26 Voleur de peau

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Bonne lecture !


Plusieurs voitures étaient garées à la va vite dans la cour des Sanchez lorsque nous arrivâmes. Nathan nous attendait devant la porte et sauta sur notre voiture en nous voyant. C'est à peine s'il ne m'extirpait pas lui-même du véhicule pour nous conduire dans la grande salle où toute la meute de l'Ouest était rassemblée. Tous les regards convergèrent vers Hex et moi à la minute même où nous franchîmes le seuil et je sentis mon protecteur se tendre.

–Merci d'être venus aussi rapidement, dit Joël en s'approchant de nous.

–Nathan a dit que des loups avaient disparus ?

-Monica, Laurent et Sylvain, dit-il en hocha la tête, ils devaient surveiller notre frontière commune lorsque leur lien a été coupé.

Je jetais un regard en direction de mon protecteur que Joël ne manqua pas de repérer.

–Trois loups de la meute du Sud ont disparu pendant qu'ils surveillaient notre frontière commune la semaine dernière. La meute n'a pas pu les traquer parce que leur lien avait été coupé.

La colère illumina le regard de l'Alpha et sa mâchoire se contracta.

–C'est eux n'est-ce pas ?

J'acquiesçais doucement et le loup poussa un grand soupir. Je lui demandais ensuite s'il m'était possible d'aller sur les lieux de la disparition et il chargea, à mon grand désespoir, Arthur de m'y conduire. Il disparut ensuite dans son bureau, non sans rappeler aux loups dans la pièce que j'étais sous sa protection et Nathan m'agrippa par la taille pour que je me tourne vers lui.

–Je dois revoir avec lui la sécurité du territoire, je te retrouve après, dit-il avant de se pencher vers moi.

Je m'arrêtais de respirer en pensant qu'il allait m'embrasser, là devant tout me monde, mais il se contenta de frôler ma joue du bout des lèvres avant de suivre son père. Je savais que tous les loups me dévisageaient et au prix d'un grand effort je parvins à ne presque pas rougir. Enfaite non, le nez d'un clown aurait été vert de jalousie en voyant mon teint. Arthur nous précéda et sortit rapidement de la maison pour emprunter un chemin qui menait à la petite forêt qui était toute près. Nous marchâmes sur cinq kilomètre dans le silence le plus complet. J'aurais pensé qu'Arthur en aurait profité pour m'insulter ou me provoquer mais il ne me lança pas une seule petite pique et m'indiqua même les endroits où il fallait faire attention. Ce comportement ne lui ressemblait absolument pas et en l'observant de plus près je me rendis compte qu'il était assez pâle. Il s'arrêta tout à coup en nous faisant signe de ne plus bouger et tendit l'oreille.

–Vous entendez, chuchota-il.

Nous secouâmes la tête et Arthur nous fit signe de nous accroupir.

–Justement, les oiseaux ne chantent pas et on dirait que les animaux ce sont tous cachés.

Effectivement les habitants de la forêt brillaient par leur absence. Je reniflais l'air pour savoir ce qui aurait pu les effrayer avant de me figer sur place. L'odeur de décomposition et de pourriture me retourna l'estomac et je sentis la bile remonter jusque dans ma bouche. Pourtant en fouillant dans ma mémoire je me rappelais l'avoir déjà sentit par deux fois.

–C'est eux, dis-je en me relevant d'un bout.

J'entendis Hex m'appeler mais c'était trop tard, je m'élançais en courant vers cette odeur alors que ma louve m'encourageait à la laisser sortir pour poursuivre la traque. Soudain la trace olfactive disparue et je dérapais sur la terre pour m'arrêter. Je pivotais sur moi-même plusieurs fois mais il n'y avait que des arbres autour de moi, rien d'autre. Mon regard scruta les alentours mais je ne vis personne. Alors que mon esprit se faisait un peu plus clair je me rendis compte que je n'avais aucune idée du chemin que je devais prendre pour rejoindre Hex et Arthur. J'avais réagis au quart de tour en sentant la bête et j'étais passée en mode chasse sans même m'inquiéter de me retrouver seule. Par je ne sais quel miracle mon téléphone n'était pas tombé de ma poche pendant ma course et encore mieux j'avais du réseau. Je composais le numéro de mon protecteur qui décrocha dans la seconde.

–Non de Dieu Regan, où es-tu passée !

Je doute que lui répondre « au milieu des arbres » lui fasse plaisir et me concentrais sur mes sens pour essayer de détailler ce qui m'entourait.

–J'entends un ruisseau et il y a un grand chêne et...

Une brindille craqua dans mon dos et lorsque je pivotais deux yeux lumineux m'observaient. Je fronçais les sourcils pour essayer de voir la personne avant de hoqueter de surprise. L'homme d'une quarantaine d'années était aussi pâle que la mort et puait la viande avariée. Des mouches volaient autour de lui mais il ne s'en préoccupais pas et avança d'un pas dans ma direction.

