Chapitre 28

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J'avais le regard rivé sur le sol, je mordillais ma lèvre inférieure. Mon corps était tendu. Je sentais sa présence juste derrière moi, tout près. Je ne pourrai pas supporter un éventuel grabuge avec lui. En tout cas, pas ce soir. Tout ce que je voulais, c'était de m'enfermer dans ma chambre pour dormir et ne plus jamais en sortir.

−      Et pourquoi n'est-ce pas le moment ? demanda Harry.

Personne ne lui répondit et il me prit soudainement l'épaule pour me retourner. Je résistai cependant.

−      Tu as entendu Louis ? lui dis-je sans pour autant le regarder. Va-t'en.

Je fermai les yeux, souhaitant qu'il n'insiste pas. Mais évidemment, Harry, lui, a toujours le droit de tout savoir.

−      Non, regarde-moi.

J'expirai fortement. Il ne lâchera pas prise, c'est certain. Il ne lâche jamais prise. Moi, je devais tout lui dire alors que lui, s'il désirait garder le silence, on devait se plier à ses souhaits. C'était injuste.

Peut-être qu'on ne le voit pas encore, mon bleu, après tout ? Peut-être qu'en me retournant, il constaterait qu'il n'avait rien de bien intéressant à voir et partirait ?

Je remontai les yeux vers Louis et lui fit un petit signe de la tête pour lui indiquer qu'il pouvait me lâcher. Il retira alors ses mains de mes avant-bras et je pivotai vers Harry, n'osant tout de même pas croiser son regard. J'étais honteuse. Honteuse de ce que j'avais fait la veille pour le mettre en rogne et honteuse de ce que je venais tout juste de vivre. Tout était de ma faute et je n'arrivais même pas à penser clairement à tout ce qui se passait, ce qui me rendait encore plus confuse.

−      Voilà, t'es content ?

Je vis ses pieds s'approcher de moi, puis sentis un doigt venir se poser directement à l'endroit où Melody m'avait frappé. Je me reculai instinctivement, la douleur refaisant surface. Elle ne m'avait pas manqué, ça c'était clair. Et vu l'expression sur le visage d'Harry, c'était bel et bien visible.

−      Qui est-ce qui t'a fait ça ? me demanda-t-il d'un ton rigide.

Je restai muette, ne voulant pas lui offrir sa réponse alors que la principale concernée se trouvait dans la même pièce. D'ailleurs, tout le monde nous observait comme si nous étions en train d'interpréter une pièce de théâtre.

−      Qu'est-ce qui s'est passé ? reprit-il en s'adressant cette fois-ci à Louis.

Je le vis du coin de l'œil faire un signe de tête vers Melody, qui haussa les sourcils, les bras croisés devant elle.

−      Elle m'a frappé la première, se défendit-elle quand Harry posa son regard sur elle.

Harry se refrogna durement, la dévisageant légèrement. Elle n'en ajouta pas plus, fermant la bouche et faisant un pas en arrière. Elle semblait avoir compris le message. J'osai poser mon regard le long du corps d'Harry, constatant qu'il s'arrachait la peau des doigts comme un tic anxieux. Ses muscles étaient crispés et sa mâchoire, serrée. Je ne pouvais pas voir correctement son visage en raison des mèches de cheveux rebelles s'échouant sur sa joue, mais après le peu de temps passé avec lui, je savais qu'il était assurément en train de débattre dans sa tête. Réfléchir pour mieux agir ; c'est ce qu'Harry faisait en toutes circonstances.

−      Suis-moi, Jo, me demanda-t-il d'une voix grave en me faisant signe de le suivre de la tête, sans pour autant détacher son regard mécontent de Melody.

Je ne voulais pas partir avec lui. Je voulais partir, oui, mais seule. Je n'avais pas envie qu'il me questionne interminablement sur ce qui s'était produit pour ensuite me blâmer d'avoir contacté mon père. Mes fautes, je les comprends toute seule, je n'ai pas besoin qu'on me les remette sans relâche en pleine figure.

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