⤞Chapitre 21⤝

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Huitième symptôme : je ne peux pas aller mieux, je n'ai pas le droit, je ne peux PAS.

***

Athéna

- P1 ! P1 ! Good job mate

- Yeahhh, Come on !

Tout le personnel du garage autour de moi est en ébullition. Des dizaines de bonhommes rouges sautent de joie face à la nouvelle victoire du monégasque. On ne peut pas dire qu'il ne l'a pas mérité. Il a offert à son équipe un week-end juste parfait.

Leur joie est plus que communicative et voir Charles aussi heureux me fait tellement plaisir, il le mérite plus que tout.

Si je suis présente ce week-end, c'est uniquement parce qu'il le souhaitait. Je n'étais pas forcément à l'aise avec le fait de revenir à un grand prix. Monza n'a pas été une torture la dernière fois, enfin presque, mais je n'avais pas forcément l'envie de retourner sur un circuit. Pourtant, ça fait maintenant bientôt sept mois qu'elle est partie. 

Le temps passe si vite.

Etant donné que je passe désormais presque plus de temps chez le pilote que chez moi, on est tout le temps fourré ensemble. Tel deux compères qui mènent la vie dure autour d'eux. Pierre nous surnomme même le duo infernal, c'est assez marrant de voir où nous en sommes aujourd'hui.

Quand Charles m'a demandé de l'accompagner pour le dernier grand prix de la saison, je n'ai pas pu lui refuser. Ça avait l'air de vraiment lui tenir à cœur, alors c'est avec un plaisir quelque peu douloureux que j'ai accepté.

J'ai bien entendu emmené mon carnet avec moi, il est presque plein désormais. Je ne me voyais pas partir sans, pourtant, je n'ai presque pas écrit dedans de la semaine. J'oublie la plupart du temps. Je pense que j'arrive à vivre l'instant présent, me raccrochant moins au passé. J'ai pourtant la sensation que je tourne la page trop tôt, que je vais l'oublier. Une part de moi sait que c'est impossible, mais l'autre côté me fait culpabiliser jusqu'à m'en rendre malade.

Charles m'aide énormément de ce côté-là. Au début, je lui en ai voulu de vouloir me parler de ces expériences passées. J'étais fermé dans l'idée qu'il comparait nos douleurs alors qu'il voulait juste me faire savoir qu'il me comprenait. Ces derniers temps, nous en avons longuement parlé, ça m'a fait énormément de bien de pouvoir me livrer à ce sujet. Et je peux peut-être me tromper, mais je pense que lui aussi.

Je suis sortie de mes pensées par Kika qui me tire par la main pour m'emmener voir le podium. Nous courrons comme deux idiotes jusqu'à celui-ci et nous cachons derrière quelques mécaniciens. Enfin, on ne fait pas exprès de se cacher, je ne suis pas très grande alors ce n'est pas difficile de me cacher derrière grand-chose.

Les premières exclamations se font lorsque le pilote français monte sur le podium. Avec mon amie, nous hurlons afin de féliciter Pierre qui mérite amplement ce podium. Nous continuons afin d'applaudir Max avant que mon champion préféré ne monte sur la première marche du podium.

Cette année, il a clairement écrasé tout le monde, je ne sais pas d'où il puise sa force, mais c'est clairement quelque chose que j'admire chez lui. Le titre de champion du monde lui revient de droit et nous échangeons un sourire complice lorsqu'il me repère dans la foule.

Je comprends désormais ce que ma sœur lui trouvait, je crois que moi aussi j'ai trouvé mon meilleur ami.

***

J'attends le pilote numéro seize depuis bien trop longtemps. La moitié des mécaniciens sont déjà partis et ça fait exactement vingt cinq minutes qu'il m'a dit qu'il serait là dans cinq minutes, le temps de prendre une petite douche.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now