j'attrape le torchon posé sur ma chaise et m'essuie les mains afin d'enlever les éventuelles traces de peintures. Ma frustration me fait frotter un peu trop fort, laissant des marques rouges sur la peau sensible de mes mains.

- Athé...

Sa voix se veut douce, essayant surement de rattraper le coup en utilisant mon surnom, mais malheureusement pour elle, cette fois-ci ça ne marchera pas.

Ne souhaitant pas entendre ses excuses, je l'empêche d'aller plus loin.

- C'est la deuxième fois Ella, je lance d'un ton sec

Je détourne enfin le regard vers elle. Ses iris bleus azures me scrutent, essayant sûrement de m'analyser, afin de savoir la réponse que j'attends. Elle est toujours adossée dans l'encadrement de ma porte, les bras croisés.

- C'est la deuxième fois, je reprends, que tu me laisses en plan pour un rendez-vous important où bien entendu, je ris nerveusement, tu m'avais promis d'être là.

- J'ai eu un imprévu, elle lance du tac au tac

- Et me prévenir c'est trop compliqué ?

Pour la première fois depuis le début de notre discussion, elle baisse le regard et inspecte ses chaussures.

Je souffle, exaspérée de son comportement, et commence à ranger tout mon matériel soigneusement. Ses mimiques veulent tout dire, elle n'a pas simplement eu un imprévu, elle a totalement oublié.

- Comment s'est passé le rendez-vous ? finit-elle par demander prudemment.

Je ne prends pas la peine de me tourner vers elle, restant de dos pour lui répondre.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now