–Je vous connais, dis-je toujours au téléphone, vous êtes le loup qui a disparu au Sud, Marc.

L'homme m'offrit un grand sourire qui n'avait rien de sympathique et c'est à ce moment que je compris que quelque chose clochait. Il ne ressemblait pas complètement à l'homme que j'avais vu en photo, on aurait dit plutôt que son visage était une sorte de masque très mal collé.

–Oh mon Dieu, m'écriais-je en lâchant mon téléphone.

J'entendis Hex crier mon nom mais j'étais complètement paralysée par ce que je voyais. Je n'avais qu'une seule envie, fuir le plus loin possible de la bête mais quelque chose me disait que c'était une mauvaise idée. Lorsqu'il fit un nouveau pas dans ma direction je poussais un grognement d'avertissement qui le fit sourire de plus belle. Je remplaçais discrètement mes ongles par mes griffes et mon adversaire prit mon geste pour le signal de départ. Il bondit sur moi rapidement et me projeta contre un arbre. Le choc me coupa le souffle instantanément et je crus même entendre quelque chose craquer. Je me relevais tant bien que mal en espérant que mon protecteur me trouve rapidement parce que je n'allais pas tenir très longtemps. En plus d'avoir voler la peau du loup du Sud, le monstre possédait des griffes trois fois plus longues que les miennes. Il poussa un cri aspiré aigue qui me rappelait vaguement quelque chose, avant de charger et d'abattre sa main sur moi. Je réagis rapidement et me jetais le plus loin possible mais une brûlure se propagea dans mon omoplate. L'arbre sur lequel j'étais appuyée quelques secondes plus tôt avait été coupé en deux par la force de l'attaquer et un liquide chaud coulait le long de mon dos et de mon bras. Le voleur de peau huma l'air avant porter sa griffe à sa bouche et de pousser un grognement excité. L'entaille qu'il m'avait faite devait être profonde parce que le sol commença à tanguer et je sentis mes forces me quitter. Mes mains reprirent forme humaine sans que je leur demande et je dû me concentrer pour ne pas tomber. Le monstre tourna autour de moi, jouant avec mes nerfs et évaluant ma faiblesse pour savoir quand attaquer. Mes paupières se faisaient lourdes mais je me forçais à garder les yeux ouverts. A chaque fois que le monstre faisait un pas vers moi je poussais un grognement pour le maintenir à distance. Je sentais mon cœur battre dans mes tempes et au fur et à mesure que le temps passait je commençais à avoir froid. J'étais tellement concentrée sur mon état que je ne vis pas que mon adversaire se trouvait à présent dans mon dos. J'avais l'impression d'être aussi rapide qu'un escargot et en me tournant je me pris les pieds dans une racine et m'écrasais par terre. J'étais bien trop faible pour me relever et la bête le savait parfaitement. Elle s'approcha de moi d'une démarche féline, le regard affamé alors que je tentais de ramper le plus loin possible. Je voyais la promesse de ma mort dans ses yeux mais je ne pouvais pas me résoudre à renoncer. Le sourire carnassier de la bête me fit frissonner, ou bien peut-être était-ce le grand froid qui m'enveloppait ? A bout de force je finis par renoncer à me trainer et laissais la bête s'accroupir à mes côtés. Elle me détailla pendant un petit moment, allant même jusqu'à frôler ma joue sans pour autant l'égratigner, puis leva le bras pour m'achever. Je refusais de fermer les yeux et préférais affronter le regard de mon adversaire jusqu'à la fin. Je retins mon souffle en voyant son bras s'abaisser et sentis une larme couler le long de ma joue. Le visage de mes sœurs, de toute ma famille et de mes amis défila dans ma tête et alors que je pensais l'heure de ma mort arrivée, une sorte d'ombre surgit de nulle part et s'abattit sur le voleur de peau. Le bruit d'un combat se fit entendre ainsi que plusieurs grognements mais j'étais bien trop fatiguée pour tourner la tête. Mes paupières se fermèrent un court instant avant que quelqu'un ne m'ordonne de les rouvrir. Je voulus pousser un grognement pour l'avertir de me laisser tranquille mais seul un faible gémissement d'échappa de mes lèvres. Mon corps pesait une tonne et pourtant je fus soulever du sol comme si je n'étais pas plus lourde qu'une plume. Au prix d'un effort surhumain j'ouvris mes paupières mais ma vision était bien trop floue pour que je discerne correctement qui me soulevait. Abandonnant l'idée, je refermais les yeux et calais ma tête contre la poitrine de mon sauveur.                           


Fille de lune  T1 : Pleine luneWhere stories live. Discover now