[Chapitre 27]

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Vanessa passa le reste de la journée dans son lit à réfléchir à ce qu'Elne entendait par « Il a assez bavé ». Qu'avait-il vécu exactement ?

Se réveillant en fin journée, elle alla aider la mère de foyer à préparer le dîner. Dans une ambiance folklorique bien elles, elles avaient su mettre sens dessus-dessous la cuisine. Mais, ça avait permis à Vanessa de penser à autre chose. A présent, elle se sentait légère et prête à continuer à faire la fête jusqu'à épuisement, mais sans alcool.

Sa joie et son enthousiasme la surprenaient. Elle ne pensait pas posséder autant de force après une si longue fatigue psychique.

Se racontant des belles choses et des anecdotes de leur enfance sur Lana, Elne fut heureuse de revoir le sourire de la jeune fille. Elle espérait que ses mots ne la rendraient pas plus mal. Surtout qu'elle culpabilisait de ne pas pouvoir lui donner des explications.

Dressant la table pour tout le monde, Vanessa vit sa mère apparaître. Par des embrassades et des accolades, elles se saluèrent. Après que Lana ait dit bonjour à Elne, Vanessa l'empoigna et la prit avec elle jusqu'à sa chambre, demandant à Elne au passage de les appeler lorsque tout le monde serait présent pour le souper.

— Tu te sens comment ma chérie ?

— Mieux qu'au réveil. Faut dire qu'Elne m'a été de bon conseil.

Sa mère fut heureuse de l'entendre parler avec tant de vivacité dans la voix. Elle avait constamment peur pour sa fille. Peur qu'elle agisse impulsivement à chaque fois que ça n'allait pas dans sa vie. Elle savait qu'Elne était une belle personne à l'époque du lycée et savoir qu'elle l'était encore - après pratiquement trente-cinq ans plus tard - ne pouvait qu'affirmer le côté positif d'être devenues amies. Ici, Vanessa aurait tout ce dont elle avait besoin. Tout ce dont elle voudrait. Tout ce dont elle n'avait jamais pu l'offrir. Elle ne cesserait jamais d'affirmer que Vanessa méritait bien plus.

Chaque jour, elle regrettait son attitude vis-à-vis de sa fille par rapport à Lorenzo. Encore plus quand elle se rappelait d'avoir été trop ambitieuse au point de rejeter sa fille pour lui. Par peur qu'il ne la laisse... Qu'elle avait bien été stupide !

— Tu m'envoies ravir. Tu peux compter sur elle, elle est bonne conseillère !

Vanessa attrapa la main de sa mère et se laissa tomber sur le lit.

— Tu l'es aussi, maman.

Caressant le dos de la main de Lana, Vanessa s'allongea et l'invita à faire de même. A travers leur contact visuel, elles se communiquaient tout leur amour. Lorenzo faisait définitivement parti de leur passé. Elles se devaient de se soutenir pour l'avenir qui leur était réservé. Un avenir où cet homme resterait plus qu'un mauvais souvenir. Dans un silence doux et paisible, mère et fille s'assoupirent.

Peu de temps après, Vanessa ouvrit les yeux, laissant voir sa mère à travers ses longs cils. Une joie immense la pénétra.

Toujours couchée, les doigts entremêlés à ceux de sa mère, elle apporta son autre main au visage de cette dernière. Elle lui dégagea les quelques mèches qui lui couvraient la face et se mit à l'admirer.

Malgré les circonstances qu'elles avaient pu traverser, sa mère restait son monde. Bien qu'elle lui en voulût toujours et qu'elle la rendait, par moment, responsable de leur malheur, elle ne pouvait que mettre ses rancœurs de côté et espérer que cela ne vienne plus affecter leur vie. Elle ne voulait plus jamais entendre parler de son père. Cet homme affreusement méchant qui ne l'avait jamais aimé et avait conduit sa mère à en faire autant. Comment faisaient les parents pour arriver à détester leur enfant ? Comment pouvaient-ils les rejeter ? Au point de les mépriser... Au point de ne jamais leur lancer un seul regard... Si ce n'était pour leur faire culpabiliser. Leur faire regretter, jusqu'à leur propre existence.

Coeur TurbulentWo Geschichten leben. Entdecke jetzt