INTERMEDE

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La douleur de perdre un proche.

Lancinante.

Inéluctable.

Parfois fatale.

Cette douleur était bien connue d'Aaron Carlyle, fils aîné des comtes Carlyle. Alors qu'il n'avait vécu que onze petites années, il avait perdu sa douce et candide sœur, Harmony, d'une pneumonie.

Il n'avait voulu rentrer quand la première goutte de pluie s'était écrasé sur son nez et les domestiques les avaient trouvés tard dans l'après-midi, couverts de boue et grelottant si fort que leurs dents s'entrechoquaient. Le lendemain, les deux petits étaient tous les deux cloués au lit par la fièvre mais la cadette ne s'en sortirait jamais.

Elle était morte seule, poussant son dernier souffle dans la noirceur d'une nuit de campagne. Ils l'avaient découverte au matin, minuscule corps pâle et immobile perdu dans l'immense lit. Le père n'avait pu retenir ses larmes, la mère avait hurlé de douleur et était tombée à genoux, ses larmes rebondissant sur son ventre rond ; et puis l'enfant, Aaron Carlyle, lui, ne prononça pas un mot, ne pleura pas, n'afficha aucune tristesse. Pourtant, c'est lui qui souffrit le plus de la perte de cet être cher. Son cœur fut démoli et ravagé par la peine et personne n'en vit rien.

Quand son petit frère naquit enfin, le désespoir de ses parents n'égala pas son amour subit pour ce nouvel ami. Cet amour inconditionnel ne cessa jamais de croître mais les devoir d'adulte l'appelaient, et il arrêta bientôt de le consacrer à son frère pour le placer dans le pouvoir.

Il devint roi de Londres.

Mais il n'était pas tout-puissant. Quand son frère vint à lui être arraché, il se rappela l'amour qu'il lui avait porté et il fit tout pour le tirer de sa prison. Ça ne suffit pas, Lévi mourut anonymement dans une rue de Londres après son sauvetage.

De nouveau, funérailles, condoléances, deuil.

La douleur revenait, vive et implacable.

Plus rien ne retenait Aaron Carlyle de dévaster cettesociété gangrenée qui lui avait tout prit.    

CUPIDITASWhere stories live. Discover now