Chapitre 19

165 25 13
                                    

Point de vue externe

La vieille dame avait observé les deux jeunes adultes par la fenêtre de son salon. Elle était là, derrière le rideau blanc en dentelle, bouillonnant de colère tandis qu'ils partaient avec sa voiture, s'éloignant maladroitement de son entrée.

Lorsqu'ils furent hors de vue, l'aînée ne tarda pas à aller agripper un de ses vieux téléphones de couleur crème et se dirigea dans sa chambre pour ranger dans sa commode le révolver qu'elle avait dans son autre main. Elle l'avait depuis la mort de son mari, pour se protéger. Jamais elle n'avait cru qu'elle devrait s'en servir un jour, surtout pas contre sa propre petite-fille. Étrangement, ce fait ne la dérangea pas du tout, au contraire.

Elle le mérite bien, cette enfant, se disait-elle.

De ses maigres doigts plissés, elle composa une série de numéro sur l'appareil et le posa contre son oreille. Une douce voix de femme résonna alors dans le combiné. La vieille dame ne prit pas la peine de la laisser finir sa phrase qu'elle entama :

−      Je veux signaler un vol. Un vol de voiture.

***

Point de vue de Jo

Nous roulions en ligne droite depuis maintenant une quinzaine de minutes. Le silence régnait sur la voiture et je me concentrais à garder le volant droit. À chaque fois que des automobiles passaient à côté de nous, je ne pus m'empêcher de devenir très anxieuse à l'idée de me faire démasquer. Ce que nous faisions était illégal et se faire repérer serait une catastrophe. J'imagine déjà la déception de mon père sur son visage alors qu'il apprendra que j'étais au volant d'une bagnole volée pour aller soigner un évadé de prison.

Puis, le bruit d'un moteur grogna derrière nous et j'eux à peine le temps de tourner la tête que je vis un gros camion sur d'immenses roues nous dépasser à toute allure.

−      Détends-toi, me dit soudainement la voix grave d'Harry.

Mes mains serraient fortement le volant et mes jointures étaient blanches. Je regardai Harry du coin de l'œil, voyant qu'il avait un mince sourire sur les lèvres. Il devait trouver ça amusant de me voir si énervée par tout ce qui se produisait.

Je décidai de l'ignorer et de garder le silence, reposant les yeux sur la route. D'un côté de celle-ci figurait la forêt et de l'autre, des champs. Parfois, des fermes reposaient au milieu des vastes étendues de terre et quelques animaux les entouraient.

−      Écoute Harry, commençai-je, incapable de supporter à nouveau le lourd silence. Je suis désolée pour ce qui est arrivé tout à l'heure, je ne pensais pas que...

−      Je sais, ça va, me coupa-t-il d'un ton neutre.

Je tournai la tête vers lui, fronçant les sourcils, mais je me reconcentrai tout de suite sur le chemin, ayant peur de perdre le contrôle de la voiture.

−      Tu ne pouvais pas savoir que...

−      Que ma propre grand-mère allait nous menacer avec une arme à feu ? le coupai-je à mon tour, le dédain perceptible dans ma voix. Oui, je sais.

Il n'en dit pas plus, regardant par sa fenêtre.

−      Je ne peux pas le croire, soufflai-je en secouant la tête.

Il posa son regard sur moi, me détaillant des yeux.

−      Je savais qu'elle ne m'appréciait pas beaucoup, mais jamais je n'aurais imaginé qu'elle refuse de m'aider de la sorte.

Whispers of EvilHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin