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Tu dois te demander : "mais qu'est-ce qu'il a pu faire de si grave ce mec ?". Et je te répondrais : "patience ma soeur, on n'y est pas encore". Avant d'entrer dans le vif du sujet, je vais t'expliquer le pourquoi du comment. Ça pourra prendre du temps parce que je fais partie de ce genre de personnes qui te raconte une histoire en passant par vingt-cinq autres histoires mais à l'aise. "Plus c'est long, mieux c'est", c'est pas moi qui l'ai décrété, ce sont les femmes.

Pour te situer, nous allons faire un bon dans le passé. Nous sommes donc à une mi-octobre comme une autre. Mi-octobre signifiait "rentrée académique" pour moi à ce moment-là, et pas qu'à ce moment-là en faisant les comptes. Pour tout te dire, J'ai jamais assisté à une rentrée de ma vie mais je te le jure, c'est pas de ma faute ; c'est la faute au sang qui coule dans mes veines. Tu l'as sûrement compris, j'appartiens à ce peuple instigateur des reprises scolaires tardives : les arabes —et les vrais, pas ces maghrébins je précise. Quel train de vie, une vie de beur ma gueule.

Avant d'entamer ce nouveau cursus, je me suis octroyé un mois de vacances bien mérité en Andalousie en terminant par Marbella a.k.a. la Bruxelles espagnole. Alors, quand j'ai mis les pieds dans cet auditoire pour la première fois, je peux te dire que j'ai bien senti le désespoir déferler en moi. Je troquais donc le soleil andalou contre des salles de cours délabrées comme ça ? Putain.
À cet instant, j'ai compris que ça y était, j'étais bien reparti pour deux nouvelles d'années d'étude, la galère".

Qui m'a envoyé même ? Titulaire d'un bachelier en commerce extérieur, j'aurais pu me stopper là, vaquer à ma vie professionnelle tranquillement et ne plus jamais avoir affaire aux salles de cours, aux périodes de blocs, aux examens et aux recales des professeurs après une minute de retard —et oui, j'ai bien dit une minute, one minute, één minuut, un munito, wa7ad d9i9a. Je force, ouais, mais nishen, ce jour m'a marqué au fer rouge. J'étais tellement vénère contre cette prof que j'ai plus jamais remis les pieds à son cours.

Mohem, je m'égare. Mon plan initial c'était de terminer mes études au plus vite et de ne plus jamais entendre parler de l'école mais mes parents n'étaient pas du même avis. Résultat ? C'est l'échec total. Je me frotte à un master en gestion d'entreprise, avec une option en Marketing, rien que ça.
C'est pas plus mal en vrai, c'est même bénéfique pour mon avenir mais putain, retourner sur les bancs de l'école alors que je me serais amplement satisfait d'un bachelier, sérieusement. Mais... "Vise plus haut Sam, t'es un étranger, tu peux pas te contenter du minimum", tel fut l'argument persuasif.

Sans calculer grand monde, je trace alors ma route vers la rangée du milieu, la juste balance. Enfant d'immigré je suis donc m'installer au fond, je dois éviter. Mais lèche-boules je ne suis pas donc m'installer aux premiers rangs, je dois aussi éviter. Je m'apprête alors à abaisser mon siège quand ...

« Aishou ! »

Putain de merde... Cette voix de crécelle, ce surnom, quel cauchemar. La seule personne qui osait me nommer Aishou alors que c'était formellement interdit s'avérait être une emmerdeuse de service qui me servait d'amie. Alors, je prie pour avoir mal entendu, bifurque la tête vers la droite et là, ...

« Oh non..., je soupire en grimaçant

Oh que si ! me répond-elle réjouie

Tu vas me suivre toute ma vie ou quoi ? De la secondaire au master ?

Toute ta vie. Moi c'est toi, toi c'est moi

Sans effets, Seigneur !

Oh merde, bâtard, m'insulte-t-elle en ricanant

Oh mon Dieu, que fait-elle là ? se choque une voix derrière nous »

[I&II] Aissam et les FillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant