Je te le promets

⤞Chapitre 14⤝

Deuxième symptôme : le dérèglement émotionnel, c'est tout prendre à cœur et te détruire petit à petit

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Athéna

Mais qu'est-ce que je fous là ?

Franchement, je ne sais pas ce qui m'a poussé à accepter. Tout mon cerveau me criait de refuser cette proposition débile et de l'envoyer balader. D'un autre côté, mon cœur avait la sensation de la décevoir si je n'y allais pas et je sais que ça l'aurait déçu. Je ne pouvais pas me défiler.

Charles a raison, quelques jours avant la mort d'Ella, nous avons eu une discussion toutes les deux. Nous avons surtout parlé du rapport au sport que j'allais avoir, je n'ai pas très bien compris pourquoi cela était si important pour elle, sur le moment je n'ai pas bronché et je l'ai écouté attentivement. Elle m'a fait promettre de ne pas « faire la gueule à la course », comme elle aimait si bien le dire, de ne surtout pas tourner le dos aux pilotes, ce que j'ai fais sans que cela ne soit vraiment intentionnel. Malgré tout le soutiens qu'ils m'ont apportés, je n'ai répondu à aucun d'eux, j'appréhende désormais de les revoir. Et surtout, juste avant que je ne quitte la chambre, elle m'a dit cette fameuse phrase.

« Va à Monza pour moi »

Lorsque Charles à commencer à en parler, j'ai tout de suite essayé de l'empêcher de creuser sur ce terrain là. Ça a seulement retourné le couteau encore une fois dans la plaie. Si je ne m'y étais pas rendu, le poids de la culpabilité aurait été bien trop fort pour que je puisse, ne serait-ce qu'imaginer, ne pas y aller.

Il a sorti les bonnes cartes et les a joués au bon moment, je ne pouvais pas refuser et il le savait. Il a gagné cette partie mais il savait très bien qu'il jouait contre plus faible. Je n'ai pas compris pourquoi cela était si important pour lui que je sois présente à ce grand prix.

Depuis le début, je refuse toute aide de sa part et je ne peux clairement pas dire que j'ai été des plus sympa. Pour autant, il ne me lâche pas et dans un sens, ça me rassure. J'ai l'impression que c'est désormais l'un des seuls piliers que j'ai dans ma vie. Je n'ai pas reparlé à mes parents depuis l'enterrement, je n'ai parlé à personne d'ailleurs, sauf à Charles.

Il s'est présenté à moi comme une bouée de sauvetage à laquelle tu n'as pas le choix de t'accrocher, même elle ne te lâche pas. Alors, j'avoue avoir eu peur que si je refusais sa proposition, il allait me laisser tomber à son tour. J'ai compris, sans savoir très clairement pourquoi, que cette demande était lourde de sens de sa part et ça m'a poussé à accepter.

C'est comme ça que je me retrouve sur le circuit de Monza, après à peine quelques mois depuis le décès de ma sœur. Dès que nous sommes arrivés, une vague de panique m'a submergé sans que je ne puisse la contrôler. C'est, sans le vouloir, que j'ai finis par insulter de tous les noms, le monégasque qui était à ma gauche, lui balançant que tout ça était uniquement sa faute. C'est sans broncher, qu'il a pris tous les coups que j'ai pu lui asséner sur le torse, me sentant désemparée, sans savoir comment y remédier. Encore une fois, il m'a promis que tout allait bien se passer, et que quoi qu'il arrive, il serait là.

Je ne pourrais expliquer pourquoi, mais malgré tout ses mots ont réussi à m'apaiser. Nous avons donc pu prendre la route du paddock où il m'a immédiatement emmené dans sa room, afin que je sois au calme et que je ne sois pas dérangé. Je l'ai remercié, gênée de la scène que je lui ai faite juste avant qu'il ne disparaisse pour ses premières interviews de la journée.

Cela fait, je dirais, une petite heure que je suis là, et je commence légèrement à étouffer. J'attrape alors deux choses dans mon sac avant de me mettre à arpenter les paddocks. La brise chaude de cette après-midi italienne caresse doucement mon visage, détendant ma peau tirée par le manque de sommeil. La chaleur que les rayons de soleil offre à ma peau m'apaise, tandis que je prends la direction de la piste. Je commence à marcher, tout doucement, sur ces places où la voiture de ma sœur pourrait se trouver.