Je te le promets

⤞Chapitre 12⤝

Athéna

Cela fait maintenant trois jours que Charles est passé à l'appartement et il n'est pas revenu depuis. Je fais genre que ça m'arrange bien, mais intérieurement, j'ai presque besoin qu'il revienne. Lui ou n'importe qui. Je n'en peux plus de sombrer comme je le fais, mais d'un autre côté je n'ai pas envie de m'en sortir non plus. La contradiction a pris parti de ma vie et me laisse dans un cercle vicieux duquel je ne saurais sortir. 

Du moins pas toute seule.

Cela fait des jours que j'ère dans mon appartement sans l'envie d'en sortir. Pourtant, ces derniers temps, j'en ressens presque le besoin. Malheureusement, la peur freine toutes mes envies et les envoie aux oubliettes.

Pourquoi j'ai peur ?

Je n'en ai aucune idée. Pendant plus de deux semaines j'ai accusé toute personne croisant mon chemin, d'être le responsable de la disparition de ma sœur. Tout le monde doit m'en vouloir désormais. Je n'avais déjà pas beaucoup de gens à qui je tenais dans ma vie, désormais, il ne doit plus y avoir personne. Je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même, j'en suis entièrement responsable. C'est de ma faute. Mais est-ce que je peux réellement m'en vouloir ? La vie a toujours décidé de me retirer les personnes auxquelles je tenais, sans que je n'ai trop le choix. 

Ayant besoin d'occuper mon cerveau pour ne pas sombrer à nouveau, je décide qu'il est temps de faire un grand ménage. Je n'ai que ça à faire de toute façon. Je commence par la cuisine où je prends le temps de nettoyer chaque assiette, chaque verre, chaque couvert. Tout ce qu'il me passe sous la main comme si ça avait été salie par ma faute et qu'il fallait que je répare mon erreur. Vient le tour du salon dans lequel je prends le temps d'aspirer chaque recoin du canapé, le sol est aspiré à son tour, puis laver avec la serpillère afin qu'il brille bien plus que n'importe quel bijou valant des milliers d'euros.

Je regarde ce nouvel environnement autour de moi, je pourrais presque être satisfaite, mais ce n'est pas assez encore, il faut que je fasse plus. Je nettoie donc la salle de bain de fond en comble avant de passer à la dernière pièce de cet appartement : ma chambre.

Lorsque j'y rentre, je suis pour la première fois surprise par l'odeur de renfermer qui en dégage. Avec une certaine angoisse, je m'approche de la fenêtre avant de l'ouvrir en grand. Le soleil, étant à son zénith, m'éblouit tant que je suis obligée de me retournée afin de ne pas terminer aveugle. Une fois habituée à la lumière, je commence par changer mes draps, faire les poussières, nettoyer mon miroir et pleins d'autres actions inutiles qui m'occupent à l'instant présent et m'empêche de penser au passé ou bien au futur.

Alors que je décide de me lancer dans le tri intégral de mon armoire, je tombe nez à nez avec mon matériel de peinture. Je le sors délicatement et finis par trouver ce que je cherchais inconsciemment. Une petite boîte en bois, pas plus grande qu'une main, mais assez profonde. Je me pose sur le lit et l'ouvre doucement comme si elle allait se briser dans mes mains à la seconde d'après. A l'intérieur, on y trouve de minuscules pinceaux de différentes tailles avec de nombreux tubes de peintures de toutes les couleurs. Une palette se trouve au fond, déjà bien utilisé et pourtant si bien conservé.

Cette petite boîte, c'était le cadeau d'anniversaire que m'avait fait ma sœur pour mon septième anniversaire. Je lui avais dit, quelques jours auparavant, que je souhaitais essayer la peinture. Je pensais cela impossible, et pourtant, elle m'a offert cette simple boîte pour certains, mais un nouvel horizon pour moi.

Depuis, je n'ai jamais lâché véritablement un pinceau. J'ai expérimenté des dizaines et des dizaines de techniques, espérant trouver la mienne un jour. Je n'ai cessé d'apprendre sur les peintres, leur histoire, leur manière de travailler. Peindre me permet de m'exprimer, de dire tout ce qu'il se passe dans ma tête, mais par les couleurs, les formes et les nuances que je crée par de simple coup de pinceau. Je n'ai jamais remercié Ella pour ce qu'elle avait apporté dans ma vie ce jour-là. Peut-être s'est-elle imaginée que c'était juste un hobby. Mais c'était bien plus que ça.