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Je viens d'arriver à la maison avec Ardalan après une petite ksara avec drarés dans un bar d'été. Petite piscine, petites demoiselles, chicha, ballons ; la débandade quoi. Et après la débandade, la na3as mais avant toute chose, un petit casse-croûte s'impose.

Donc, j'm'affaire tranquillement à la préparation d'un croque-monsieur dans la cuisine quand tout à coup, la sonnette retentit sans manquer de me faire sursauter.
Encore les arabes d'en bas qui ont oublié leur clé et qui se permettent de déranger le seul semblable de l'immeuble à pas d'heure, j'y mettrais ma main à couper. Eux ? Non, ils sont noyés dans l'abus. Rien que ça sonne chez moi comme des fous furieux à des heures haram quand ça rentre de boite tous déchirés. Je vais commencer à désactiver la sonnette entre minuit et sept heures s'ils continuent.

Chance pour eux, j'suis encore éveillé donc j'envoie Ardalan, postiché au salon, aller leur ouvrir mais bizarrement, celui-ci revient rapidement vers moi en grimaçant.

«  Pourquoi y'a un daron renoi qui sonne chez toi ? s'étonne Ardalan

Hein ? je bruite en fronçant les sourcils »

Un daron renoi ? Je ne fréquente aucun daron renoi aux dernières nouvelles, ou plutôt, pas au point qu'il vienne sonner chez moi à une heure aussi tardive. Deux heures du matin qu'il est !
Je me rends donc face à l'interphone pour inspecter l'identité de la personne et là, tachycardie et bouffées de chaleur ; la température de la pièce a soudain grimpé d'un cran alors qu'il fait assez doux pour un soir d'été.

C'est Yves. Yves Lengelo. Autrement dit, le géniteur de T. Et il fixe la caméra surveillance avec une expression de visage toute mhasseb, les bras croisés. Tout porte à croire qu'il n'est pas dans sa meilleure humeur et mon petit doigt me dit que je n'y suis pas pour rien.

J'me mets à passer en revue tout ce que j'ai pu faire ces dernières quarante-huit heures et à part aller au travail et m'accorder une petite relaxation au Barra Bunda, j'ai rien foutu de ma vie. Cependant, si on rembobine le film plus loin, ouais, on peut dire que ma blancheur est un peu ternie. Raison pour laquelle Joshua a refusé de me saluer à peine une heure plus tôt sans doute. Putain, c'est toujours pas fini ça ?!

«  Afou c'est le père de Thislim ! je m'écrie

Arrête ta couille ? articule-t-il bouche bée

Wallay !

Aïe, aïe, aïe. Flague il est là pour te mettre des cp, devine mon pote avant de péter de rire. T'es dans la merde ah sahbi

Ouais... je fais quoi ?

Afou, t'es pas là wesh

Non, ça se fait pas

Eh ! Si un daron se déplace jusqu'à chez toi à une heure pareille, c'est pas bon signe

Même, je poursuis avant d'activer le parlophone et m'adresser au père de Thislim. C'est le premier étage, Mallat

Bon, je suis ravi de t'avoir connu frérot ! dit-il en s'éclipsant dans la cuisine »

Et trente secondes après qu'il ait pénétré la cuisine, j'entends trois frappements contre la porte d'entrée qui résonnent. Des frappements m3asseb, j'ai juré.

[I&II] Aissam et les FillesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant