⤞Chapitre 15⤝

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Troisième symptôme : la culpabilité, c'est le remord d'être en vie et de pouvoir être heureux quand lui ne le peut plus

***

Charles

Finalement, ce n'était pas une si mauvaise idée de l'emmener sur un grand prix. J'ai bien vu que ça a été particulièrement difficile pour elle, je ne peux pas le nier, j'ai pourtant l'impression qu'une partie d'elle était heureuse d'être venue, même si elle m'a affirmé le contraire.

Le lendemain de notre soirée tranquille, c'est comme si j'avais eu devant moi une tout autre personne par rapport à la veille. Tout sourire s'était effacé de son visage et j'ai vite compris la raison.

La culpabilité.

Dans les premiers mois qui ont suivis la perte de Jules ou de mon père, je ne m'autorisais pas à être heureux ou a ressentir ne serait-ce qu'un instant de bonheur. Je ne pouvais pas être heureux alors qu'une personne importante pour moi venait de me quitter. C'est comme si je passais à autre chose, que je l'oubliais. Il m'était impossible de ressentir quelconques sentiments sans m'en vouloir sauf si c'était de la tristesse et de la douleur. Comme si c'était seulement ce que je méritais.

Ce n'est qu'avec beaucoup de recul que j'ai compris que ce n'était en aucun cas grave d'aller mieux, c'est un long processus pour aller de l'avant qu'il faut accepter, et surtout se dire qu'elle aurait aimé qu'on soit heureux, pas que l'on se morfonde.

Elle ne m'a, à aucun moment, laissé lui expliquer tout ça, préférant se plonger dans un silence dont je n'ai pas réussi à la faire sortir. Je l'ai déposé chez elle, lui promettant de revenir la voir rapidement, je n'ai pas eu de réponse, la voyant seulement se diriger vers la porte de son immeuble avant de disparaître.

Je sais que le chemin vers la guérison sera très long pour elle, je le vois. Mon envie de l'aider grandit de plus en plus et je remercie sa sœur de m'avoir donné les clés pour réussir. Sa présence me manque tous les jours, pourtant j'ai la sensation de l'avoir toujours auprès de moi sans vraiment pouvoir l'expliquer. Moi qui n'ai jamais cru aux signes, j'ai l'impression qu'elle m'en envoie. C'est pour cela que dès que j'ai eu ce prospectus proposant un cours de peinture, je n'ai pas hésité une seule seconde. Un appel et quelques banalités plus tard, je nous avais réservé deux places pour le cours de ce soir.

J'attrape mon téléphone et envoie un message à Athéna afin de la prévenir que je la récupère à dix-huit heures. Je ne lui en dit pas plus et la réception de point d'interrogation de sa part m'indique qu'elle a bien vu mon message. Je pars me préparer en me demandant dans quoi je me suis fourré. Ce n'est pas comme si j'étais un super peintre, à vrai dire je suis vraiment nul. J'espère réellement pouvoir me retirer très rapidement de cet atelier et de la laisser faire.

Quand j'ai dit à ma mère que j'allais participer à un cours de peinture, elle a d'abord explosé de rire et ne s'est pas gênée de sortir tous mes vieux dessins afin de m'exposer à l'absence de talent que j'ai. Ce n'est qu'en lui expliquant que j'y allais avec Athéna qu'elle a réussi à se calmer, je vous jure c'est un vrai personnage.

Avant de partir, j'attrape ce flacon de parfum avant de m'en asperger et me dirige vers mon garage. J'allume sans tarder le moteur de ma Ferrari, il ne faut pas que je tarde si je ne veux pas être en retard.

Je prends la direction de son appartement et, encore une fois, j'ai peur qu'elle me remballe royalement. Après tout, elle ne sait pas dans quoi je l'embarque, mais j'ai l'impression qu'une sorte de relation de confiance s'est installé et qu'elle ne va pas refuser. Je me gare non loin de son immeuble et sonne directement chez elle cette fois-ci. Elle ne tarde pas à m'ouvrir et je grimpe immédiatement les escaliers pour la rejoindre. La porte de son appartement m'attend, ouverte, me laissant libre accès à son petit chez-elle.

Je te le prometsWhere stories live. Discover now