Chapitre 15

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Harry ouvrit vivement la porte en bois de la cabane, s'écarta pour me laisser entrer et la referma aussitôt, prenant soin de mettre le loquet. Il se dirigea ensuite vers le salon et jeta un coup d'œil dans une petite ouverture entre deux panneaux qu'il avait utilisé pour condamner les fenêtres.

– Il va falloir partir d'ici, annonça-t-il d'un ton lugubre.

J'étais sur le paillasson, les mains dans le dos. Après ce qui venait de se passer, j'avais l'impression d'être en présence d'un tout nouvel Harry qui m'était encore inconnu. J'avais beau avoir été illuminée sur quel type de garçon il s'agissait, une panoplie de questions demeuraient sans réponse et évidemment, d'autres s'étaient formées. Je commençais à peine à m'habituer au garçon renfermé qu'à présent, je devrai faire avec une toute nouvelle énigme aussi abstruse que la première, celle du nébuleux prisonnier.

Maintenant, je voyais Harry d'un angle tout à fait différent et bien qu'il soit d'autant plus mystérieux et que mon envie de percer ses secrets se faisait plus forte, ça me plaisait beaucoup. Il a enfin l'air... vivant.

– Mais nous n'avons nulle part où aller, remarquai-je d'une faible voix.

Il se tourna vers moi et haussa les épaules.

– Ça n'a pas d'importance, on doit absolument quitter cet endroit.

J'en conclus qu'il n'y avait pas place à argumentation. D'un autre côté, même si l'idée de devoir errer dans les bois ne m'enchantait pas pleinement, nous étions désormais à découvert. D'une minute à l'autre, Klovis pourrait se pointer, armé jusqu'aux dents, puis demain matin, mon visage apparaitrait en première page du journal et on parlerait de moi au passé.

Dehors, il faisait un noir oppressant. Seuls les cris de quelques animaux sauvages et le courant du ruisseau étaient perceptibles. La pénombre enveloppait l'intégralité du chalet, nous donnant la sensation d'être seuls. C'était bel et bien ce qu'on était, en fait : seuls.

Pourtant, même au beau milieu de cette forêt, nous n'étions pas en sécurité. Bientôt, on nous aura trouvé et mon arrêt de mort sera signé. Harry, lui, retournera périr au fond d'une piètre cellule alors qu'en réalité, il n'est pas le responsable du meurtre horrible dont on l'accuse. Du moins, c'est ce qu'il dit.

– Nous partirons demain matin, décida le bouclé. Il fait noir comme chez le diable, on n'y voit rien.

Sur ce ton vif, il se retira.


Quelques heures plus tard, on me réveilla subitement en me secouant brusquement l'épaule. Je sursautai et mes yeux s'ouvrirent instinctivement, voulant savoir qui s'était introduit dans ma chambre à une heure pareille. L'idée que ce soit possiblement encore un inconnu qui est entré en infraction ou pire, Klovis, me donna la frousse. Je reculai donc dans mes couvertures jusqu'à atteindre la structure du lit. Mon cœur battait si vite et fort que je l'entendais résonner dans mes oreilles.

− Du calme, Jo, c'est moi.

Lorsque je vis la silhouette d'Harry me surplomber dans la pénombre de ma chambre, j'eu un soupir de soulagement. Puis, je fronçai les sourcils. Qu'est-ce qu'il fait là ?

J'allais lui poser la question, mais il mit un doigt devant sa bouche pour me faire signe de me taire. Il regarda ensuite autour de lui, comme si nous étions observés.

Je portai l'oreille attentive, désirant savoir ce qui clochait, et des bruits à l'extérieur captèrent mon attention. Il s'agissait de voix et de moteurs de véhicules.

« Faîtes le tour, ils doivent être là-dedans, » ordonna un homme tout près d'ici, de l'autre côté du mur.

Cette voix. Elle me donna des frissons partout sur le corps. En réalisant ce qui était sur le point de se produire, je commençai à m'agiter. Ça ne peut tout simplement pas être vrai. Je descendis du mince matelas, les mains tremblotantes.

Whispers of EvilWhere stories live. Discover now