[I&II] Aissam et les Filles

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« Oh ! Comme on se retrouve ! je m'écrie tout sourire devant sa face déconcertée »

Saadatou me regarde d'un air surpris manifesté par le haussement de ses sourcils mais détend rapidement son visage pour les besoins de sa candidature j'imagine. Une petite risette vient alors se loger sur ses lèvres et elle fait mine de rien alors que je sais qu'au fond d'elle, c'est le bordel total. "Combien de pour-cents de chance avais-je de tomber sur un mec que j'ai bâché putain ?" doit-elle soupirer intérieurement.

«  Oh, salut

— Bonjour, je la salue en lui tendant la main. Qui es-tu s'il te plait ?

— Saadatou Diallo, se présente-t-elle en la serrant

— Candidature de stage, c'est ça ?

— Voilà, exactement

— Tu peux attendre ici, je vais imprimer ton CV

— Bien sûr »

Je fais demi-tour vers le bureau de mon collègue absent et en profite pour communiquer la situation bien risible à ma collègue. Parce que c'est vrai en réalité, combien de chances sur cent avait-elle de tomber sur un mec qu'elle avait honteusement nié à deux reprises sur Tinder ? Qui sème le vent récolte la tempête, c'est le cas de le dire.

«  C'est une meuf que j'ai essayé de debar, je fais savoir à Ghofrane en gloussant

— Sérieux ?

— Ouais. Elle m'a jamais répondu l'enflure

— Tu vas te venger là ?

— Et pas qu'un peu

— Fais pas ça, t'es un gamin, se marre ma collègue

— Moi ? Jamais »

En toute sincérité, je compte pas du tout saboter son entrevue, j'suis pas de ce genre. Bien sûr, je compte la taquiner, c'est dans ma nature, mais elle sera jugée comme tout autre candidat.

Nous voilà donc assis dans la salle de lunch, isolé du monde, et la demoiselle me parait plutôt détendue à vrai dire. Tant mieux, on va pouvoir commencer l'entrevue.

« Tu travailles ici en fait ?

— Non non, je réfute après une seconde de silence. J'me suis levé ce matin et j'me suis dit "pourquoi ne pas aller découvrir la vie d'entreprise dans une start-up en plein essor". Donc, j'me suis retrouvé ici, les gens m'ont accueilli comme si j'étais de la maison et tout. Incroyable ! je lâche pour terminer en écarquillant brièvement les yeux

— Fous-toi de ma gueule, rit-elle

— Bah oui, je travaille ici

— Ah, je ne savais pas

— Tu l'aurais su si tu m'avais répondu

— Hein ? De quoi ? s'étonne-t-elle très faussement

— Ne joue pas au plus con avec moi. Bon, présente-toi