⤞Chapitre 10⤝

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Athéna

Comment ose-t-il venir me parler de ça ? Oser comparer ma douleur à la sienne comme s'il comprenait ce que je ressens en ce moment. Je veux bien entendre qu'il a perdu des personnes dont il était très proche. Il n'a jamais vécu ma situation, il n'a pas perdu l'un de ses frères. Je sais que ce que je dis là est très dur, mais la colère voile toutes mes pensées et je me dirige à pas de course vers mon appartement.

J'ai quitté la cérémonie précocement mais je ne me voyais pas entendre toutes ces personnes, dont je ne connais probablement pas le nom, me présenter leurs condoléances. Et puis je connais Charles, il n'allait pas me lâcher comme ça.

Une fois devant mon immeuble, je passe le badge afin d'ouvrir la porte. Comme à son habitude, elle le refuse une première fois mais toute patience s'est faite la male de ma personne pour aujourd'hui. Hargneusement, je tente une seconde fois et arrive tant bien que mal à passer cette foutue porte. Mes jambes me guident vers mon appartement en enjambant les escaliers deux par deux. C'est comme si, une fois que je serais enfermée dans ma chambre, tout ira mieux. Alors je me dépêche, je ne fais pas attention à mon souffle court et arrive tant bien que mal devant ma porte. Malgré mes doigts tremblants, je parviens à insérer la clé dans la serrure et à la tourner précautionneusement. Je m'engouffre enfin dans mon entrée et referme violemment la porte comme si j'étais poursuivie par quelqu'un. Aucun bruit ne vient briser le silence qui m'entoure, à part ma respiration saccadée que je tente de reprendre petit à petit.

Après une durée que je ne pourrais pas déterminer, je me relève péniblement et avance en direction du salon. Je me sens littéralement comme une bombe à retardement, je sais très bien qu'il suffira d'un seul petit élément pour que j'explose. Je le sais, je ne pourrais pas faire autrement. Ayant soudainement chaud, je me dirige vers ma cuisine afin de me servir un verre d'eau. Ce dernier n'a malheureusement aucun effet sur mon état mais je n'y prête pas plus d'attention que ça. Tel un zombie, je marche nonchalamment vers ma chambre, avec l'envie de dormir sans jamais me réveiller. Je m'assois sur le lit moelleux avant que mes yeux ne tombent sur une photo.

L'élément déclencheur.

Une rage que je ne saurais décrire m'aveugle, je me lève dans un bon et, d'un coup de bras, fait valser le cadre qui explose en mille morceaux à mes pieds.

Mais ce n'est pas assez.

Je cours jusqu'au salon où le peu d'élément de décoration que j'avais finit par s'écraser à son tour sur le parquet. Un vase, des livres, des papiers, tout y passe. Je ne tarde pas à m'effondrer, mes jambes n'étant plus capable de soutenir mon poids. Et je pleure, sans pouvoir m'arrêter, essayant d'apaiser la colère qui est en moi mais qui ne semble pas vouloir partir. Elle prend de plus en plus de place autour de moi et se loge dans mon cœur comme si elle en faisait partie. Elle s'incruste dans chaque partie de mon corps et forme un bouclier dont je ne suis pas près de me débarrasser.

***

Boum. Boum. Boum.

Des bruits sourds provenant de ma porte me sortent de mon sommeil. J'ai tellement eu de mal à m'endormir, comme les dix derniers jours, que je préfère ne pas y prêter attention et me retourne afin d'essayer de me rendormir.

Boum. Boum. Boum.

Mes yeux s'ouvrent une nouvelle fois et la colère commence doucement à se réveiller en moi. Je n'ai pas la force de m'énerver ce matin alors je décide de ne pas bouger espérant que cette personne abandonne et décide de ne plus jamais passer chez moi.

Boum. Boum. Boum.

- Athéna, je sais que tu es là, ouvre-moi !

La voix qui provient de derrière la porte m'est familière, trop familière. Je me lève clairement à contre cœur, décidée à le faire partir aussi vite qu'il est venu. Je ne sais même pas comment il a réussi à venir jusqu'à moi. Personne ne connaît l'existence de cet appartement, à part Emma.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now