Whispers of Evil

Chapitre 2

Je ne me réveillai pas du tout en douceur. Je fus tirée de mon sommeil prise d'une soudaine nausée qui mi fit vomir sur le parquet à côté du canapé où j'étais installée. En relevant la tête, mon cœur fit un bon dans ma poitrine ; cet endroit m'était complètement inconnu.

Des billots de bois formaient les murs de la cabane. J'étais couché sur un vieux sofa de tissu brun. Devant moi, une télévision carrée était disposée et des piles de papiers encombraient la petite table basse. Où suis-je ? J'entendais mon cœur battre dans mes oreilles et mes jambes tremblotaient alors que je me mis tant bien que mal sur pieds.

J'avais les mêmes vêtements que la veille et mes sombres cheveux attachés laissaient échapper des mèches frisottées. Puis, la réalité me frappa. Hier, on m'avait attaqué. On ne m'avait pas fait mal, on m'avait endormi. C'est pour ton bien, me rappelai-je les paroles de l'inconnu. On m'avait enlevée. Je pris ma tête entre mes mains, commençant à paniquer. Ça ne pouvait tout simplement pas être possible. Je me retrouvais donc dans une demeure étrangère et, curieusement, j'étais seule. Mon ravisseur n'avait-il pas peur de ma réaction à mon réveil ? Il n'a pas l'air bien nerveux pour me laisser seule chez lui.

Moi, cependant, j'étais anxieuse et énormément terrifiée. Je devais appeler mon père et partir d'ici au plus vite. En fouillant les poches de mon jean, je ne trouvai pas mon téléphone portable. Pourtant, je le traîne toujours avec moi. Je le cherchai sous les coussins du divan et sur la table basse, faisant virevolter les documents par terre. Je ne trouvai que des plans barbouillés, des textes surlignés et des notes écrites au stylo rouge.

Ces choses n'arrivent pas aux gens normaux. Ces choses n'arrivent qu'aux autres. Comment pouvait-ce être réel ? Il m'était impossible d'assimiler le fait d'avoir été enlevée hier soir. Pourquoi m'avoir choisi, moi, alors que je mettais les poubelles au chemin ? Cela sonnait absurde. Je croyais que ces histoires ne concernaient que les enfants. Pour moi, un enlèvement était certainement celui d'un môme sans défense et non d'une jeune adulte de dix-neuf ans.

Sous l'effet de la panique, je commençai à parcourir la petite habitation en quête d'un téléphone pour contacter les secours. Je devais absolument partir au plus vite. Mes pensées se confirmèrent et, bien que bizarrement, il ne semblait avoir personne dans la masure, ce qui me donnait la liberté de fouiller les moindres recoins.

La minuscule cuisine ne renfermait rien d'autres que de la vaisselle sale ainsi qu'un restant de poche de lait et quelques ingrédients indispensables dans le réfrigérateur. Quant à la salle de bain, elle était vide, tout comme les deux chambres de petites tailles.

Après mon inspection, la nervosité avait envahi tout mon corps et je cherchai une solution. Or, mes pensées divaguaient vers différents scénarios possibles. Vais-je me faire frapper ? Ou alors violer ? Peut-être serais-je privé de nourriture et mourrai lentement de faim. Mon père me cherche-t-il ? Va-t-il m'oublier ?

Cette situation me rendait angoissée et ça m'empêchait de penser clairement. Je devais à tout prix partir d'ici et la seule solution était de m'enfuir. En regardant à l'extérieur, je vis une rivière et des arbres. Beaucoup d'arbres. Aucune route ni de chemins de terre ou de petit sentier. La forêt entourait entièrement le logis. J'allais me perdre, c'était indéniable. Je préférais tout de même me perdre que de rester ici. À tout moment, la personne occupant cette maison allait revenir et constaté mon réveil. J'imagine qu'il s'agira d'un homme assez vieux, barbu et très fort physiquement. Il aura surement un regard dominant qui sera capable de m'assujettir. Envisager ces possibilités me donnait froid dans le dos.

Fébrilement, je franchis le couloir pour me rendre vers le portail de la cabane. Mais avant même d'avoir atteint la poignée de la porte, elle s'ouvrit rapidement devant moi, me faisant sursauter et reculer de plusieurs pas.