Je te le promets

⤞Chapitre 32⤝

Athéna

Voilà près de deux heures qu'il a quitté ma chambre. Je crois que mes yeux n'ont que très peu quitté du regard la porte, depuis qu'il l'a passé.

Il est parti en nourrissant l'espoir en moi, qui était parti depuis longtemps. L'espoir que tout redevienne comme avant, qu'il revienne enfin dans ma vie.

Je n'en demande pas plus.

Sa présence m'aide tellement qu'elle me suffit. Je veux juste retrouver notre amitié, notre complicité. Toute la colère que nous avons pu porter l'un envers l'autre, nous a simplement mené vers le bas, amenant avec elle la douleur.

Il est temps de dégager les nuages qui ont assombris notre soleil. Notre Ella, celle qui nous a rassemblé, uni, on ne peut pas se permettre de gâcher tout ce qu'elle a réussi à construire malgré son absence.

Malgré les mots durs que nous nous sommes échangés tout à l'heure, j'ai eu la sensation que lui aussi, voulait que tout s'arrange. J'espère tellement ne pas avoir mal interprété tous ces signes que j'ai pu apercevoir.

S'il revient pour mettre fin à tout ça, se retourner sans possible retour en arrière, je crois que cette fois-ci, je ne m'en remettrais pas.

Ça peut paraître bateau de dire ça, mais quand une personne vous tient la tête hors de l'eau, quand elle vous a porté à bout de bras pendant si longtemps, vous ne pouvez pas vous résinier à la laisser partir.

Pas lui aussi.

Je tente de l'attendre, mais plus les minutes passent, plus je commence à tomber de sommeil. J'attrape mon téléphone sur le lit et découvre qu'il est bientôt cinq heures du matin. Si j'étais entrain de faire quelque chose d'intéressant, la fatigue ne m'aurait probablement pas impacté à ce point-là. Attendre comme une débile sur un lit n'est pas très stimulant.

Je lutte, ouvrant grand les yeux quand ils se ferment un peu trop longtemps. Je crois que fini par m'assoupir sur le petit canapé présent dans ma chambre. Des bruits m'éveillent mais je suis trop fatiguée pour me réveiller assez et comprendre ce qu'il se passe.

Deux bras m'attrapent avant de me ramener sur le lit. Le parfum qui emplit mes narines me fait vite comprendre de qui il s'agit.

- Charles ?

- Chut, dit-il dans un murmure à peine audible, on discutera tout à l'heure d'accord.

Pour toute réponse, je me contente de hocher la tête. Il finit par s'allonger à mes côtés, m'entourant de ses bras et je me rendors aussi vite, appréciant cette sensation nouvelle.

***

Des faisceaux lumineux, faisant irruption dans ma chambre me font comprendre que je n'ai pas fermé les volets hier soir. Un grognement m'échappe avant que je ne parvienne à ouvrir les yeux, faisant face à un soleil déjà bien haut dans le ciel. Mes yeux tombent sur le visage de Charles, endormit paisiblement à mes côtés.

Je ne sais pas ce que Pierre lui a dit avant qu'il ne revienne pour le mettre dans l'état avec lequel il m'a récupéré, mais je suis prête à parier que Ella se trouve dans l'équation.

Le plus discrètement possible, je me lève du lit et pars sur le balcon. J'observe le paysage pendant de longue minutes plongée dans mes pensées. J'essaye de comprendre ce qui a pu se passer hier soir, qu'est-ce que tout ça veut dire, quelle va être la suite de tout ça.

Tellement d'incompréhensions traversent mon esprit que je ne sais même plus quoi en faire. Mon regard se place vers le ciel, comme si je lui demandais de l'aide.

Qu'est-ce qu'il se passe Ella ? Est-ce que je vais pouvoir être heureuse un jour moi aussi ?

Le bruit de la porte vitrée derrière moi me tire de mes réflexions. C'est un Charles encore tout endormi qui s'assoit à mes côtés. Il garde le silence pendant un long moment, tout comme moi, ne sachant pas trop quoi dire.

