Chapitre 6

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Il était furieux, les poings serrés et la mâchoire contractée. Il me fixait, attendant que je dise finalement quelque chose pour ma défense, mais aucun mot ne sortit de ma bouche. Je n'arrivais qu'à bégayer, cherchant une excuse valable pour expliquer ce que je faisais. Je me maudissais silencieusement d'avoir touché aux documents d'Harry. Je suppose que c'est le prix qu'il faut payer pour avoir une curiosité beaucoup trop grande.

Harry se rapprocha de moi brusquement et je me reculai sur le divan, voulant mettre de la distance entre lui et moi. De la peur se forma dans tout mon corps, causant à mon ventre de se tordre et à mes mains moites de trembler.

Rendu près de moi, il se pencha vers la table basse et prit vivement les papiers s'y trouvant.

–       Ne touche plus jamais à mes choses, grommela la voix en colère d'Harry.

J'avais l'impression de redevenir une enfant se faisant gronder par son père après avoir commis une bêtise. C'est ça que j'avais fait, une bêtise. Et cette erreur n'avait créé nul autre qu'un paquet de nouveaux questionnements en banque.

Étonnamment, il n'en dit pas plus. Je m'attendais à un discours ou même des insultes, mais Harry s'en tint à ce simple avertissement. Ses yeux et son ton était furieux, oui, mais c'était tout.

–       Je m'excuse, Harry, dis-je faiblement, ma voix tremblotante.

Il respirait fortement, essayant surement de se contrôler le plus possible. Je voulais qu'il se calme, mais je ne pouvais rien faire d'autre que de lui offrir mes excuses. Si les rôles avaient été inversés, je lui hurlerai dessus pour avoir fouillé dans mes affaires, mais lui, il arrive à garder son calme. J'admire sa capacité à gérer sa colère et je le remercie mentalement de ne pas me crier par la tête.

Après avoir pris tous les documents dans ses mains, il me lança un dernier regard avant de tourner les talons et se diriger vers sa chambre.

–       Harry ? essayai-je de le retenir.

Il poursuivit pourtant son chemin, m'ignorant complètement. Je me levai rapidement et commençai à le suivre à travers la cabane. Je sais que je devrais le laisser tranquille après ce que j'ai fait, mais les découvertes que j'ai réalisées ont suscité mon attention et je devais obtenir des réponses.

Je le rattrapai finalement, arrivant dans sa chambre. Il s'accroupit devant une de ses tables de nuit et rangea les documents dans une tiroir. Je le regardai se relever et se tourner vers moi. Quand il me vit, il soupira.

–       Pourquoi me suis-tu ? demanda-t-il.

Étant donnée sa voix, je devinai que j'étais loin d'être la bienvenue. Il passa à côté de moi, évitant mon regard. Il se dirigea ensuite vers la cuisine et je le suivis une nouvelle fois.

–       Tu dois me parler, Harry. Tu dois me dire ce que tous ça signifie.

–       De quoi parles-tu ? feignit-il.

Il s'arrêta près du lavabo et y fit couler de l'eau froide. Je déteste qu'il prétendre ne rien comprendre du tout.

Une de mes anciennes amies me faisait toujours ce coup. Chaque fois que je disais quelque chose qui ne lui plaisait pas, elle me répétait sans cesse le mot « quoi » jusqu'à ce que je sois rouge de colère. Ça devait l'amuser, puisqu'un sourire vainqueur ornait ses lèvres à chaque fois, ne faisant que m'irriter davantage. Aujourd'hui, je ne lui parle plus, comme la plupart de mes amis. Après la mort de ma mère, j'ai arrêté de faire des sortis avec eux et je me suis isolée dans ma chambre, seule avec ce constant calvaire qui me hantait les pensées.

Whispers of EvilWhere stories live. Discover now