⤞Chapitre 16⤝

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Quatrième symptôme : le désespoir face à l'avenir, c'est la perte de toute espérance d'un avenir heureux mais c'est ce qui nous enlève une part de culpabilité

***

Athéna

L'odeur caractéristique de la peinture qui, habituellement m'apaise, me monte actuellement à la tête jusqu'à m'en faire mal. Je sais que mon cerveau se protège actuellement, me provoquant ces maux de tête comme l'inverse d'un effet placebo.

Je ne suis pas prête à reprendre des pinceaux en mains. Pourquoi peindre si elle n'est plus là ?

Ce serait mentir si je disais que je n'avais pas eu l'envie de peindre depuis que j'ai mis tout mon matériel dans la rue. Charles n'est pas au courant, sinon il ne m'aurait jamais emmené dans un endroit comme ça. J'essaye de faire une croix sur mon passé, sur tout ce qui me rend heureuse et qui se rapproche surtout, de près ou de loin, à ma sœur. C'est dur à admettre mais j'ai l'impression que c'est le seul moyen pour moi d'avancer.

Ce n'est pas en sautant à pieds joints dans une cause de mon malheur qu'il va se résorber. Pourtant, les iris vertes du monégasque me font comprendre à quel point il est important pour lui que je fasse ce cours. Mon cerveau doit me jouer des tours, pourquoi cela serait capital que je reste ?

Je sens qu'il essaye de comprendre ce qu'il se passe dans ma tête, me sondant sans jamais me lâcher du regard. Sa main n'a toujours pas lâcher la mienne comme s'il avait peur que je m'en aille. Et il a raison d'avoir peur. Actuellement j'ai juste envie de prendre mes jambes à mon cou, m'enfermer chez moi et ne plus jamais en sortir.

- S'il te plaît Athéna, sa voix me sort de mes pensées, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le pour moi.

En entendant ses mots, j'aurais envie de lui rire au nez, je n'ai aucune véritable raison de faire ça pour lui. D'un autre côté, il semble fournir tellement d'effort pour que j'aille mieux, je le vois même si je ne le comprends pas. Alors sans un mot, je détache ma main de la sienne et me dirige vers l'un des chevalets. Il ne tarde pas à faire de même, s'asseyant à ma gauche.

Une dame, ayant sûrement l'âge de ma mère, m'adresse un sourire réconfortant auquel je réponds avant qu'elle ne prenne la parole afin de lancer le cours.

- Bonsoir à toutes et à tous, merci d'être venue si nombreux pour cet atelier qui, je l'espère, vous donnera goût à la peinture, elle se retourne vers nous, ou vous le redonnera.

Surprise qu'elle ait comprit que je ne suis pas novice dans l'art de la peinture, je me tourne vers Charles pour avoir une explication, il se contente d'hausser les épaules démontrant qu'il n'en sait pas plus que moi.

La dame, de son nom Emilie, nous explique qu'aujourd'hui, l'objectif est d'expérimenter de nouvelle chose, de passer par la peinture pour montrer qui l'on est.

Tout de suite, mon cerveau se met en mode artiste et cherche la meilleure des manières pour montrer qui je suis. Je ne sais même pas répondre à la question, je ne sais pas qui je suis en ce moment.

Me voyant perplexe, le regard perdu sur l'immensité blanche de ma toile, Emilie s'approche de moi tandis que le reste du groupe éclate afin de chercher son matériel.

- Il me semble que quelque chose te tracasse je me trompe ?

- Eh bien, je prends quelques instants afin de chercher mes mots, vous nous demandez de montrer qui l'on est mais, je marque une pause, comment peut-on faire quand on ne sait pas réellement qui on est ? Je...Je suis perdue

- Oh, tu sais il est très difficile de savoir qui l'on est. La plupart du temps, on pense le savoir mais ce n'est qu'une vague idée que nous avons. En revanche, je suis sûre que tu sais qui tu veux être. Montre moi la personne que tu désires devenir et tu verras à quel point elle a des points communs avec la jeune femme que j'ai devant moi.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now