Whispers of Evil

Chapitre 22

−      Toc, toc.

Je relevai le regard pour voir Louis à ma porte de chambre, tirant sur le rideau pour pouvoir glisser sa tête à l'intérieur. Il affichait un énorme sourire qui me fit courber les lèvres à mon tour. Comment arrivait-il à transmettre son sourire si facilement ?

En voyant que je l'avais remarqué, il entra complètement dans la pièce, ouvrant le mince tissu en grand. Je n'avais pas bougé de la journée, ne sachant honnêtement pas quoi faire. Je n'étais tout de même pas pour faire comme si j'étais à la maison, alors que ce n'était pas le cas. Socialiser n'avait jamais vraiment été un point fort chez moi non plus. Le village d'Eigle me connaissait surtout à cause de mon père, de mon sens de l'humour particulièrement aiguisé et de mes maintes sorties entre amies, à se promener sur les trottoirs et commérer sur les piétions que l'on rencontrait au passage. L'endroit était si petit que tout le monde se voyait tout le temps, à vrai dire.

−      Tu es restée enfermée toute la journée, me fit-il remarquer même si j'en étais déjà consciente.

−      Oui, je sais.

J'essayai d'éviter son regard, comme si de cette façon, il allait s'éclipser sans ne rien dire de plus. D'ailleurs, la musique avait déjà commencé à se faire entendre à l'étage en dessous, aussi forte et énergique que la veille. Ne prenaient-ils donc aucun repos, ces gens ?

−      Viens avec moi, en bas.

Je secouai la tête, ne voulant définitivement pas m'incruster dans une fête sans ne connaitre personne. Et même si j'étais avec de très bonnes amies, j'aurais refusé.

−      Non merci, je passe mon tour, répondis-je en riant.

Il haussa un sourcil et croisa ses bras devant son thorax, me regardant droit dans les yeux.

−      Tu ne vas pas rester ici pour toujours, alors suis-moi. En plus, j'ai quelqu'un à te présenter.

C'était maintenant à moi de relever un sourcil. De qui pouvait-il s'agir ? Il se rapprocha un peu, portant sa main à sa bouche comme s'il allait me dire un secret.

−      Dena est sobre, tu devrais te dépêcher de descendre avant qu'elle ait de la difficulté à parler, chuchota-t-il avant d'échapper un rire sincère.

Je souris à mon tour, me positionnant sur le bord de mon lit, les pieds sur le sol. Alors il voulait que je descende faire connaissance avec Dena pour me retrouver seule quelques minutes plus tard lorsqu'elle se rendra compte que je ne veux pas aller danser au milieu d'une foule de gens aussi ivres qu'elle.

−      Je ne... Je ne sais pas si c'est vraiment pour moi, tout ça, hésitai-je. Tu sais, les fêtes et les trucs dans le genre.

Il haussa les épaules, ne semblant pas le moindrement dérangé par ce que je venais de dire.

−      Il y a un temps pour tout.

Je restai silencieuse, quelques secondes, ne sachant pas quoi répondre. Certaines phrases vous imposent le silence même si vous avez une envie folle de répliquer. Il n'y a tout simplement aucune réponse et ça donne l'impression à la personne avec qui vous parlez d'avoir marqué un point. Dans ce cas-ci, j'aurais aimé pouvoir tenir mon bout, mais je dû lâcher prise.

Je soupirai, levant les mains en l'air comme pour annoncer ma défaite, et par le fait même, sa victoire. Son sourire s'agrandit et il s'empressa de quitter la pièce en me faisant signe de le suivre. Je passai mes mains sur mon visage avant de m'exécuter lâchement, laissant trainer mes pieds derrière moi.

Louis avançait à une vitesse folle, grillant visiblement d'envie de rejoindre ses amis pour s'amuser. Moi, j'étais tout sauf impatiente. Chaque marche de l'escalier me fit regretter d'avoir accepté une telle chose. Me connaissant, je vais me retrouver seule, dans un coin, à ne rien faire d'autre que de regarder tout le monde danser et se noyer dans la boisson comme ils le font tous les autres jours de l'année, du matin à tard dans la nuit. Ils n'ont pas l'air lassés et honnêtement, c'est beaucoup mieux comme ça parce qu'il n'y a franchement rien d'autre à faire dans ce hangar, tout comme il n'avait rien à faire dans le chalet à l'oncle d'Harry.