Chapitre 4

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Je ne pus m'empêcher d'échapper un gloussement après sa déclaration. Son expression était très sérieuse, mais pourtant, je ne croyais pas un mot de ce qu'il venait de dire. Il était probablement incorrect d'avoir envie de rire en ce moment, mais le mélange de confusion et de méfiance me fit pouffer sarcastiquement.

–      C'est impossible. Tu me racontes n'importe quoi.

Harry roula des yeux et se laissa tomber dans sa chaise, croisant ses bras devant lui. Il avait l'air exaspéré.

–      Qu'est-ce que j'avais dit ? grogna-t-il.

J'arrêtai mes rires vains et me concentrai sur lui. Il était clairement agacé, le front plissé et le pied tapant frénétiquement au sol.

–      Tu avais raison, confirmai-je. Je pense que tu me fais marcher.

Il se leva et alla dans la cuisine d'un pas lourd. Je me levai à mon tour, le suivant de loin et m'adossant à l'îlot. Il ouvrit une armoire et prit un verre qu'il remplit d'eau. Je restai silencieuse tandis qu'il cala son breuvage.

Harry possède beaucoup de tatouages. Plus tôt dans la journée, je n'ai pas eu l'occasion de remarquer toutes ces traces d'encre sur sa peau puisqu'il portait une chemise avec des manches les cachant presque entièrement. J'avais pus distinguer une ancre sur son poignet gauche, mais je n'y avais pas porté attention. Lorsqu'Harry but sa boisson, je me concentrai sur les marques envahissant ses bras. Une large rose ornait son bras ainsi qu'un bateau et une poignée de main. Je trouvai ces choix de tatouages curieux. Je me demandai s'ils avaient leur signification pour lui ou s'il les avait fait faire sur un coup de tête ou tout simplement parce qu'il les trouvait beaux.

Moi, je n'ai pas de tatouage. Vers l'âge de quinze ans, j'ai commencé à vouloir me faire tatouer des petits symboles sur mes poignets. Dans ce temps, toutes les filles à l'école rêvaient d'obtenir des tatouages de ce genre. Étant elle-même tatouée, ma mère m'avait donné la permission de me faire faire des hirondelles sur le poignet droit. Cependant, quand mon père l'a su, il a strictement refusé que je marque de manière permanente ma peau. Aujourd'hui, je le remercie secrètement.

Harry se versa un autre verre d'eau, se retourna et me fixa, lui-même adossé contre le comptoir devant moi. Il but le liquide tranquillement cette fois, sans jamais me quitter des yeux. Il resta muet, les bras croisés. J'étais intimidée sous son regard sévère et après un certain temps, je décidai de briser ce moment embarrassant :

–      Alors, si je me fis à ton explication, tu me garderais dans cette cabane au milieu des bois pour me protéger d'un inconnu qui veut ma mort ?

Ça sonnait ridicule, mais il hocha tout de même la tête.

–      C'est à peu près ça, oui.

Je levai un sourcil, doutant de sa sincérité. Il avait l'air très sérieux, mais il est quand même difficile de croire une personne que l'on connait à peine et qui nous dit qu'on est poursuivie pour être tuée.

Je n'arrivais toujours pas à comprendre les intentions d'Harry. Pourquoi voudrait-il me protéger ? Avant qu'il m'endorme avec une seringue la nuit dernière, tout semblait bien aller. Si quelqu'un avait l'intention de venir me tuer, il l'aurait fait bien avant. De plus, pourquoi quelqu'un voudrait possiblement me tuer ?

–      Tu ne me crois toujours pas, souffla Harry en déposant son verre vide dans l'évier.

Je secouai la tête, validant ses pensées.

–      Essaie de me comprendre au moins, Harry, argumentai-je. Met-toi à ma place et demande-toi si tu croirais un mot de ce que tu viens de me raconter.

Whispers of EvilWhere stories live. Discover now