[I&II] Aissam et les Filles

[XIII]

Je suis arrivé à la basilique du Sacré-Coeur depuis déjà dix minutes et toujours personne à l'horizon hormis la petite masse de touriste en visite dans cette vieille ville. On s'était donné rendez-vous à dix-huit heures trente et je voyais les minutes défiler à vive allure mais toujours pas de Ligeia en vue.

Déjà qu'elle est en tort, elle se permet d'arriver en retard ? Le toupet. Et imagine, elle me pose un lapin ? Mais alors là ! Alors là, c'est le comble. Je vais débarquer chez elle pour la décaper, elle va rien comprendre à sa vie.
Heureusement, après les nombreuses pressions que je lui ai exercée, je vois enfin sa silhouette apparaitre après vingt minutes de retard.

Première fois que je la revoie grandeur nature et je t'avoue que de multiples sensations se font ressentir dans mon organisme ; putain, qu'est-ce-qu'elle est magnifique. Je pense qu'elle s'est absentée de la patrie pour un pays chaud vu son bronzage qui l'embellit. T'agrémentes à ça un maquillage frais et une tenue stylée, je te jure que tout le monde se retourne dans la rue. Je crois que c'est pour ça qu'elle est arrivée en retard, elle a voulu se mettre au top pour monsieur Sam. M'enfin, j'essaye de ne rien laisser paraitre et adopte le regard le plus froid possible.

« Vraiment désolée du retard, s'excuse-t-elle en s'approchant de moi, je trouvais plus mes clés et vu que je suis seule à la maison

— Calme, je prononce en reculant à un mètre de distance

— Désolée »

Là, silence complet. J'attends qu'elle entame la discussion étant donné que c'est elle qui a des choses à me dire mais apparemment, elle est soudainement atteinte de mutisme. Ça commence bien.

« Bon... Bah je t'écoute, je lâche froidement

— Je sais même pas par où commencer. Euh, pff-

— Peut-être par le commencement, je l'interromps

— C'est bien ça le problème, quel commencement ?

— Pourquoi tu m'as fait ça ? Pourquoi tu m'as quitté du jour au lendemain alors que tout allait bien entre nous ? Pourquoi l'avoir fait de manière si inappropriée ?

— Je t'avoue que la façon dont je l'ai fait est à revoir. J'aurais peut-être du le faire en face

— Pas peut-être, tu aurais du. Moi, juste pour une explication, je te vois en face et toi, t'as même pas eu la décence de me l'annoncer en personne. Le respect, il est où ?

— Mais j'avais peur de te l'annoncer en face. Je pensais que t'allais mal le prendre, essayer de me dissuader et tout

— Ah parce que tu crois que je l'ai mieux pris par SMS tu crois ?

— Non, c'est pas ce que je veux dire. Je croyais juste que t'allais me dissuader de nous séparer alors j'ai choisi la facilité, choix que je regrette aujourd'hui

— Sauf qu'après l'heure, c'est plus l'heure

— Ouais. Et si je pouvais revenir en arrière, j'y aurais pensé à deux fois

— Mais avec des si, on refait le monde »

Mademoiselle se permet de souffler comme saoulée de la réponse que je lui adresse, quelle audace. Elle, elle a déjà de la chance que j'ai daigné me déplacer pour entendre ses piaillements donc elle va y aller molo sur les soupirs.

«  T'es là, tu souffles mais t'as pensé à moi quand t'as fait ça ?

— ...

— Mais réponds, c'est une vraie question. Tu t'es mise à ma place deux secondes ? Tu t'es pas assise deux secondes en te demandant "Tiens donc, qu'est-ce que ça me ferait si Sam me quittait par SMS ?". Parce que moi, sur ma vie j'ai cru que c'était une blague quand j'ai lu ça