⤞Chapitre 9⤝

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Charles

C'est avec une difficulté particulière que je me lève se matin. Je n'ai pas envie d'affronter cette journée, et pourtant, elle se présente à moi comme une obligation de la vie.

Quelle vie de merde.

Je frotte vigoureusement mon visage, essayant de me réveiller. Pourtant mon cerveau semble dans un épais brouillard comme si j'avais déjà vécu la journée qui allait se profiler aujourd'hui. Il est vrai que la vie ne m'a pas gâté de ce côté-là, j'ai dû assister à beaucoup trop d'enterrements à mon âge. Surtout que la plupart n'avait pas l'âge de mourir. L'appartement semble encore plus vide ces derniers temps, comme mort lui aussi. Je n'y passais pas beaucoup de temps, préférant me plonger dans le travail. Même si être sur les circuits, sans elle, rendait la tâche bien plus difficile. Le reste du temps, je le passais à ses côtés en enchaînant les allers-retours à l'hôpital. Chaque jour, je m'y rendais à une heure précise et j'attendais. J'attendais patiemment que ses parents et surtout que sa sœur s'en aille. Elle m'en veut pour une raison que j'ignore et ce n'est ni l'endroit ni le moment pour s'embrouiller. Une fois qu'ils étaient partis, je me dirigeais vers sa chambre, retenant tant bien que mal mes larmes.

Les hommes ça ne pleure pas et encore moins à l'âge que j'ai.

Alors je débarquais dans sa chambre, avec un immense sourire sur le visage, et je faisais le clown pendant les heures suivantes pour que le sien ne s'efface pas.

Je repartais, sans aucune énergie, à bout de voir que son état se dégradais de plus en plus. Mes conversations avec les médecins me faisaient plus de mal qu'autre chose mais je me devais de me tenir informer de son état.

Je ferme les yeux et tente de me concentrer sur ma respiration. C'est le moment d'être fort. Oui j'ai perdu ma meilleure amie, mais j'ai désormais une promesse à tenir et je ne peux pas l'abandonner.

Je tiens toujours mes promesses, toujours.

J'attrape ma tenue préparée la veille. Un t-shirt noir ainsi qu'un pantalon de la même couleur. Je me dirige vers la salle de bain et commence à me préparer. Une fois cela fait, j'attrape ma bouteille de parfum et commence à m'en asperger. Une fois, deux fois, trois fois. Un faible sourire prend place sur mon visage quand je pense à elle et à son habitude de critiquer mon parfum et de me dire que j'en mettais toujours trop.

La bouteille reste quelques secondes en suspend dans les airs avant que je ne la pose enfin. J'attrape mon téléphone et remarque un message de la part d'Emma. Elle ne pourra pas être présente mais me demande de présenter ses condoléances à la famille. Je lui réponds à la positive.

Malgré nos deux ans de relation, nous avons décidé d'y mettre un terme il y maintenant un mois de ça. Il faut croire que les sentiments que nous avions se sont estompés avec le temps, et nous ne pouvions malheureusement rien y faire. Pour son bonheur ainsi que le mien, nous avons rompu mais en restant tout de même en bon terme. C'est quelqu'un que je porterais toujours dans mon cœur malgré tout. Mon téléphone réceptionne un deuxième message, celui de Pierre. Mon meilleur ami m'indique qu'il m'attend en bas. Il a proposé de me chercher et je n'ai pas hésité une seule seconde, je ne suis pas en état de rouler.

J'enfile rapidement mes chaussures et pense de justesse à prendre mon discours que j'ai écrit les nuits passées. Devoir le lire me déchire le cœur mais je lui dois bien ça. Une fois en bas, je repère sa voiture et nous prenons la direction du lieu de cérémonie. Je ne décroche pas un mot de tout le trajet, préférant me perdre dans mes pensées et me laisser bercer par le ronronnement du moteur. Pierre n'essaye pas de me faire la conversation non plus, il a compris qu'il ne tirerait rien de moi.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now