- Désolé de t'avoir autant fait attendre hier soir.

- Désolé de ne pas avoir tenue ma promesse de t'attendre, m'excusais-je en sachant l'importance qu'il accorde aux promesses.

- Je ne t'ai pas rendu la tâche facile, me confirme-t-il un léger sourire sur les lèvres.

Je pensais qu'un nouveau silence allait prendre place mais il reprend la parole.

- On devrait discuter de ce qu'il s'est passé hier soir non ?

- Oui, je...je voulais m'excuser, je finis par dire, je ne t'ai pas laisser t'exprimer. Enfaite, j'aimerais juste que tout redevienne comme avant, que l'on retrouve notre complicité, avouais-je, je ne veux pas te perdre Charles. Je...je marque une pause avant de reprendre, j'ai bien compris que tu ne ressen...

- Tu te trompes.

- Pardon ?

- Je pense que c'est à moi de dire ce que j'ai sur le cœur maintenant.

Il détourne son regard vers l'horizon avant de prendre une grande inspiration.

- Quand Ella est partie et qu'elle m'a laissé avec cette lettre qui me demandait de te faire faire cette liste, je lui en ai d'abord voulu. On ne se connaissait pas vraiment toi et moi, je ne voyais que des obstacles, mais je ne pouvais pas lâcher. C'était quand même l'une de ses dernières volontés, je ne pouvais pas simplement mettre ça de côtés et puis voilà.

Une larme solitaire roule sur ma joue.

- Alors j'ai pris mon rôle très au sérieux, j'y ai vu aussi une manière, égoïstement, de m'en sortir moi aussi. Je ne vais pas te mentir, c'est ce qui m'a réellement motivé au début.

- Je ne peux pas t'en vouloir, le coupais-je, je n'ai pas été des plus sympa avec toi.

Il me sourit avant de reporter son regard sur le paysage et de reprendre.

- Au fur et à mesure, j'ai appris à te connaître, j'ai découvert des facettes de ta personnalité que peu de personnes voient. Et puis...j'ai commencé à apprécier te voir rire, sourire.

Mon cœur commence à battre plus vite dans ma poitrine.

- Avoir tout le temps l'envie de te voir, de passer du temps avec toi, en dehors de cette liste. A ce moment-là, je me suis plongé dans un déni sans fond, je n'avais pas le droit de ressentir tout ça.

- Ce n'était pas ce que t'avais demandé Ella, je murmure comme pour moi-même, comprenant ce qu'il dit.

- Puis, on s'est embrouillé et tout m'est revenu en pleine figure, surtout à cause de Pierre, puis de Mathéo.

- Mathéo ?

Il souffle.

- Ouais, ça me mettait tellement en rogne de te voir avec lui que j'ai compris.

- Que tu as compris quoi ? demandais-je naïvement

Il se lève finalement, m'invitant à faire de même et attrapant mes mains dans les siennes.

- Que je t'apprécie plus qu'une simple amie Athéna. Je sais que je suis nul en déclaration, je ne sais pas quoi te dire mais j'en ai marre de faire semblant, je...

Dans un élan de courage, je lâche ses mains afin de les placer dans sa nuque et dépose mes lèvres sur les siennes. Réalisant ce que je suis entrain de faire, je m'enlève rapidement, prête à m'excuser.

Je n'en ai pas le temps, puisqu'il pose ses mains sur mes hanches afin de me rapprocher de lui et de m'embrasser à nouveau. Des milliers de papillons se réveillent dans mon ventre, j'aimerais que ce moment ne s'arrête jamais.

Quand nos lèvres se séparent enfin, nous restons dans les bras l'un de l'autre.

- Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ? j'ose demander du bout des lèvres

Sans me lâcher, il tourne la tête vers le ciel, glissant à mon oreille.

- C'est elle, mon ange gardien.