Whispers of Evil

Chapitre 14

L'atmosphère était sinistre. Personne ne savait où se mettre. Nous étions comme des figurines immobiles se dévisageant mutuellement. Oliver s'était mis à l'écart et observait la scène avec attention. Moi, j'avais le regard cramponné à celui d'Harry qui me scrutait lui aussi. J'étais abasourdie par ce terrible aveu. Mes pieds reculèrent instinctivement, voulant mettre de la distance entre ce traître et moi.

J'avais envie de lui hurler dessus, de le frapper et de lui dire à quel point il était un monstre. Mais, en réalité, j'étais beaucoup trop effrayée pour le faire.

Il s'était emparé de la vie de quelqu'un, voire plusieurs personnes. Quelle sorte d'être humain s'amuse à commettre de tels crimes et ainsi, anéantir des familles complètes par le chagrin ? Il n'avait eu aucun droit de faire une chose pareille, c'était ignoble de sa part.

Comment avais-je pu croire une seconde qu'il me protégeait contre ce Klovis ?

Un léger sifflement tyrannisait mes oreilles alors que je continuai à m'éloigner. Harry avait l'air de vouloir dire quelque chose pour sa défense, mais rien ne sortait de sa bouche. Il s'était complètement désintéressé à la présence d'Oliver et n'avait même pas pris la peine de le réprimander pour m'avoir tout dévoilé. Certes, son corps tendu et ses poings serrés démontrait la colère qu'il ressentait à son égard, mais il ne lui porta aucune attention. Pourquoi n'allait-il pas le frapper ? Maintenant que je savais son secret, rien ne l'en empêchait. Peut-être qu'ensuite viendrait mon tour, en fait.

J'étais si alerte que lorsqu'Harry osa faire un court pas vers moi, je pris mes jambes à mon coup et pénétrai au plus vite dans la forêt sinueuse. Il faisait un noir ténébreux et seule la faible lueur de la Lune m'empêchait de faire collision avec les arbres.

–      Jo ! entendis-je une voix grave crier.

Il était à ma trousse, je le savais bien. Et ça me terrorisait. Mon cœur palpitait dans ma poitrine et l'adrénaline se créa un chemin dans mon corps. Cette sensation d'être pourchassé de la sorte n'égalait aucune autre. Il m'arrivait, plus jeune, de jouer à la cachette dans le noir avec mes cousins et de ressentir un peu d'angoisse à l'idée qu'on me trouve et qu'on m'attrape. Ce sentiment était à présent nettement plus fort.

Je ne pensais maintenant plus aux racines sur le sol qui pouvaient me faire trébucher ou aux possibles toiles d'araignées suspendues au travers de mon chemin. Tout ça ne comptait plus. Harry représentait désormais le seul et unique danger.

–      Jo, reviens ici tout de suite ! s'écria ce dernier au loin.

En temps normal, je n'aurais jamais eu assez de souffle pour endurer tout ce trajet, mais cette fois-ci était un cas à part. Je ne savais pas du tout où j'allais. J'espérais apercevoir une route et peut-être même la voiture d'Oliver.

–      Jo ! s'énerva mon traqueur.

Harry ne semblait pas très loin de moi, mais l'obscurité nous empêchait de nous voir. Je pouvais entendre ses pas se rapprocher et ce simple fait me fit sangloter. Il sera furieux. Il l'est certainement déjà. S'il me rattrape, qui sait ce qu'il pourrait me faire. Je représente aussi un danger pour lui puisque je sais où il est. Je suis peut-être la prochaine sur sa liste.

–      Tu sais que ça n'en vaut pas la peine, Jo.

Les larmes coulaient maintenant sur mes joues et je mordis ma lèvre inférieure pour camoufler le plus possible mes pleurs. J'étais lente et même s'il était blessé, Harry était largement capable de me saisir. Il n'abandonnerait pas, de toute manière.

–      Je ne te ferai pas de mal, continua-t-il d'un ton plus doux, mais assez fort pour que je l'entende.

Menteur. Il n'est qu'un sale menteur.