[Chapitre 20]

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En fin d'après-midi, lorsque Vanessa rentra chez elle. Elle découvrit tout le monde dans le salon, à s'animer, se trémousser, heureux des retrouvailles. Elle les salua tendrement et se servit un verre d'eau pour se rafraîchir.

Elle tenait encore Carter des désastres de la matinée malgré qu'elle essayât de ne pas lui en tenir rigueur.

En buvant dans son verre, elle reporta son attention sur son entourage et s'interrogea sur leur manière de s'être habillé :

— Euh... vous allez quelque part ?

— Ah, oui ! Cria Elne, tapant des mains, on va fêter notre nouvelle cohabitation. En plus, ça faisait longtemps que ta mère me disait qu'elle viendrait me voir... maintenant qu'elle est là, que vous êtes là, je compte bien en profiter.

Vanessa pivota vers sa mère.

— C'est vrai ça ? Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit ?

Sa mère se détourna d'elle.

Comment pourrait-elle lui dire les choses sans que ça bousille l'ambiance ? C'est vrai quoi ! Elle qui avait toujours pensé mieux réussir que les autres. Elle qui avait toujours voulu montrer à ses parents qu'elle était assez grande pour faire et vivre de sa passion. Elle qui avait su tourner le dos à ses proches pour suivre Lorenzo... A présent, c'était la honte qui l'habitait. La déception. Le désespoir. Comment lui dire qu'il fut un temps, elle tenait tout le monde responsable de ses malheurs, sa fille y comprit, mais que maintenant, elle ravalait sa fierté dans le seul but de se racheter... Non. Il n'y avait pas de mots pour lui expliquer tout ça. En tout cas, pas sans blessures et de déshonneurs.

L'ambiance était redescendue d'un cran. Assurément dans le but d'obtenir une réponse.

— Bon sang, qu'est-ce que ça peut te faire de le savoir ? Intervint Carter.

Méchamment, il la regarde d'un air exaspéré.

— T'es qui, toi ?

L'humeur de Vanessa revenait de monter comme une flèche tirée. Elle fit donc exprès de lui chercher des poux encore plus lorsqu'elle daigna lever les sourcils.

Toute la journée, elle l'avait évité. Elle se rendait compte qu'elle était souvent d'elle lorsqu'il s'agissait de lui. Chose qu'elle voulait y remédier. Oui, elle l'aimait. Non, elle ne le supportait pas. Alors le mieux, c'était de faire en sorte de l'ignorer à l'école, sinon, c'était au risque qu'elle ouvrait sa bouche pour aller au-delà de ses pensées. Et le soir, faire en sorte d'être aussi désagréable que lui, tout en mettant sa force et sa rage dans l'objectif des examens. Ça la contredisait, mais, elle n'avait plus rien à faire. Si elle ne savait pas sur quel pied dansé avec lui, elle ferait en sorte d'être son cas à lui aussi. Alors, quitte à se taper des saute d'humeur, ça ne la tenait plus vraiment à cœur.

Carter semblait être surpris. Il eut un rapide sourire au coin et enchaîna :

— Probablement personne. Mais ne t'étonnes pas que personne reste à tes côtés à force de fouiller ton nez dans les affaires des autres.

— Les affaires des autres ? Je te rappelle que c'est de ma mère qu'on parle.

— Et alors ? En quoi ça te donne le droit de lui demander des explications ? Personne ne te devrait rien.

Chamboulée, elle eut un hoquet de surprise. Il se passait quoi là ? Depuis que monsieur était rentré dans sa vie, elle avait souvent l'impression d'être spectateur de sa propre vie. Une histoire dont le contrôle lui échappait.

— Ben tient donc ! Pourquoi tu ne garderais pas tes conseils pour toi, Carter.

Elle pesait chaque syllabe, le décomposant expressément et de manière aggravée. Elle déposa brusquement le verre sur le comptoir, la brisant de la force qu'elle y mit.

Coeur TurbulentWhere stories live. Discover now