Whispers of Evil

Chapitre 27

Point de vue externe

Emile fixait l'écran de son téléphone depuis maintenant une bonne dizaine de minutes. Il n'arrivait pas à digérer ce qui venait de se produire. Sa fille disparue venait de l'appeler et avait soudainement raccroché avant même de lui dire où elle se trouvait. Comment cela pouvait être possible ? Peut-être lui avait-on fait du mal ? Ou alors, l'appareil qu'elle utilisait n'avait plus de batteries ? Chose certaine, il n'en croyait pas ses yeux.

C'est seulement après avoir fait le point dans sa tête qu'Emile décida d'agir. Ce n'était pas pour rien que Jo l'avait contacté, il y avait bien une raison. Cependant, il l'avait empêché de lui dire quoique ce soit, trop pris par ses propres émotions. Il s'en voulait désormais. S'il avait arrêté d'insister sur l'endroit où elle était présentement, il saurait ce qu'elle avait à dire. Ce simple fait lui rongea l'intérieur de curiosité.

Il composa le numéro à présent habituel sur le clavier tactile à l'aide de ses doigts volumineux. Il tremblait d'impatience, comme si le temps était compté. Où qu'elle soit, son unique fille était possiblement en danger. Il devait faire quelque chose et rapidement.

Après deux sonneries, la personne à l'autre bout du fil décrocha.

−      Monsieur Miles ? demanda-t-il d'une voix rauque, comme s'il venait de se réveiller.

Emile n'attendit pas une seule seconde avant de s'écrier d'un ton balançant entre la joie et la nervosité :

−      Jo m'a appeler !

Un très long silence se fit entendre, ce qui causa au père de la jeune fille de froncer les sourcils.

−      Allo ? Klovis ?

Un autre intervalle muet s'en suit. Emile regarda l'écran de son téléphone. Ce dernier fonctionnait toujours. Il allait répéter la même chose lorsque la voix grave et directe du détective le coupa :

−      J'arrive tout de suite.

Klovis avait perdu toutes traces d'Harry Styles et sa petite protégée. Aux dernières nouvelles, ils avaient volé une voiture appartenant à la grand-mère de Jocelyne. La police les ayant repérés les avait lamentablement laissé s'échapper et depuis, plus rien. Jusqu'à ce jour, du moins.

Quand le chirurgien l'a contacté, le tirant par le fait même de son sommeil, une lueur d'espoir s'est enflammée au fond de lui. Klovis avait l'impression que cette lumière ne faisait que clignoter depuis le début de cette histoire. Tout aurait été si facile s'il n'avait pas rencontré Harry. À l'heure qu'il est, Jo serait morte et son esprit à lui serait enfin tranquille. Mais il a fallu qu'il tombe sur le plus gentil des sinistres meurtriers qui aura fichu tous ses plans à l'eau. À partir de ce moment, l'espoir ne fasait plus que s'illuminer puis s'éteindre. Lorsqu'il était à un mince cheveu d'avoir Jo entre ses mains, celle-ci s'évaporait, sauvée de justesse par ce déchet de Styles.

Cette fois, il souhaitait que cet espoir dure, qu'on ne se mette pas entre ses pattes. Bien trop de temps s'était déjà écoulé, il ne pouvait pas se permettre de tarder encore.

Il n'était pas resté longtemps chez Emile. Il a vite fait ce qu'il avait à faire, puis est rentré chez lui sans oublier de lancer le même message qu'à toutes les fois qu'il quittait le père accablé : « Je la retrouverai, c'est promis. » Cette promesse, il la tiendrait, mais pas de la façon que tout le monde espérait. Il ramènera un cadavre au village et se nourrira de l'effroi, du chagrin et de la souffrance sur tous les visages ébranlés des habitants. 

Une fois arrivé dans son piètre appartement, Klovis s'assied sur son canapé. Il tenait entre ses doigts un bout de papier. Sur celui-ci figurait un numéro de téléphone. Une boule d'excitation se logea dans son ventre.