Whispers of Evil

Chapitre 24

Je pensais qu'une nuit de sommeil allait m'aider à digérer la conversation qu'avaient eue Harry et Melody hier soir, mais je faisais erreur. Tout au contraire, je me suis réveillée très tôt au courant de la nuit, me retournant à maintes reprises dans mes couvertures sans pouvoir me fermer l'œil à nouveau.

J'avais la pénible impression que ma tête allait exploser. Non seulement tous les questionnements par rapport au cambriolage m'assaillaient le cerveau, mais les paroles de Melody jouaient aussi en boucle dans mes pensées. Je n'avais pas l'habitude de juger les gens très vite. Habituellement, je leur laissais des chances, parfois plus qu'ils ne le méritaient vraiment. Mais quelque chose à propos de Melody m'empêcha de vouloir lui donner l'opportunité de faire meilleure impression. Je ne l'aimais pas et à mon avis, ce sentiment était réciproque.

Je n'arrivais pas le moins du monde à mettre le doigt sur ce qu'Harry pouvais potentiellement lui trouver. Il dit qu'ils ne sont pas en couple, mais il la laisse quand même l'embrasser et l'enlacer. C'est contradictoire. Peut-être que cette relation n'est que dans un sens ? Peu importe, ce n'est pas mon problème.

J'étais présentement dans la cuisine, agrippant un cabaret entre mes mains pour prendre le petit-déjeuner d'Harry. J'avais besoin de lui parler et je me suis dit qu'il serait gentil de ma part de lui apporter de quoi se mettre sous la langue par la même occasion, comme il ne peut pas le faire lui-même. Avec chance, cela me permettra peut-être de lui soutirer quelques informations supplémentaires, qui sait ?

−      Oh, Jo ! dit une voix féminine pointue derrière moi.

Je savais avant même de tourner la tête de qui il s'agissait. Je forçai un sourire sur mes lèvres en me retournant face à Melody, qui arborait une expression faussement joyeuse.

−      C'est pour Harry ? me demanda-t-elle en regardant le contenu de mon plateau, les sourcils froncés. Tu peux me le laisser, j'allais le faire. En plus, il déteste les bleuets.

Je pris ma lèvre inférieure entre mes dents et respirai profondément pour éviter de répondre quelque chose de déplacé en imitant son timbre de voix superficiel. Quoiqu'elle le mériterait surement, étant donné les méchancetés qu'elle a dites à Jade.

Je mentirais si je j'insinuais que rendre service à Harry était ma seule et unique intention en lui livrant son repas ce matin. En réalité, une part de moi voulait aussi empêcher Melody de le faire par elle-même. Et ce, tout simplement pour l'agacer. Ce n'était pas du tout moi de prendre plaisir à énerver les autres, mais quelque chose me poussait à la faire en me remémorant les larmes coulant à flot sur les joues de Jade et le ton exaspéré que Melody avait employé pour me traiter de gamine et de garce.

−      Non merci, je sais très bien le faire moi-même, répondis-je en souriant, encore. Mais c'est gentil de le demander.

Sur ce, je partis, la laissant seule avec une expression peu commode au visage.

−      C'est bien ce que je disais : sale garce, l'entendis-je murmurer dans mon dos, ce qui me fit serrer les dents.

Je cognai quelques fois contre le mur de la chambre avec mon pied – mes mains étant déjà prises – et entrai dans la pièce sans même attendre de réponse. Harry releva la tête vers moi et fronça les sourcils en me voyant arriver avec un si grand aplomb. Je posai le cabaret sur sa table de chevet, ne prenant pas la peine de le saluer, et me reculai en croisant les bras.

−      Tu n'as pas l'air de bonne humeur, remarqua Harry en haussant un sourcil.

Il disait vrai. J'étais épuisée, je m'étais levée du mauvais pied et Melody n'avait rien fait d'autre que d'ajouter une goutte de trop dans le vase représentant ma patience. En ce moment, tout ce que je voulais c'était des réponses claires sur le cambriolage. Ensuite, j'aurai peut-être l'impression de respirer plus calmement. J'avais passé une très mauvaise nuit à envisager toutes sortes de scénarios des plus inquiétants sur la personne ayant fait infraction dans la cabane et j'avais envie de dormir paisiblement ce soir. Si Harry prévoit aller récupérer les documents volés, tout pourrait tourner en catastrophe et je n'avais aucune idée à qui on avait affaire.