Chapitre 6 : « Rencontre agréable »

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   Une fois sur le toit, Vanessa shoota dans les boîtes qui se trouvaient sur son chemin et cria à s'en arracher la gorge. Elle fit des allers-retours, se parlant à elle-même.

   Lui attribuer une étiquette pour refléter ses sentiments n'était pas suffisant pour décrire ses émotions. Mais, la rage qui prenait forme en elle allait jusqu'à la faire imaginer la tête de Carter sur son passage, envoyant des coups-de-pied et des coups-de-poing de plus en plus puissants à chacune de ses apparitions, la rendait d'autant plus éclatante. Oui, elle voyait bleu, rouge, noir... Il n'y avait pas à dire, Carter lui faisait voir de toutes les couleurs.

   Le jeune homme qui l'avait amenée sur le toit n'avait pas pris la parole, la laissant seule un instant. Il s'avait très bien qu'il lui fallait du temps pour gérer les choses. Ce n'était pas tous les jours qu'on se faisait rejeter par le mec qu'on aime, encore moins de cette manière. Bien qu'avec Carter, c'était une chose assez fréquente.

   Lorsqu'ils étaient arrivés, il s'était simplement mis dans un coin, les bras croisés, la regardant huer Carter avec une haine profonde.

   Par manque d'air, Vanessa s'allongea sur le sol endurci. Se positionnant en étoile de mer, elle laissa couler le raz-de-marée qu'elle n'arrivait plus à stopper. Elle venait de se faire humilier comme jamais auparavant. Sa mère et son père étaient des bébés face à cette bête de foire. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire d'autre à part pleurer ? Ces filles avaient sûrement raison. Elle devrait peut-être quitter ce lycée. Déménager !

   — Merci d'avoir pris ma défense.

   Vanessa roula sur le côté droit pour faire face à son sauveur. Elle avait pratiquement oublié que si elle était arrivée sur ce toi, loin de Carter et tous les autres, c'était grâce à lui. Autrement, elle serait encore dans les couloirs du lycée, à les regarder se moquer d'elle.

   — Si tu ne m'avais pas sortie de là, j'y serais encore, à me faire humilier.

   Le grand blond la rejoignit et poussa un soupir.

   — Même si je le laisse faire ses conneries, je lui ai toujours dit d'arrêter. Là, c'était trop.

   — Il vient de me faire la chose la plus horrible qu'on pouvait faire à une fille amoureuse.

   — Il est vraiment con quand il s'y met, oui. Mais tu sais, c'est un mec génial... dans le fond.

   — Comment peux-tu dire ça ? J'aurais préféré qu'on me crache dessus. C'était abominable.

   — Oui mais ne lui en tiens pas rigueur. Il ne sait juste pas comment s'y prendre. Si tu le connaissais aussi bien que moi, tu aurais juste vu une personne maladroite.

   — Ça n'excuse en rien ce qu'il vient de faire. C'est ton ami et c'est normal que tu le défendes, mais n'espères pas que je le félicite. J'ai mis toute mon énergie et mon âme dans cette lettre. Je lui ai fait part de mes sentiments malgré mon appréhension et lui, il me balance ça à la figure devant tout le monde. Ça fait très mal.

   — Je sais que, quoi que je te dise, ça ne changera rien à la situation, mais essaye de passer à autre chose.

   — Plus facile à dire qu'à faire. Tu pourrais, toi ?

   Aucune réponse ne vint. Il se contenta de baisser la tête tout en s'asseyant près d'elle.

   Le regardant faire, elle essuya ses yeux et se moucha pour se débarrasser des saletés que son corps évacuait.

   Au final, ni elle, ni lui, ne partirent en cours, préférant rester sur le toit et profitant de la tranquillité et du calme qui régnaient. Un moyen efficace de fuir les autres.

   En même temps, qui voudrait retourner fourrer sa face en dessous de ce genre de monstre ? La seule espérance qu'elle avait, était de pouvoir s'effacer comme par magie. Mais il était impossible que ce genre de vœux se réalise. Il fallait simplement se donner les moyens d'aller de l'avant. Mais comment ? Alors qu'on s'était entichée de cette personne... Comme l'amour pouvait être bien cruel ! Aimer une personne qui ne le méritait pas était lamentable.

   A l'heure du déjeuner, Vanessa se reprit et commença à poser des questions à celui qu'elle considérait désormais comme son protecteur.

   — Hum, commença-t-elle, je t'ai souvent vu avec lui mais je n'ai jamais su ton prénom. Comment tu t'appelles ?

   — Warren. Warren Pacheco pour te servir ma belle, répondit-il dans un sourire accompagné d'un clin d'œil.

   Il fit une petite révérence qui arracha un sourire à Vanessa, sourire qui avait disparu depuis ce qui lui paraissait être une éternité.

   — Content de revoir ton sourire. Il illumine ton visage et te rend encore plus magnifique.

   Gênée, Vanessa passa une mèche invisible derrière son oreille avant d'émettre un faible merci.

   — Tu devrais sourire plus souvent.

   Vanessa hocha la tête, ne sachant pas quoi répondre.

   Après avoir mangé en compagnie l'un de l'autre ce que Warren était descendu chercher. Vanessa et Warren restèrent sur le toit, où ils finirent par passer toutes les heures des cours. Entre temps, Warren était descendu chercher de la nourriture et à boire, la laissant seule faire le point sur sa vie.

   Ils retournèrent vers les casiers que quelques minutes avant la fin des cours, se dépêchant de partir pour ne pas avoir à rencontrer les autres.

   Vanessa, revivant son cauchemar à chaque pas effectué, serra les dents. Qu'il était mauvais d'être faible dans ce bas monde !

   Sentant sa crispation, l'adolescent lui attrapa la main et lui sourit. Elle se sentit moins seule et hocha de la tête.

   Sentant sa crispation, l'adolescente lui attrapa la main et lui sourit. Elle se sentit moins seule et hocha la tête pour se convaincre qu'elle pouvait y arriver.

   Elle se sépara de lui un instant, le temps qu'il aille prendre ses affaires dans l'autre aile du bâtiment.

   Une fois ces affaires récupérées, elle alla l'attendre devant l'établissement pour qu'il l'accompagne et ainsi alléger un peu sa souffrance.

   Appuyée contre les rambardes des escaliers extérieurs, elle tripotait ses doigts réfléchissant au lycée dans lequel elle allait envoyer sa demande de transfert.

   Il fallait qu'elle s'en occupe le plus rapidement possible. Elle pourrait ainsi rattraper son retard pour les examens de fin d'année.

   La sonnerie retentit faisant bondir le cœur de Vanessa au passage.


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