[I&II] Aissam et les Filles

[XXXVII]

« Il a pété un câble ! m'explique Yelena en faisant des grands gestes. Il voulait me frapper et tout, heureusement y avait ma soeur. A cette heure-ci, tu m'aurais pas vue devant toi Aissam !

— Toi aussi, qui t'a envoyée ? je ris

— Laisse

— Du coup, pour votre enfant, mettez-vous ensemble non ?

— Non, refuse-t-elle en remuant la tête, le visage grimaçant. Je l'aime beaucoup mais pas amoureusement. C'est que de l'attirance physique donc à quoi bon ?

— Elle dure ton attirance physique. Trois ans maintenant ?

— J'ai juré. Mais c'est un beau gosse, c'est des couilles ?

— Vraiment pas, je lui accorde en gloussant

— Ta go, ta go, m'avertit-elle en regardant au loin »

Ma tête se relève d'un geste brusque et je porte le regard dans la direction qu'elle vise. Qui vois-je s'enfoncer dans le salon d'une démarche leste ? Xhenissa sapée sur son trente-et-un, enjolivée par son bronzage, une grosse paire de binocles de la marque Gucci sur son nez. Rien à dire, c'est une jolie fille. Toujours pas mon style mais jolie.

Ça doit faire combien de temps qu'on ne s'est pas vu ? Un an ? Ouais, un peu plus d'un an, depuis le jour de la révélation. Depuis, elle m'a bloqué sur les réseaux surement empourprée de honte de s'être faite attrapée mais j'ai l'impression qu'elle s'est évaporée cette honte.

En effet, après avoir salué tout le monde, elle se dirige vers Yelena et moi, assis côte à côte dans le fond du séjour de Simba, et nous dit "bonjour" de manière très badine. Pour le coup, je m'attendais pas à ça de sa part. Je la connais de nature plutôt rancunière cette fille mais de l'eau a coulé sous les ponts.

Après, elle semble quand même pas mal distante ; assise dans son fauteuil, elle reste de son côté en portant la reine de la soirée, j'ai nommé la mignonne albinos qui fête aujourd'hui son premier printemps. En même temps, il allait de soi qu'elle ne me saute pas dans les bras au vu de la manière dont on a mis un terme à notre amitié. Cependant, comme à l'accoutumée, je reste magnanime, anti-problèmes lorsqu'ils me concernent donc je décide d'avoir une petite conversation avec elle histoire de venir aux nouvelles. Et puis, elle a été ma plus proche amie pendant des années donc à quoi bon rester en guerre.

Je me dirige alors vers elle et m'assois sur le bras de son fauteuil. Etonnée, elle détourne les yeux vers moi et m'adresse un sourire d'incompréhension pendant quelques secondes.

« Ça va ?

— Ça va et toi ? Ça fait longtemps, répond Xhenissa tranquillement

— De ouf. T'es plus amoureuse de moi ? je la questionne en riant

— Nique ta grande race, m'insulte-t-elle avant de rire

— Oh mais c'est une question comme une autre

— Bah non, j'suis fiancée

— Et alors ?

— Va te faire foutre. Je t'aime pas du tout, dément-elle d'un air dédaigneux

— C'est ce que tu m'as dit l'autre fois et après, t'as saboté ma potentielle relation

— J'étais jeune et bête, prétend-elle

— Maintenant t'as changé zahma ?

— De ouf. J'étais une psychopathe quand j'y repense