[I&II] Aissam et les Filles

[XXXVI]

« Maman, j'suis là !

— Ah, tu t'es souvenu que t'avais une maison ! dit-elle avec sarcasme en arrivant avant de s'étonner de la présence de Thislim. Oh, bonsoir !

— Bonsoir, la salue Thislim munie d'un sourire crispé sur les lèvres

— Ça va ? lui demande ma mère en lui claquant la bise

— Oui, ça va bien et vous ?

— Oui merci

— Maman, j'te présente Thislim, c'est elle ma copine, je lui annonce »

Une réaction telle qu'un changement de face ou un froncement de sourcils était escomptée mais après l'irruption d'un bout d'étonnement sur son visage, le sourire qu'elle arborait une poignée de secondes plus tôt prend encore plus forme et s'élargit. Alors là, qui l'eut cru ?

J'appréhendais fortement de présenter Thislim à ma mère à cause de sa carnation un peu plus mate que celle que ma mère exigeait pour sa bru mais j'me suis dit que c'était le moment ou jamais. De toute façon, il n'y aurait pas eu de moment adéquat donc il valait mieux que je fonce dans le tas une fois pour toutes.
Ma façon de faire s'apparente un peu à la méthode d'application adoptée par Maya pour annoncer sa conversion —ce n'est pas ma soeur pour rien— mais cette fois-ci, ma mère semble plus ravie. Par la grâce de Dieu, aucune vitre n'est brisée.

« Ah d'accord, c'est toi ! C'est toi qui lui a organisé sa surprise, s'écrie ma mère

— Exactement, confirme la principale concernée tout sourire

— Ça va. Bien enchantée !

— De même

— Bon, moi j'suis juste venu prendre des affaires, je préviens ma mère

— Bah oui, comme tu vis plus ici. Tu te l'es accaparé, reproche ma mère à Thislim

— T'es jalouse ?

— Oui

— C'est pas de ma faute, se défend Thislim en riant

— J'te jure je t'aime toujours maman, je la taquine en lui faisant un baiser sur le front »

Le temps de quelques secondes, je me magne pour remplir mon sac de sport de vêtements mais réalise entre temps que ma garde-robe se vide peu à peu. C'est que le petit oiseau est entrain de prendre sa volée. Bon, il est peut-être temps, j'ai quand même vingt-cinq ans. C'est pas non plus des masses mais pour ma situation, il est normal que petit à petit, je fasse mon nid.

Après ça, j'attrape ma Bonnie et on file en voiture en promettant à ma mère qu'on repassera pour qu'elle fasse plus ample connaissance avec Thislim. Franchement, j'suis dosé. Je ne pensais pas que la lettre passerait aussi facilement à la poste ;e croyais surtout que ma madré aurait fait des chichis mais pas du tout. Et quoi de mieux qu'une mère qui accepte sa belle-fille sans faire d'histoires ? Magnifique.

«  Tu vois qu'elle est gentille ta belle-mère ?

— J'ai jamais dit le contraire mais t'sais bien, on sait jamais avec les différences, réplique Thislim

— Tes parents savent que tu sors avec un arabe toi finalement ? je l'interroge, la question m'étant revenue en tête

— Ouais, ma mère sait et elle me saoule pour te rencontrer mais c'est pas comme ça