[Chapitre 22]

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Carter, de son côté, s'interrogeait sur l'état de ses émotions. Il n'aurait jamais cru qu'il arriverait à apprécier la présence de Vanessa. Qu'il affectionnerait son jeu avec elle.

Au départ, il avait prévu de ne plus s'encombrer d'elle et de la recaler de la manière la plus immonde que c'était permis, mais il s'était vite rétracté par curiosité. Surtout, que sa ténacité ne lui arrangeait en rien. D'autant plus que quand sa mère lui avait apprit qu'elle venait habiter chez eux, les semaines qui avaient suivi la lecture de sa lettre devant sa classe.

— Mon chéri, tu peux venir s'il te plaît, l'avait interpeller sa mère un mardi, à peine passer les portes de la maison et après être sorti d'une journée de cours, bien chargé. J'ai ma meilleure amie du lycée qui va venir loger ici durant quelque temps.

Il avait hoché de la tête, ne voyant pas en quoi ça le concernait. Si son amie voulait être domiciliée ici... Et alors ? Il n'y avait aucun souci, ce n'étaient pas les chambres qui manquaient. En plus, ça ne serait pas leur premier locataire... En revanche, bien la première qu'il le prévenait.

— En quoi ça me regarde ?

L'air détaché, il l'avait questionné par pure politesse. C'était évident que ça ne lui apportait rien de le savoir. Il voulait juste se gaufrer dans sa chambre. Sa journée était suffisamment rude. Partout où il passait, il entendait son prénom fusé d'une bouche à une autre. Bien qu'il eût moins de filles qui se déclaraient à lui depuis Vanessa, il n'en restait pas moins celles trop collantes et trop épris de lui. C'étaient surtout les regards déterrés que ses camarades lui envoyaient et leur manière de lui frayer un chemin lorsqu'il passait. C'était là qu'il comprit que quelques choses clochaient. Pour savoir, il avait dû amadouer une fille sur le point de se confesser. Elle l'avait juste répondu :

— Vanessa Flores, la fille à la lettre qui s'était déclaré à toi, ben apparemment ça fait un moment qu'elle s'est réveillée... Du coup, on attend de savoir si elle aura le courage de revenir au lycée.

Carter fronçait des sourcils, ne comprenant stricte mot de ce que cette folle lui racontait. Comment ça réveiller ?

Le voyant perdu, elle fit semblant de balayer des mains les petites mouches qui volaient devant elle et se tint sur un pied :

— Ah oui, c'est vrai ! Que je suis bête, je te parle comme si les autres t'intéressaient.

Carter voulut l'égorger, mais se reprit, car après tout, il ne pouvait que lui donner raison.

— Alors, sa voix se fit plus aiguë, d'après ce que je sais, cette idiote a essayé de se suicider en cramant sa maison avec elle à l'intérieur. De ce que j'ai entendu dire, elle l'a fait parce qu'elle n'arrivait pas à supporter ton rejet. Du coup, les médecins avaient dû la placer dans un coma artificiel pour pas qu'elle flanche. A présent, ça fait un moment qu'elle s'est réveillée mais a pu quitter l'hôpital il y a quelques jours.

Elle leva les yeux au ciel, l'air à bout de conter cette histoire. Elle aurait simplement voulu lui parler du fait qu'elle voulait sortir avec lui. Mais bon, tant pis. Tant qu'elle avait son attention et rendrait les autres jalouses, ça ne faisait rien.

— Il est dit aussi qu'elle a besoin de soins pour se rétablir. Le directeur attend encore des informations pour savoir qu'elle saura son sort. Surtout concernant les cours qu'elle a loupé. Il croit et affirme clairement qu'elle n'aura pas son bac. Mais sa mère veut qu'elle revienne pour tenter de l'avoir et insiste pour payer ce qui reste, il n'a donc pas dit non.

Sur le moment, il avait ressenti tant d'émotions le traverser. Qu'il voulait flancher de toutes ses sensations.

A peine finie, avec précaution, il envoyait chier la fille qui disait l'aimer, ne pouvant plus la supporter de jacasser dans ses oreilles. L'entendre parler de sa camarade comme ça l'horripilait au plus haut point, n'en parlions pas de comment elle avait eu le culot de l'insulter. Ne s'était-elle pas mise dans la même situation que cette fille sur ce lit d'hôpital ? Fallait croire que non ! Mais, s'était-elle au moins imaginer que ça faisait d'entendre les autres parler sur soi ? Là encore, il semblerait que non !

Carter avait commencé à culpabiliser, à se tenir responsable des malheurs de la lycéenne qu'il n'eut pas arrivé à se concentrer. C'était sur le chemin de retour qu'il avait su faire taire ses émotions. Il s'était rassuré du fait qu'il n'avait rien demandé à Vanessa, encore moins de l'aimer. D'ailleurs, il ne voulait que personne ne l'aime. En premier lieu pour éviter ce genre de situation, où il se laissait passer pour le connard du service.

— Elle ne sera pas toute seule. Sa fille l'accompagnera. Elle est dans ton lycée. Pour le moment, elles ont besoin d'un endroit où crécher. Plus pour que sa fille soit plus paisible et arriver à mieux se remettre de ses blessures, le tout, le temps que Lana achète une maison.

— Ah bon ? Elle a quoi sa fille ?

— Il semblerait qu'elle ait été hospitalisée à la survenue d'un feu qui aurait tout balayer. Sa mère m'a dit qu'elle avait tenté de se tuer parce qu'un garçon s'était refusé à elle et qu'elle avait reçu des menaces en tout genre.

Carter fut bouleverser par l'aveu de sa mère. Les mots n'étaient plus pour décrire son état.

Il l'avait questionné pour savoir si c'était une de ses filles dont il avait déchiré le cœur. Il voulait anticiper les choses et mieux se préparer, lui en faire voir de toutes les couleurs. Et mieux réussir à la faire fuir, malade ou pas. Mais, de ce que sa mère venait de lui dire et du rapprochement qu'il eut fait de ceux de la fille de tantôt, tout commençait à être clair.

Rien que la réponse qu'Elne venait de lui apportait suffisait à le mettre sur le cul. La photo qu'elle lui avait montré par la suite mit ses sens en alertes. Tremblant pratiquement avec l'envie de vomir, il s'était levé sans rien dire. Elne n'avait pas insisté, sachant qu'il ne répondrait pas.

Depuis, Carter avait voulu se racheter une bonne conscience, mais aussi camoufler sa bêtise en divertissant Vanessa. Il allait devoir habiter avec elle, c'était désormais un fait. Néanmoins, il fallait que personne ne sache cette histoire. Si par malheur Vanessa débarquerait chez lui en lui tirant une tronche pas possible, son père, mais plus sa mère, chercherait à comprendre. Ils lui tiendraient en rigueur et tenteraient de tout éclairer. Son plan était donc de bien veiller et anticiper aux moindres gestes de la part de Vanessa. Ce marché, pour détourner son attention, était l'idéal pour l'instant. Il saurait improviser au moment venu.

 Il saurait improviser au moment venu

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